Pierre Latour avait une belle carte à jouer vendredi lors de la treizième étape du Tour de France, mais il a tout perdu lors de la descente qui a emmené les échappés (dont il faisait partie) au pied du Grand Colombier. Il a ainsi assisté de loin à la victoire finale de Michal Kwiatkowski, présent avec lui à l'avant, ce qui n'aura fait que raviver ses regrets.
Mais que se passe-t-il donc sous le casque du coureur de Total-Energies dès que la route décline? Le journaliste Christophe Bérard a eu l'occasion de lui poser la question vendredi soir. Dans un témoignage très touchant publié par Le Parisien après l'étape, Pierre Latour explique qu'il «n'arrive pas à débloquer une forme de peur dans les descentes».
Comme souvent dans la vie, la crainte naît d'une expérience traumatisante. Latour situe la sienne sur le Tour d'Oman en 2019, lorsqu'une grosse chute lui a valu deux fractures (radius et scaphoïde de la main gauche).
Il a connu d'autres culbutes par la suite si bien que dès que sa roue bouge en descente, Pierre Latour, c'est plus fort que lui, devient complètement tétanisé. «C'est comme si tout s'éteignait, comme s'il n'y avait plus de sol sous mes roues», relate-t-il dans Le Parisien. Résultat: le Français de 29 ans freine, perd de précieuses secondes et, au final, la chance de pouvoir se battre pour la victoire.
Il explique pourtant au micro de France TV avoir tout essayé: sophrologie, psychanalyse, préparation mentale et même hypnose.
Pierre Latour a évidemment été très marqué par la disparition de Gino Mäder, tué sur les pentes du col de l'Albula.
Pour redevenir compétitif, le natif de Romans-sur-Isère va tenter une nouvelle méthode dès la fin de la Grande Boucle: il va se rendre sur un circuit moto afin d'apprendre la science des trajectoires et s'habituer à la vitesse dans les courbes. Un exercice auquel s'est déjà plié Thibaut Pinot pour les mêmes raisons.
Lui aussi craignait pour sa sécurité dans les descentes après avoir connu une chute dans sa jeunesse, puis une défaillance psychologique dans l’étape pyrénéenne d’Ax 3 Domaines en 2013. «Le ravin, le gravier... Je me suis bloqué», témoignait le coureur de la FDJ cette année-là, apparaissant démuni.
Afin de dompter son appréhension de la vitesse dans les descentes, il s'était rendu sur le circuit de Magny-Cours en 2013. Il s'était lancé à 190 km/h dans les virages «avec la quasi-interdiction d’appuyer sur les freins avant les consignes du co-pilote» (L'Equipe).
Le Franc-Comtois avait fait des progrès en descente par la suite, mais jamais au point de rivaliser avec un coureur comme Tom Pidcock, véritable artiste dès lors qu'il s'agit de dévaler les pentes.
Le témoignage complet de Pierre Latour dans Le Parisien est à lire en cliquant sur ce lien.