«Assommé», «prend le large», «YB trop fort». Ces qualificatifs donnent déjà le club de la capitale grand vainqueur de ce championnat 2022/2023. Un peu tôt? Les qualités physiques de l'équipe bernoise, sa profondeur de banc et ses mécanismes encore perfectibles, prouvant que la marge de progression est encore conséquente, YB se dégage déjà de la mêlée pour hériter des lauriers de champion.
Raphaël Wicky disait qu'il ne voulait pas s'enflammer, qu'«aucune équipe n'a été sacrée championne de Suisse après deux matchs», arguait-il à la fin de la partie dimanche.
Grâce à un mercato qui préconise la stabilité pour mieux briller, Young Boys évolue un ton au-dessus depuis le début du championnat. Une gifle infligée à Zurich d'entrée de jeu, avant de prendre le dessus sur des Sédunois un brin empruntés: un doublé de Kanga (déjà trois buts dans cet exercice) et Ngamaleu pour saler l'addition. 3-0, net et sans bavure.
Sebastien Barberis, ancien joueur du FC Bâle et consultant pour la RTS, s'attarde sur le travail tactique très bien huilé de l'entraîneur bernois:
Wicky, la mèche bien peignée et la posture alerte, a insufflé une attitude conquérante pour rapidement faire le trou au championnat – histoire de mieux se concentrer sur l'Europa League Conference?
En Valais, à Tourbillon, un combat physique au détriment de la technique pour voir les Bernois composter une deuxième victoire et posséder déjà deux points d'avance. «Contre Sion, YB n'était pas très convaincant. Ce sont les Valaisans qui lui ont offert deux buts dans les six premières minutes, et ensuite il s'est contenté de gérer», tempère Christian Zermatten, ancien coach du FC Sion et instructeur ASF.
Beaucoup trop d'incertitudes, des joueurs qui ne sont pas encore revenus de vacances (dans la tête), le championnat n'a pas encore décollé. «L'équipe qui m'a fait la plus grande impression, même si elle n'a joué qu'un match, est Lucerne», observe l'ancien homme de confiance de Christian Constantin. «Elle est déjà dedans, alors que les autres formations se cherchent.»
Il enchaîne:
Pour l'ex-coach de Tourbillon, il faudra compter sur un FCZ «qui se cherche encore». Cependant, le grand rival des Bernois reste le FC Bâle, qui peine, lui aussi, encore à trouver la bonne recette collective. Des remaniements et un Alex Frei en rodage, les Rhénans vont prendre un peu plus de temps pour régater. «Il faudra être patient à Bâle. J'espère que les supporters ne vont pas se montrer trop impatients», concède Sébastien Barberis. «YB est le gros favori pour le titre, mais le championnat est encore très long», prévient-t-il.
Le travail abattu par Wicky et ses adjoints révèle une composition tactique taillée en losange. Un milieu de terrain mené par le jeune Fabian Rieder (20 ans), grand gagnant des changements du coach valaisan. Une composition offensive qui fait la part belle à Rieder, certes, mais surtout à Kanga, excellent depuis de début de saison.
Une jeunesse qui tourne déjà à plein régime, que le staff technique d'YB a «construit intelligemment», pour reprendre les termes de Barberis. Si le championnat se joue souvent sur la longueur, la profondeur de banc du club bernois ainsi que sa fraîcheur vont sûrement faire la différence. A contrario, pour l'autre favori annoncé, cela va être plus complexe. «A Bâle, Alex Frei s'attaque à une montagne. Il doit composer avec pas mal de jeunes et il lui manque deux ou trois pointures dans l'effectif», analyse l'ancien milieu du Parc Saint-Jacques.
Mais pour le moment, YB profite d'une certaine baraka pour survoler le championnat. Faut-il rappeler que les deux parties disputées par les Bernois se sont jouées sur des détails. Si Marchesano ne manquait pas son penalty alors que le score était de 0-0, YB aurait-il écrasé le champion de Suisse en titre? «Zurich, ça va être compliqué cette année. Le départ d'André Breitenreiter va peser», anticipe Sébastien Barberis.
Et quid du match contre Sion? Von Ballmoos a sorti une parade déterminante face à Karlen. De plus, les Sédunois ont manqué de réalisme, voire de chance comme en témoigne le poteau de Stojilkovic en première période.
YB est sur la bonne voie, mais démarrer en trombe la saison n'est en rien une assurance tous risques. Raphaël Wicky en est pleinement conscient et préfère ne pas fanfaronner. «Gagner donne confiance, ça aide à former une équipe», a-t-il sobrement commenté dans la Berner Zeitung.