Gökan Savci aime deux équipes en Turquie: Galatasaray et la sélection nationale. La première a perdu le titre de champion cette saison à la dernière journée et pour un seul but d'écart face au Besiktas; la seconde s'est inclinée lors de ses deux premiers matches à l'Euro avec une passivité déconcertante.
Les Turcs sont presque éliminés, mais ils feraient mieux de ne pas rentrer au pays sans le moindre point. «Sinon, je ne voudrais pas être à leur place», prévient Gökan. Le problème, c'est qu'il n'est pas certain que le vieillissant sélectionneur Şenol Güneş (69 ans) trouve la solution pour métamorphoser son équipe face à la Suisse. Il a osé quelques ajustements contre le Pays de Galles (défaite 2-0), mais en préférant notamment le faible Ayhan à Demiral, il s'est lourdement trompé.
Les Gallois, et en particulier Bale et Ramsey, n'ont eu qu'à profiter des errements des latéraux, et de la surfocalisation des centraux sur James, pour se créer plusieurs occasions franches. Embolo, avec sa puissance et sa vivacité, a le profil pour attirer les défenseurs à lui et offrir des espaces à Shaqiri et Seferovic, pour autant que Petkovic décide de les reconduire tous les deux.
Affronter cette équipe de Turquie dans ces conditions est une aubaine pour la Nati. On lui prédisait l'enfer pour ce dernier match qui serait sûrement décisif pour les deux équipes, mais il l'est pour une seule et c'est pour elle.
La Suisse part favorite de ce match (sa victoire est cotée à 1,65 par la Loterie romande contre 4.60 pour la Turquie) face à un adversaire qui apparaît à la fois fragile et démobilisé. Comment en est-il arrivé là?
Ce qui frappe, dans le destin des hommes de Şenol Güneş, c'est la différence entre les attentes et les résultats.
«Nos enfants vont mettre le feu à Rome»
— Ugo Curty (@UgoCurty) June 10, 2021
La presse turque est déjà aux taquets pour le match d'ouverture demain à Rome. pic.twitter.com/l2LkHnLURp
Les Turcs devaient mettre le feu au Colisée. Ils ont fini par se brûler les doigts, puis les ailes (défaite 3-0 en match d'ouverture face aux Transalpins).
La Turquie est en effet la surprise de l’euro, personne ne l’es voyait aussi nul.
— 约阿希姆 ❤️ (@joachim_hqn) June 16, 2021
«Pour les journalistes, c'était clair: on était déjà en quart de finale. C'était garanti, se souvient Gökan Savci, président du FC Turc à Lausanne. On a peut-être trop mis en avant nos joueurs, et ils n'ont pas supporté la pression. Je rappelle qu'ils sont encore jeunes.»
🇪🇸 Espagne: 24,1 ans de moyenne d'âge.
🇹🇷 Turquie: 24,6 ans.
🏴 Angleterre: 24,8 ans.
Plusieurs cadres sortent d'une saison éprouvante en club.
Parmi les joueurs de champ, quatre ont dû batailler jusqu'à l'ultime journée de championnat pour espérer décrocher le titre: trois y sont parvenus avec Lille (Celik, Yazici et Yilmaz), un autre a échoué avec Fenerbahçe (Tufan). Un sprint final qui a sans doute laissé des traces dans les jambes et la tête.
Les deux défenseurs centraux (Demiral et Söyüncü) ont moins joué, mais ce n'est pas forcément une bonne nouvelle: ils ont tous deux manqué une partie de la saison pour de sérieuses blessures.
➡️ La fragilité de ces vieux grognards censés accompagner la nouvelle génération fragilise toute la colonne vertébrale de la sélection.
Les internationaux turcs marchent à l'affectif. Sans leur public rouge de fièvre, c'est comme s'ils manquaient un peu de leur incroyable énergie habituelle.
Même si la Turquie joue deux fois en Azerbaïdjan, pays voisin et ami, elle ne peut compter sur le soutien de ses supporters puisque l'enceinte ne peut accueillir que 35 000 personnes, sa capacité étant limitée à 50% en raison des risques sanitaires.
Il est fort probable que rien ne vienne perturber l'équipe de Suisse ce dimanche. C'est à la fois une chance, et une grande responsabilité.