Ce n'est pas parce que vous êtes un féroce lion à la gueule béante qu'une créature de légende de la trempe d'un dragon ne peut pas vous impressionner. Au moins de temps en temps. Mené par le bout du museau 3-1 en demi-finale des plays-offs par le rival fribourgeois, le LHC est peut-être sur le point de connaître ses derniers moments sur la glace ce printemps.
Mais au fait, savez-vous d'où vient le lion rugissant qui figure sur les maillots des joueurs depuis presque aussi longtemps que la création du club?
Pour rappel, le hockey se pratique à Lausanne depuis belle lurette. Au début des années 1900, sous l'impulsion de promoteurs du sport étrangers et du climat plus froid en vigueur à l'époque, la petite commune du Chalet-à-Gobet devient un haut-lieu de sports de glisse, avec possibilité d'y pratiquer ski, luge, mais aussi patin, sur la patinoire naturelle de Sainte-Catherine.
Dans cette émulation, le club des patineurs de Lausanne (CP Lausanne), fondé en 1908, compte à la fois une section de patinage artistique et une section de hockey sur glace. Laquelle participe à son premier championnat national la même année (la Fédération suisse de hockey est également toute récente) pour finir à la troisième place.
C'est en 1922 que la section hockey du CP Lausanne se décide à voler de ses propres ailes, à l'occasion d'un tournoi entre Noël et Nouvel-An.
Le LHC était né, et il évoluera pendant encore 16 ans sur la glace naturelle de Sainte-Catherine, avant de se diriger du côté de la patinoire artificielle de Montchoisi en 1938, où il restera jusqu'en 1984. Puis c'est au Centre intercommunal de glace de Malley (CIGM) qu'il campera jusqu'à sa démolition, en 2017. Depuis 2019, le LHC taille ses armes et les lames dans la nouvelle et spacieuse Vaudoise aréna.
Quant à la célèbre tête de lion rouge et blanche qui trône sur le maillot des joueurs, elle daterait des années 50 – un emblème piqué à la Ville de Lausanne qui, elle, s'est attribuée le félin bien avant la naissance de son club de hockey et des premiers courageux pratiquants du patin à glace à Sainte-Catherine.
C'est au cours du Moyen-Age, après la Réforme, que la cité lausannoise s'approprie les armes de l’Evêque de Lausanne, dont le blason est déjà rouge et blanche. Mais en lieu et place des deux anges qui y figurent à l'époque, les autorités préfèrent les remplacer par deux lions, «symboles de puissance», en 1558.
Ces lions ne quitteront plus le logo de la ville jusque dans les années 1990, avant d'être remplacés par un nouveau logo. En 2018, toutefois, la ville décide de «dépoussiérer et de restaurer» cet élément félin ancestral. C'est vrai que c'est plus chic.
Quant au «symbole de puissance» et de «suprématie» qu'incarne le mammifère, reste à savoir s'il suffira à inspirer dès ce mardi ses porteurs du LHC, menés 1-3 par Fribourg-Gottéron et qui doivent désormais tenter de survivre dans cette demi-finale des play-offs. (mbr)