Le Vendée Globe, la célèbre course autour du monde en solitaire et sans escale, essore les marins mentalement et physiquement pendant plus de deux mois (le record est détenu depuis 2025 par Charlie Dalin en 64 jours 19 heures 22 minutes). Cela, on le savait déjà. Ce qu'on était loin d'imaginer en revanche, c'est à quel point les navigateurs sortaient marqués de leur aventure.
C'est ce que nous apprennent les résultats d'une étude menée par une navigatrice et ingénieure médicale lors de la dernière édition, partie des Sables d'Olonne le 10 novembre 2024. Bérénice Charrez a approché une quinzaine de participants du Vendée Globe avant le départ, dont la Suissesse Justine Mettraux. Elle a notamment mesuré leur tour de taille, de la cuisse, du mollet et du bras, ainsi que leur taille.
Une opération qu'elle a réitéré après le passage de la ligne d'arrivée, et qui lui a permis de découvrir que certains athlètes avaient subi une perte énorme au niveau du tour de cuisse et jusqu'à 3cm de tour de mollet. «Une perte de masse musculaire liée au fait que les sportifs parcourent de faibles distances sur leur bateau», note France Info dans un article consacré au sujet.
Autre fait marquant: les navigateurs sélectionnés pour l'étude ont rapetissé d’à peu près 1 cm, voir 1,5 cm. «On l’explique soit par le tassement des vertèbres, soit par une perte de flexibilité», fait remarquer l'ingénieure médicale, révélant par ailleurs que si certains skippers avaient perdu jusqu'à 10% de leur masse corporelle, d'autres ont en revanche pris du poids.
Bérénice Charrez entendait montrer que «sur un bateau, on vit une expérience proche de celle des astronautes, probablement plus que n’importe quelle autre activité sur terre». Et son étude l'a confirmé.
«Les marins devraient utiliser un peu plus des outils modernes, la médecine et la science qu’on connait aujourd’hui dans d’autres environnements extrêmes, préconise-t-elle. Potentiellement, les études que l’on ferait sur les marins pourraient nous aider à mieux comprendre comment se préparer pour des missions spatiales à venir.»