Un petit quart d'heure après le coup d'envoi du match d'ouverture Qatar - Equateur, Tonton Jacky, avachi sur son canapé et déjà à sa troisième Super Bock, vous lance: «Hé, t'as vu, y a une troisième équipe qui joue!»
La blague lourdingue est sans doute le signe d'un état d'ébriété avancé de votre oncle, mais il lui reste un peu de lucidité: il a remarqué qu'une troisième catégorie a été ajoutée à la traditionnelle surimpression de la statistique de possession de balle. Il s'agit d'un petit rectangle blanc, coincé entre les deux rectangles de couleur qui représentent la possession de chacune des deux équipes. Le nom de cette nouvelle catégorie? «In contest». En français: «disputée».
Comme sa position et son nom l'indiquent, elle représente «la possession de balle disputée», autrement dit le pourcentage de temps durant lequel aucun des deux camps n'est véritablement maître du cuir.
Dans ses explications, la Fifa donne trois exemples de phases de jeu appartenant à cette catégorie:
Ainsi, cette nouvelle catégorie «possession disputée» était par exemple de 12% à un moment donné du match Qatar - Equateur (tandis que la possession était de 30% pour les Qataris et de 58% pour les Equatoriens).
Qu’est-ce que c’est que cette sorcellerie ?
— Zag 🥸 (@zague__) November 20, 2022
Pour pas dire 70% pour l’Equateur ils ont inventé une 3e catégorie de possession mdr pic.twitter.com/EQHP3hT29R
Pour la Fifa, cette nouvelle statistique a la vocation «d’améliorer la représentation de la possession». Elle s'inscrit dans la volonté plus générale de fournir le plus de données possible aux staffs et aux téléspectateurs pour analyser un match. D'ailleurs, le Mondial au Qatar sera le plus décortiqué statistiquement, explique 24 heures, avec l'ajout d'autres données et de manières inédites de les représenter à l'écran (flèches, schémas, etc.). Par exemple: comment un attaquant particulier transperce les lignes défensives adverses.
Pour fournir des statistiques aussi pointues, la Fifa utilise 25 techniciens par match, tous réunis dans une salle au Pays de Galles. Le responsable du groupe Analyse des performances et tendances à la Fifa, Chris Loxston, détaille:
Du coup, chaque analyste se focalise – grâce à huit caméras au Qatar – aussi sur les moments où le joueur qu'il suit ne touche pas le ballon. Une petite stat' intéressante découle de ces observations très scrupuleuses: «Un joueur interagit directement avec le ballon 1 minute et 39 secondes en moyenne (par match)», dévoile Chris Loxston.
Quand on repense par exemple au légendaire solo de Maradona contre l'Angleterre au Mondial 1986, on se rend encore mieux compte de l'exploit de l'Argentin – il avait monopolisé le ballon sur cette seule action pendant onze secondes en perforant toute la défense et en concluant avec un but – grâce à cette info.
🧵 Thread - some of the greatest World Cup goals:
— Rehan Ulhaq (@Rehan_ulhaq) November 16, 2022
Of course had to start with Maradona’s goal-of-the-century in 1986 vs England >> pic.twitter.com/SIhW6UbsXa