Lorsque Ricardo Feller reçoit son trophée sur le podium du Nürburgring, son visage rayonne comme jamais. Certes, le Suisse ne se tient pas sur la plus haute marche. Mais dans le contexte de sa saison, cette troisième place décrochée lors de la première course du week-end en DTM – le championnat allemand de voitures de tourisme – a des allures de victoire.
En mars, près d'un mois avant le coup d’envoi de la saison, une annonce a secoué le monde du sport automobile: victime d’une faillite, son écurie Porsche Allied Racing a retiré ses deux voitures. A l’aube de sa quatrième année en DTM, le jeune pilote argovien s’est donc soudain retrouvé sans baquet.
«C’est arrivé de manière inattendue», commente-t-il, avant d’ajouter: «Mais on ne peut en vouloir à personne». En très peu de temps, Feller a donc dû dénicher un nouveau volant pour affronter les circuits allemands, néerlandais et autrichiens au programme du championnat.
En 2021, Feller avait remporté le championnat ADAC GT Masters avec l'écurie Land-Motorsport. C’est justement cette ancienne équipe, qui envisageait de faire son entrée en DTM, qui a décidé de le réintégrer. Dès lors, une place était garantie.
Or à quatre semaines du lancement de la saison, la voiture manquait à l'appel. En effet, le bolide que Ricardo Feller pilotait lorsqu'il courait pour Land-Motorsport trônait encore dans la vitrine du garage de son père, à Suhr. Mais par chance, il correspondait toujours aux normes en vigueur en DTM. Son père, qui l’avait acquis avec le soutien d’un sponsor, a donc décidé de le mettre à disposition de son fils et de l’équipe. «Je connais cette Audi par cœur», assure le pilote.
Le Suisse sait que ce véhicule lui offre un réel avantage en termes de compétitivité. Il l’a démontré sur le mythique circuit du Nürburgring. Parti onzième lors de la première course du samedi, il a grignoté ses concurrents, aidé par un arrêt aux stands précoce, qui s'est finalement avéré payant.
Grâce à ses gommes neuves, Ricardo Feller a en effet gagné plusieurs positions, allant même jusqu’à prendre la tête de la course. Il a ensuite livré un duel intense avec le Britannique Jack Aitken, pilote de l’écurie suisse Emil Frey Racing. «C’était l’un de mes duels les plus passionnants de la saison», résume Feller.
Dans un autre duel, Feller a brièvement perdu le contrôle de sa voiture et est sorti sur l’herbe. Aitken a donc repris l’avantage. «Il était clair que je ne pourrais pas conserver la tête», a concédé l'Argovien après la course. Et pour cause, ses pneus étaient déjà particulièrement usés. Cependant, un arrêt aux stands plus tardif n’aurait probablement pas permis une telle remontée. «C’était un dilemme», a d'ailleurs reconnu Ricardo Feller à propos de cette stratégie risquée.
Malgré tout, l'Argovien de 25 ans a décroché son premier podium de la saison. «C’est une libération», se réjouit-il. Ce troisième rang l’a toutefois surpris. S’il espérait un tel résultat au début de cette saison mouvementée, il ne pensait pas y parvenir aussi rapidement, surtout que la transition de Land-Motorsport de l'ADAC GT Masters au DTM n’est pas chose aisée.
Après quelques courses mitigées, la performance de Feller en Allemagne constitue donc une étape importante pour la jeune équipe. «Nous voulons continuer à marquer les esprits», proclame haut et fort le Suisse.
La deuxième course du week-end a cependant livré un tout autre scénario. Ricardo Feller a terminé 20e, pénalisé après une collision. «C’était une situation malheureuse, mais sans intention», explique l’Argovien. Cette dixième course de la saison ne lui a donc rapporté aucun point. Il lui en reste six à disputer. Feller espère d’autres podiums, et rêve même d’une victoire avec sa nouvelle écurie. «Ce serait une belle histoire», conclut-il.