«C'était nul, c'était nul et c'était nul!» Stan Wawrinka était très déçu de lui-même après sa défaite en trois manches au 1er tour de l'US Open contre Mattia Bellucci mercredi, comme il l'a fait savoir dans une interview à la RTS. Il n'a eu aucune chance face au qualifié italien (4-6, 6-7, 3-6). L'analyse est aussi courte qu'accablante:
Le bilan du Vaudois cette année sur le circuit ATP? Seulement cinq victoires, pour douze défaites. Au classement, il ne figurera désormais plus dans le top 200. Ce qui, pour un tennisman de 39 ans, conduit inévitablement à la question suivante:
D'autant plus qu'il n'a pas des entrées pour tous les tournois: lors de cet US Open ou en octobre à Bâle, il bénéficie d'invitations (wild cards). Ce n'est pas partout ainsi. A l'avenir, «Stan The Man» devra donc de plus en plus souvent passer par les qualifications s'il veut accéder au tableau principal.
Dès lors, on peut se demander: s'agissait-il de son dernier match à New York? Ou son dernier match dans un tournoi du Grand Chelem? Voire son dernier match tout court? L'ex-numéro 3 mondial n'a pas donné de réponse claire après son élimination. «Je ne sais pas», a-t-il balayé. C'était pareil à Roland-Garros cette année ou aux Jeux olympiques.
Mais à New York, le lauréat de trois titres du Grand Chelem est resté un peu plus vague que lors de ses sorties précédentes. Il a moins parlé de l'espoir de retourner sur les lieux mythiques du tennis. Il a, par contre, évoqué son besoin de prendre quelques jours pour réfléchir à la suite.
Le Vaudois avoue aussi qu'il prend toujours du plaisir à s'entraîner, qu'il veut se surpasser pour que les résultats s'améliorent à nouveau. Mais il concède:
Stan Wawrinka n'est pas le seul Suisse à avoir connu une grosse déception à Flushing Meadows cette année. Dominic Stricker a lui aussi été éliminé dès le 1er tour, lundi. Un an après son épopée jusqu'en huitièmes de finale de ce même US Open et après six mois difficiles marqués par de gros problèmes de dos, l'Emmentalois de 22 ans s'est aussi fait sortir par un adversaire hors du top 100.
Et sa prestation a irrité: mauvais langage corporel et peu d'esprit combatif. Son entourage était abasourdi, à tel point que son coach, Dieter Kindlmann, a déclaré:
Après ce flop, Stricker ne figure plus qu'à la 330e place du classement ATP. Autrement dit: le grand espoir du tennis masculin suisse, que l'on imaginait peut-être un jour sur les traces de Roger Federer et Stan Wawrinka, n'est plus que le numéro 8 helvétique.
A New York, nos trois représentants nationaux ont échoué dès le 1er tour (Viktorija Golubic a également été éliminée dès son entrée en lice). Cela s'était déjà produit il y a quatre ans, mais à l'époque, aucun homme suisse n'avait participé au tournoi, notamment en raison de la pandémie.
Cette année-là, Marc Rosset, Jakob Hlasek et Martina Hingis avaient tous été éliminés au 1er tour à Wimbledon.
Mais la situation était différente au milieu des années 90. L'enfant prodige Hingis était au tout début d'une carrière prometteuse et Rosset était un joueur du top 10, mais pas un spécialiste du gazon. Contrairement à 1995, le bilan de l'US Open 2024 reflète (malheureusement) la situation de la scène locale: notre pays ne compte plus qu'un seul représentant dans le top 100 mondial, hommes et femmes confondus, en la personne de Viktorija Golubic (WTA 73).
Cette fière nation du tennis, qui s'est nourrie pendant plus de 30 ans des succès de stars comme Federer, Wawrinka, Martina Hingis, Patty Schnyder, Jakob Hlasek et Marc Rosset, doit probablement se préparer à des années de disette.
D'autant plus qu'on ne sait pas quand et avec quel niveau Belinda Bencic reviendra de son congé maternité.
Adaptation en français: Yoann Graber