Didier Défago se tient dans la raquette d'arrivée de Crans-Montana, chien en laisse et sourire aux lèvres. La scène en dit beaucoup: l'ancien champion olympique de descente et désormais CEO des Championnats du monde de ski alpin 2027 est satisfait du test organisé ce week-end, à deux ans de l'événement phare.
Il faut dire qu'il y a encore quelques jours, le scénario catastrophe d'un «retrait» hantait toujours les organisateurs. Mais alors, la station valaisanne est-elle réellement prête à accueillir les Mondiaux? On fait le point après les courses masculines du week-end.
Depuis la semaine dernière, le plus gros problème des organisateurs des Championnats du monde a été résolu. Le nouveau stade d'arrivée (y compris le parking souterrain) peut être construit, et le litige avec les riverains a été réglé. La menace était pourtant réelle. Sans nouvelles tribunes, les Mondiaux auraient pu être délocalisés ailleurs, sur ordre de la Fédération internationale de ski (FIS).
Les travaux, d'un montant de 15 millions de francs, devraient commencer dès cette semaine, alors que ceux permettant d'augmenter le nombre de lits dans la station sont déjà en cours depuis un long moment. Selon la NZZ, le total de 3 500 lits sera disponible d'ici deux ans. On ne parle que d'établissements cinq étoiles, pour l'accueil des athlètes, des dirigeants et des sponsors. Le reste des 50 000 lits sera réparti entre le Haut et le Bas-Valais, et contribuera à accueillir les fans.
Si la majorité du public n'est pas en mesure de passer la nuit à Crans-Montana, il devra être transporté chaque jour sur le Haut-Plateau. Ce sera sans doute le plus grand défi dans deux ans pour Didier Défago et son équipe. Les moyens de transport actuellement disponibles sont le funiculaire, permettant la liaison Sierre-Crans-Montana, et les bus. Il n'est pas vraiment recommandé de monter en voiture en raison des problématiques de stationnement dans la station.
Point positif: le week-end dernier, que ce soit samedi ou dimanche, les 10 000 spectateurs venus assister aux compétitions ont pris place à temps dans les tribunes ou le long de la piste. Or lors des Championnats du monde, ils seront beaucoup plus nombreux, et l'événement durera deux semaines. Il faudra donc trouver d'autres solutions pour transporter les gens depuis la vallée.
Outre le cinq sur six des skieurs suisses sur les places du podium, «La Nationale» a été un sujet de conversation récurrent ce week-end. Avant même le début des épreuves, certains athlètes l'ont vivement critiquée. Pour l'Italien Dominik Paris, elle n'est par exemple «pas digne des Championnats du monde». Et pour Marco Odermatt, il s'agit de «la descente la plus facile que j'ai jamais faite». Fait intéressant: après les critiques, Paris comme «Odi» sont tous les deux montés sur le podium.
Une chose est sûre: il n'est plus possible de modifier fondamentalement le caractère de la piste. Des corrections fines sont cependant envisageables, comme la suppression de quelques portes pour augmenter un peu la difficulté. Voici ce qu'en dit l'ancienne star Didier Cuche, qui a suivi les courses sur place.
Les organisateurs devront espérer des températures basses aux Mondiaux dans deux ans. Comme la station de Crans-Montana est située sur un versant Sud, la neige, surtout sur la partie inférieure de la piste, pourrait devenir molle très rapidement.
Trois Suisses sur le podium en descente, un doublé le lendemain en super-G: les Suisses ont encore dominé les débats ce week-end, et les performances d'Odermatt, von Allmen et compagnie sont sans doute la meilleure publicité possible pour les Mondiaux.
Pour rappel, les Championnats du monde de 1987, déjà organisés à Crans-Montana, ont été les plus réussis du point de vue helvétique, avec huit médailles d'or sur dix possibles. Tout porte à croire que le Valais accueillera 40 ans plus tard un nouveau festival suisse.