A première vue, on peut se dire que le coup franc direct de Xherdan Shaqiri, qui a permis au FC Bâle d'ouvrir le score contre Servette dimanche à la 40e minute, est une merveille. Une frappe enroulée dans le petit filet, qui a laissé sans réaction Jérémy Frick, le gardien genevois. Sauf que la ralenti nous oblige à changer d'avis: la star bâloise a, en fait, raté sa frappe.
Sans ce trou, la balle serait venue s'écraser sur la muraille grenat. Les fautifs? Gaël Ondoua et David Douline, côte à côte, qui ont tourné le dos au départ du tir et se sont écartés.
Une erreur très surprenante pour des professionnels, sachant que dès l'école de foot, on apprend à rester serrés dans le mur et à toujours faire face au ballon, peu importe la violence du tir (ce qui demande, il est vrai, un certain courage).
Au printemps 2021, Cristiano Ronaldo, alors dans le mur de la Juventus, avait commis exactement la même faute. Son mauvais placement avait permis au coup franc du joueur de Porto, Sergio Oliveira, de terminer dans les filets. Un but décisif avec de grosses conséquences: marqué dans les prolongations du match retour, il avait éliminé les Turinois en 8e de finale de la Ligue des champions.
L'ex-entraîneur de la Juventus et de l'Angleterre, Fabio Capello, avait alors férocement critiqué le comportement de Cristiano Ronaldo sur cette action:
On ne sait pas si le coach de Servette, Thomas Häberli, a reproché aussi vigoureusement à Gaël Ondoua et David Douline un manque de courage dimanche dans le mur face à Bâle. En tout cas, l'ancien gardien de Neuchâtel Xamax, Luca Ferro, est beaucoup plus compréhensif que Fabio Capello avec les footballeurs qui se retournent dans un mur:
Watson avait questionné sur le sujet le charismatique ex-portier neuchâtelois en avril 2021, après que les deux footballeurs du PSG, Leandro Paredes et Presnel Kimpembe, se sont aussi écartés face à un coup franc victorieux de Manchester City en Ligue des champions.
Le coéquipier de Ferro à Xamax, Raphaël Nuzzolo, s'est lui aussi montré tolérant envers les joueurs, dans la muraille, qui tournent le dos au ballon: «C'est une réaction naturelle du cerveau pour se protéger, c'est difficile psychologiquement de forcer ton corps à ne pas le faire».
Il n'empêche, l'erreur d'Ondoua et de Douline reste surprenante car, dans les équipes pros, tout est en principe réglé comme du papier à musique: quels joueurs seront dans le mur, quelles positions ils y occuperont et comment ils devront s'y comporter. «Le gardien, l'entraîneur des gardiens et l'entraîneur principal discutent pour trouver les meilleures solutions sur la formation des murs, notamment en fonction des préférences du portier», explique Luca Ferro.
Raphaël Nuzzolo complète:
Même s'il explique ne jamais avoir mis une bordée à un coéquipier pour cette raison, Luca Ferro préférait «qu’un joueur (lui) dise franchement avant le match qu’il a peur, plutôt qu’il se retourne une fois qu'il est dans le mur».
Là encore, on ne sait pas si le gardien genevois Jérémy Frick a retendu les bretelles des deux fautifs dans les vestiaires. Mais Servette a de quoi regretter ce but évitable: il a mis sur orbite les Bâlois, alors que le SFC réalisait un bon match et faisait, au moins, jeu égal.
L'égalisation de Timothé Cognat à la 55e minute n'a pas suffi. Deux autres buts de Xherdan Shaqiri en toute fin de match (d'abord sur penalty puis à la conclusion d'une contre-attaque) ont offert la victoire au FC Bâle.
Un succès qui permet aux Rhénans d'occuper la tête de Super League. Servette, lui, est quatrième, à seulement trois points du leader. En espérant pour les Grenat qu'ils ne se mordront pas les doigts en fin de saison à cause de cette défaite à Bâle, quand on sait qu'un titre se joue parfois sur des détails...