Les Suisses sont complètement fous de Yann Sommer. Au propre comme au figuré. La preuve avec les messages au sujet du gardien de la Nati sur les réseaux sociaux, après sa performance héroïque contre l'Italie dimanche soir. Petite mise en bouche:
Il faut dire que le portier de 32 ans a écœuré les attaquants italiens en multipliant les arrêts décisifs – notamment sur un pénalty de Jorginho – et a offert un point quasi inespéré à la Suisse, au vu de la physionomie de la partie et de l'absence des Shaqiri, Xhaka ou Embolo.
DIE Szene von gestern: #Jorginho scheitert vom Penalty-Punkt an Yann #Sommer. #SUIITA @nati_sfv_asf #SchweizerNati pic.twitter.com/f57aVcUqok
— SRF Sport (@srfsport) September 6, 2021
Yann Sommer plaît donc beaucoup. Et ce n'est pas une surprise: il a tout pour. Voici cinq raisons qui expliquent cet amour du public pour lui.
A commencer par ses performances sur le terrain. «Yann est devenu le chouchou des fans parce qu'il était souvent décisif et nous sauvait des points», rembobine Germano Vailati, coéquipier au FC Bâle entre 2012 et 2014. Le natif de Morges (VD) faisait l'unanimité dans le vestiaire du Parc Saint-Jacques comme dans celui du Rheinpark de Vaduz, où il avait été prêté au début de sa carrière (2007-2009). «Yann était très jeune à ce moment, mais il avait déjà un rôle de leader grâce à ses performances et son attitude. Il n'avait pas besoin de crier pour se faire entendre», se rappelle Gabriel Wüthrich, sa doublure au Liechtenstein.
Le gardien de la Nati est ensuite passé par Grasshopper une saison (2009-2010), est revenu à Bâle où il s'est révélé sur la scène européenne – et a connu sa première sélection (2012) – avant de filer à Mönchengladbach en 2014, où il joue encore.
A chaque étape, Yann Sommer a progressé et engrangé de l'expérience, au point de devenir l'un des meilleurs portiers de la planète. Il a toujours répondu présent avec l'équipe de Suisse, notamment lors du dernier Euro où il a brillé contre la Turquie, la France et l'Espagne.
#Berardi non vale la metà di #Chiesa pic.twitter.com/EdiLGXiIoX
— Frankjuve (@Frankjuve2) September 5, 2021
Mais d'excellents résultats sur le terrain ne suffisent pas à conquérir le coeur du public. Le tennisman Novak Djokovic, régulièrement chahuté par les spectateurs malgré ses 20 titres du Grand Chelem, ne pourra pas dire le contraire.
Si les gants de Yann Sommer sont en or, sa personnalité l'est aussi. «Authentique», «honnête», «simple», «accessible», «humble» ou encore «sans égo» sont les mots que choisissent, de concert, Germano Vailati et Gabriel Wüthrich pour décrire leur ancien coéquipier. «Yann est toujours positif», sourit son ex-collègue à Vaduz. «Il rayonne, et ça contamine les autres. On se laisse charmer.»
Les deux ex-gardiens, aujourd'hui respectivement en charge de la relève à Bâle et Lucerne, gardent un excellent souvenir de leur relation avec Yann Sommer, malgré la concurrence pour le poste de numéro 1. «Elle était très saine», se remémore Germano Vailati. Avant la semaine dernière et l'arrivée de la Nati sur les bords du Rhin, le Tessinois n'avait pas revu son ex-collègue depuis longtemps. «Il n'a pas changé, c'est la même personne qu'à ses débuts.»
La spontanéité du dernier rempart suisse à l'interview, juste après l'exploit contre la France à l'Euro, pour décrire son arrêt sur le pénalty de Kylian Mbappé va dans ce sens.
Du charme, Yann Sommer en a aussi grâce à sa gueule d'ange. «Il aurait pu faire mannequin», tranche Germano Vailati.
L'ex-gardien du FC Sion tient tout de suite à préciser: «Mais il ne joue pas de ça». Gabriel Wüthrich confirme: «Yann est quelqu'un de soigné, mais il ne passe pas trois heures derrière le miroir dans les vestiaires».
Chez Yann Sommer, tout semble simple, élégant et sans fard. Son look, son football, sa manière de vivre et de communiquer – en témoignent son site internet et ses réseaux sociaux, dont le design et les photos savamment travaillés. «Il n'est pas du tout le type bling-bling», valide Germano Vailati. «Yann se détache de la masse des footballeurs en recherchant un style singulier. Il a plutôt un côté rétro. Je le verrais bien arrivé à l'entraînement en Porsche des années 60.»
Sa différence avec les autres footeux, Yann Sommer la cultive aussi dans ses passions hors du rectangle vert. Il est un guitariste accompli et prend des cours de chant.
Quand la majorité des footballeurs se contentent d'appliquer les conseils diététiques qu'on leur donne, Yann Sommer, lui, va bien plus loin. Il en prodigue sur son blog culinaire. Le gardien y présente des recettes composées avec des produits locaux, frais et du marché et recommande certaines adresses où l'on mange bien et sainement.
Contrairement à certaines stars du ballon rond, le dernier rempart de l'équipe de Suisse n'a jamais défrayé la chronique avec des comportements inadéquats sur ou hors des terrains. Il mène une vie bien rangée aux côtés de son épouse Alina, une avocate allemande, avec qui il vient d'avoir une deuxième fille pendant le dernier Euro.
Juste après la défaite contre l'Italie à Rome, Yann Sommer s'était rendu à Cologne pour assister à la naissance de Nayla. A peine remis de ses émotions, il avait retrouvé la Nati dans la Ville Eternelle. Deux jours plus tard, il contribuait largement à la victoire face à la Turquie.
Le sélectionneur Murat Yakin aura encore besoin du charisme de son dernier rempart mercredi soir contre l'Irlande du nord à Belfast. La Suisse y jouera un nouveau match très important dans les qualifications pour le Mondial 2022.