Les épreuves de para-cyclisme des Jeux de Paris ont souri aux Suissesses. Flurina Rigling, Celine van Till et Franziska Matile-Dörig ont à elles trois remporté quatre médailles sur le site de Clichy-sous-Bois en Ile-de-France. Ce fut en revanche plus compliqué chez les hommes et Fabian Recher en est la parfaite illustration.
Le Bernois a longtemps été en lice pour une médaille de bronze lors de la course en ligne H4 messieurs. Lâché par Jetze Plat et le détenteur du record du monde ironman, l'Autrichien Thomas Fruehwirth, il s'est retrouvé à la bagarre avec le champion du monde 2023: Jonas van de Steene. Or sur un circuit trempé et marqué par les chutes à répétition, Recher a heurté le handbike de son adversaire à un tour de l'arrivée.
Les deux vélos ont été bloqués et le Belge a été contraint de foncer dans les barrières de sécurité. Il y a alors eu un choc important.
La machine de Jonas van de Steene a été démantelée et les roues arrières ont été projetées à une dizaine de mètres. Le para-cycliste n'a pas eu d'autres choix que d'abandonner suite à cette collision. Certains ne comprennent pas que le Suisse – à l'origine de l'accident – n'ait pas été disqualifié. Or ces mésaventures sont courantes en para-cyclisme. «Il arrive souvent que les handbikes s'entremêlent. Les conséquences ici ont été brutales. Nous avons discuté à l'arrivée et nous nous sommes excusés», a expliqué Fabian Recher auprès de CH Media, le groupe auquel appartient watson.
Cet accrochage n'a pas été sans conséquence pour le Bernois. Son frein a été endommagé. «J'ai perdu plus de trois minutes de mon avance, le temps d'atteindre la ligne d'arrivée et de pouvoir être dépanné», a déclaré Recher qui, une fois les réparations terminées, a vu ses adversaires revenir sur lui. Il s'est finalement classé cinquième de l'épreuve en ligne et se tourne désormais vers les Mondiaux de para-cyclisme.
Le Belge Jonas van de Steene, lui, n'est pas certain de faire le déplacement jusqu'en Suisse fin septembre. «Physiquement, je n'ai que des blessures mineures, mais mon nouveau handbike, dans lequel j'ai investi 25'000 euros, est cassé. Et malheureusement, le matériel utilisé lors des compétitions n'est pas assuré. C'est pourquoi je ne sais pas si je vais pouvoir participer aux Championnats du monde de Zurich», a-t-il détaillé, comme si son abandon à Paris ne suffisait pas. Cette situation met en évidence le coût du matériel handisport de haut-niveau, les difficultés rencontrées par les para-athlètes pour s'équiper et les énormes différences qu'il existe avec les équipes professionnelles chez les valides.
Engagé dans la même catégorie, Joseph Fritsch – victime d'une chute dès le premier tour de circuit – a lui aussi été contrait à l'abandon. «Je n’avais aucune adhérence, c’était inroulable. Dès le deuxième kilomètre, j’ai glissé dans un virage, puis j’en ai passé trois in-extremis. J’ai été très prudent, mais ça n’a pas suffit», a-t-il regretté.
Le Français a rapidement craint pour son matériel et a pointé les difficultés d'approvisionnement concernant certaines pièces. Sa roue avant et son pédalier ayant été endommagés, il ne savait pas s'il pourrait s'aligner sur le relais deux jours plus tard. Son handbike a finalement pu être réparé à temps et il a remporté samedi la médaille d'or avec le collectif France. Il sera au départ des Mondiaux de Zurich dans quelques semaines. Rien n'est moins sûr concernant le Belge Jonas van de Steene impliqué dans l'accident avec Fabian Recher. Il a déjà manqué suite à cette collision le relais des Jeux paralympiques. L'équipe de Belgique toute entière a même été contrainte de déclarer forfait. Il n'y a pas de banal accident en para-cyclisme.