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Pigne d'Arolla: les rescapés de la Haute Route s'expriment

Les Barcan et les Reymond dans un documentaire sur la tragédie du Pigne d'Arolla.
Les Barcan et les Reymond dans un documentaire sur la tragédie du Pigne d'Arolla.Image: RTS

Rescapés de la Haute Route: «Pourquoi n'ont-ils pas donné l'alerte?»

Cinq ans après le drame qui a coûté la vie à sept alpinistes, et dans la foulée d'un documentaire diffusé par la RTS, les Français ayant survécu reviennent sur la pire nuit de leur vie.
19.05.2023, 11:5920.05.2023, 12:06
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Fin avril 2018, sept personnes sont mortes de froid au Pigne d'Arolla alors qu'elles empruntaient la Haute Route, un itinéraire mythique des Alpes, en pratiquant le ski de randonnée.

Sept autres ont survécu après avoir passé une nuit terrible dans la tempête. Parmi elles, deux couples de Français: les Barcan et les Reymond. D'abord interrogés dans un documentaire diffusé début mai sur la RTS, ils ont à nouveau pris la parole dans Le Dauphiné libéré ce vendredi, révélant de nouveaux éléments.

L'article est intitulé Les rescapés de la Haute Route. Le journaliste raconte que les quatre alpinistes ont été «marqués à jamais» par l'horrible expérience qu'ils ont vécue. Fin avril 2018 pourtant, «tout était réuni pour que les deux couples aillent au bout» du périple de six étapes entre Chamonix et Zermatt (VS). Ils s'étaient préparés comme jamais:

«On avait fait 37 000 mètres de dénivelé par tous les temps»
François Barcan

Ils n'avaient pas prévu la tempête qui s'annonce dès le lendemain, alors qu'ils sont déjà à la cabane des Dix. Que faire? A cet instant, il aurait été plus sage de renoncer à poursuivre l'aventure, mais les deux couples ont déjà dû abandonner la Haute Route 20 ans plus tôt en raison de la météo; cette fois, ils sont bien décidés à rejoindre Zermatt.

«Le mauvais temps n'était pas annoncé avant 14 heures. Le créneau passait large», se souviennent-ils, cités par Le Dauphiné. Ils partent donc aux aurores le lendemain pour une étape de huit kilomètres (900 m de dénivelé) en direction de la cabane des Vignettes. Ils arrivent au pied de la Serpentine juste après Steve House. Le guide américain et ses clients seront les seuls à atteindre les Vignettes à temps pour y passer la nuit, car House a pris soin d'enregistrer le tracé dans son GPS. Si les Français avaient pu suivre la cordée américaine ce jour-là, ils auraient eux aussi rallié la cabane. Mais un premier tournant intervient. Le journaliste Antoine Chandellier raconte:

«Au pied de la Serpentine, Thierry perd 10 minutes à régler ses crampons. Le piège déploie ses filets»

Les Barcan et les Reymond atteignent seuls le plateau sommital. Il est déjà 11 heures et le ciel se gâte. Ils se retrouvent avec une cordée de dix, emmenée par le guide Mario Castiglioni. Les quatorze alpinistes ainsi regroupés tournent pendant des heures avant d'atteindre le col du Pigne, soufflés par la tempête qui se déchaîne, s'épuisant face au vent qui manque de les faire tomber à chaque pas.

Les temps de passage de la cordée, arrivée à 9h11 au pied de la Serpentine puis à 16h54 au col du Pigne.
Les temps de passage de la cordée, arrivée à 9h11 au pied de la Serpentine puis à 16h54 au col du Pigne.

Dans l'article du Dauphiné, Nathalie explique qu'il fallait «planter le piolet pour ne pas s'envoler». Philippe ajoute, glaçant:

«On était à quatre pattes. Il est 20 heures et on entend la foudre. On s'est tous retournés d'un bloc. Manquait plus que ça»

Les quatre amis survivront parce qu'ils auront la présence d'esprit de se séparer du groupe de dix emmené par Mario Castiglioni et de rejoindre un endroit moins exposé au vent, où ils creuseront une cavité dans une congère.

Ils veulent repartir une troisième fois

«L'été suivant, Philippe et Thierry reviendront aux Vignettes pour comprendre», relate le journaliste, ajoutant que Françoise Barcan reste tiraillée par une question:

«Pourquoi, au refuge, ne nous voyant pas arriver, n'ont-ils pas donné l'alerte? Le bilan aurait été différent»

Cette interrogation, nous l'avions partagée avec le guide valaisan André Anzévui. Sa réponse avait été claire: «La moindre des choses, compte tenu des conditions météo extrêmes et des informations à disposition des Américains, aurait été de s'assurer que personne n'était en danger

Steve House.
Steve House.Image: RTS

Sur la RTS, Mister House rappelait pour sa défense que beaucoup de groupes ne prennent pas la peine d'annuler leur réservation. «On est donc dans une zone grise. On ne sait pas qui vient, et qui ne vient pas. Il arrive tout le temps que des gens renoncent sans prévenir.»

L'horrible nuit passée par les quatre Français ne les a en tout cas pas découragés de retenter l'aventure. Ils comptent bien repartir un jour sur la Haute Route afin de rejoindre Zermatt, mais cette fois avec un autre équipement: ils ont décidé de remplacer leur boussole par un GPS.

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