John Isner était connu pour envoyer des souches avec son service surpuissant. Mais là, c'est un pavé dans la marre que le désormais retraité (depuis 2023) a lancé.
Il a pris la forme d'un message posté jeudi dernier sur le réseau social X, qui a entraîné un millier de commentaires, autant de retweets et 19 000 like. La publication en question?
Avec ces deux phrases, l'Américain – ancien 8e mondial – plaide pour un retour du drapeau russe à côté du nom des tennismen et tenniswomen en compétition, qui pourraient ainsi représenter à nouveau officiellement leur pays.
Car, pour rappel, les Russes (et les Biélorusses) sont obligés de jouer sous bannière neutre depuis mars 2022, sur les circuits masculin et féminin. Cette décision commune aux trois instances qui gouvernent le tennis (la fédération internationale ITF, l'ATP et la WTA) fait évidemment suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, avec la guerre qui a toujours cours aujourd'hui.
La Russie et la Biélorussie ont également été exclues de toutes les compétitions par équipe, notamment la Coupe Davis et la Billie Jean King Cup.
John Isner relance ainsi un débat très épineux. Comme lui, certains sont d'avis que la sanction symbolique de retirer le drapeau, qui dure depuis plus de trois ans, n'a plus lieu d'être. Il y a aussi ceux qui estiment qu'il faut totalement séparer le sport de la politique: pour eux, il est injuste que les joueurs russes ne puissent pas jouer sous leur drapeau puisque celui-ci ne représente pas nécessairement le gouvernement de Vladimir Poutine.
D'autres, au contraire, pensent qu'on ne peut pas dissocier le sport de la politique et, qu'ainsi, un athlète russe est forcément l'étendard du régime de Moscou et de ses agissements (néfastes, en l'occurence). Ceux-là sont évidemment contre le retour de la bannière russe.
L'ancien tennisman ukrainien Sergiy Stakhovsky (39 ans) – dont le principal fait d'arme est d'avoir éliminé Roger Federer au 2e tour de Wimbledon 2013 – fait partie de cette dernière catégorie. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la suggestion de John Isner lui a donné de l'urticaire.
L'ex-31e mondial a répondu à l'Américain via des stories Instagram, dans lesquelles il n'a pas mâché ses mots, comme le souligne Ouest-France:
L'Ukrainien a complété sa publication avec des images récentes de bombardements russes en Ukraine, avec un dernier petit message acide à l'attention de John Isner:
On peut comprendre que Sergiy Stakhovsky soit particulièrement touché par ce sujet: il est personnellement parti au front pour défendre son pays.
Mais il n'a pas entièrement raison quand il affirme qu'«aucun des joueurs (russes) n’a exprimé de regrets ni même condamné l’invasion de l’Ukraine»: Andrey Rublev a pris plusieurs fois position publiquement contre la guerre. Juste après l'invasion des troupes de Poutine, il a écrit le message «No war please» («Pas de guerre, s'il vous plaît») sur la caméra d'un court.
L'actuel 11e au classement ATP a réitéré sa position anti-guerre en Ukraine en janvier, dans le Guardian:
Sa compatriote Anastasia Pavlyuchenkova (33e mondiale) a, elle aussi, critiqué les actions militaires russes:
Le débat délicat sur la représentation officielle de la Russie par ses joueurs et joueuses de tennis risque de durer encore longtemps. A moins que la paix revienne prochainement en Ukraine. Pour rappel, le président des Etats-Unis, Donald Trump, recevra son homologue russe Vladimir Poutine le 15 août en Alaska pour tenter d'avancer sur ce dossier.