Christophe Galtier a pris les devants mardi soir en conférence de presse après la victoire du Paris Saint-Germain contre la Juventus en Ligue des champions (2-1). Avant de parler football et n'attendant même pas qu'un journaliste ne lui pose la question, l'entraîneur du PSG a fait son mea culpa par rapport à sa sortie polémique de la veille:
Le technicien a enchaîné:
🎙 Christophe Galtier reconnaît que sa sortie sur le char à voile était "une blague de mauvais goût."
— RMC Sport (@RMCsport) September 6, 2022
💬 "Même si j'adore faire de l'humour, et il est important d'en faire à mes yeux, je me suis aperçu que c'était une blague de mauvais goût sur un sujet très sensible." pic.twitter.com/Nwzm8K0Mbn
Une démarche logique: il fallait absolument réparer sa grosse erreur de communication et celle de son attaquant star, Kylian Mbappé. Pour rappel, les deux hommes s'étaient moqués d'un journaliste suggérant que le PSG aurait pu prendre le train plutôt que l'avion pour aller à Nantes, Galtier en ironisant («On est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile») et Mbappé en pouffant comme un gamin.
La réaction de Galtier était la bonne pour tenter d'éteindre la polémique. On imagine qu'il a été briefé par son club, le PSG n'ayant pas du tout goûté – en interne – à cette fausse note. Mais pas sûr que le technicien, dont la respiration bruyante et la déglutition trahissaient un certain malaise, ait convaincu.
Même s'il est peut-être sincère, Galtier doit savoir que le sport de très haut niveau et l'écologie ne font pas bon ménage. Pour l'instant en tout cas. Les transports d'équipes, la production de matériel (par exemple les très nombreux maillots utilisés en matchs ou destinés au merchandising) ou la consommation d'énergie et les déchets du public lors des matchs sont autant de facteurs qui font du sport pro – en particulier le football – une industrie très polluante.
Avant le «Galtier gate», d'autres sportifs stars ont semblé totalement déconnectés des enjeux écologiques. On pense par exemple à Karim Benzema: le Français a publié cet été sur ses réseaux sociaux une vidéo de ses luxueuses vacances à Miami, où on le voit faire du jet-ski et s'éclater au volant de grosses cylindrées.
Qui saura estimer le poids des émissions de CO2 de ce clip ?
— Sebastien Mabile (@SebastienM) July 5, 2022
Plusieurs dizaines de tonnes à la louche. Autant de budget carbone en moins pour les gueux. https://t.co/n8PwnWuvPT
Nettement moins bling bling, Rafael Nadal n'a pas paru davantage «éco-friendly» quand il a balayé, en 2019, une question en conférence de presse où il lui était demandé comment le tennis pouvait s'adapter pour lutter contre le réchauffement climatique. Sa réponse?
En choyant ses vedettes à l'excès, le sport ne contribue ni à les faire réfléchir sur les enjeux de durabilité et encore moins à leur faire adopter des comportements plus consciencieux.
C'est le cas dans les grands clubs de foot comme le PSG où intendants, cuisiniers, masseurs, jardiniers ou encore interprètes se plient en quatre pour offrir aux joueurs et au staff les meilleures conditions de travail possibles et éviter à ceux-ci le moindre effort en plus de ceux qu'ils doivent fournir sur le terrain. Y compris porter leur sac. «Ces stars du foot ont une vie très différente de celle du commun des mortels», confirme Jérémy Moulard, spécialiste en management du sport à l'Université de Lausanne (Unil), qui a également travaillé pour la Fédération française de football (FFF).
Cet entre-soi ultra privilégié engendre forcément des habitudes de confort et de consommation qu'il est difficile d'abandonner. Et même de remettre en cause, par manque de recul et de points de comparaison avec une réalité nettement moins faste, qui est pourtant la norme.
Les spectateurs ont aussi un rôle à jouer pour réconcilier sport et écologie. Si ces vedettes vivent en vase clos, c'est aussi, en grande partie, parce qu'elles sont contraintes de le faire. C'est la société qui a starifié ces athlètes et qui leur accorde un statut et une notoriété tels qu'il est impossible de les côtoyer dans l'espace public, y compris dans les gares SNCF.
S'offusquer sur les réseaux sociaux de déclarations qui méprisent le souci climatique est une chose. Mais le public peut faire plus au niveau de ses comportements pour amener le débat écologique dans le milieu sportif et, du coup, sensibiliser ses stars. Un exemple parmi tant d'autres: tout simplement en n'achetant pas les nouveaux maillots des équipes nationales au Mondial, commercialisés seulement une année après la sortie du modèle précédent.
Et même si le sport laisse, comme on l'a vu, une empreinte carbone colossale, il n'est de loin pas le seul secteur à le faire. Mais comme le football, notamment, est si médiatisé, les comportements de ses acteurs sont visibles. La réponse condescendante de Galtier et Mbappé témoigne aussi d'un ras-le-bol d'être des cibles faciles, alors que de riches anonymes mènent un... train de vie au moins aussi faste, mais dans l'indifférence générale.