La foudre s'est abattue dimanche à Atlanta, et les bulletins météo n'ont rien vu venir. Jusque-là détenteur du record de Suisse avec un chrono de 10''08, Alex Wilson a abaissé sa marque à 9''84 sur 100m. Badaboum, clic-clac!
Le problème, pour le sprinter bâlois de 30 ans et pour tous ceux qui se sont réjouis trop vite, c'est que son temps canon risque fort d'être invalidé.
Une simple lecture de la vidéo ci-dessus permet de se rendre compte qu'aucun système de contrôle des départs n'est utilisé, si bien que plusieurs athlètes semblent déjà en mouvement au coup de pistolet. «Or, la possibilité de contrôle des faux départs est évidemment un préalable à toute homologation», rappelle L'Equipe, citant ensuite un tweet de Rana Reider, le coach des meilleurs sprinters mondiaux. «Nous savons à 100 % que ce n'est pas réel.»
Le doute vient aussi des précédents chronos réalisés par le Bâlois. D'ordinaire, un athlète monte en puissance quand il suit une courbe de progression linéaire. Or, il y a un gouffre entre les 10''38 de Wilson le 29 juin à Lucerne et ses 9''84 à Atlanta, trois semaines plus tard.
Un écart plus important encore se mesure sur 200m, puisque le sprinter alémanique, crédité d'un temps de 20''98 le 1er juillet sur la distance, a claqué un 19''89 (record national) dimanche aux Etats-Unis. «Avec des chronos pareils aux JO 2016, il aurait quitté Rio de Janeiro avec deux médailles d'argent, seulement battu par Usain Bolt», souligne Le Temps.
De quoi faire grincer les spécialistes, dont Laurent Meuwly, ancien entraîneur de Swiss Athletics, désormais actif au sein de la Fédération hollandaise.
La plupart des médias suisses ont été plus rapides que le nouvel Européen le plus rapide de l’histoire sur 100m pour reprendre cette news sans même ne serait-ce que tenter un tant soit peu de la vérifier, de la tempérer voire même de la remettre en doute.
— Laurent Meuwly (@LaurentMeuwly) July 19, 2021
Ça sent le complot…
Pour Frédéric Waringuez, rédacteur en chef à L'Equipe, ce record n'est «pas très crédible». «Wilson sort un peu de nulle part», trouve Eurosport, sans aller jusqu'à remettre en question les qualités du sportif.
Le Suisse d'origine jamaïcaine, lui, estime mériter son record. Quelques instants après avoir posé près du panneau des résultats, il a publié la photo de son échantillon d'urine destiné au contrôle antidopage, manière d'affirmer qu'il n'a rien à se reprocher.
La décision finale appartient à European Athletics. C'est à l'instance faîtière, établie à Lausanne, de valider (ou pas) le chrono de Wilson sur 100m, et donc de l'inscrire comme le nouveau temps à battre par les sprinters européens. La Fédération n'a pas encore communiqué sa décision.