Sport
Formule 1

F1: polémique autour de la monoplace de l'écurie McLaren

Polémique autour de la monoplace de l'écurie McLaren

Des images de télévision ont montré que la MCL38 était équipée d'un aileron arrière suspect. Sous la pression des équipes adverses, la Fédération internationale de l'automobile a réagi en marge du Grand Prix de Singapour, couru dimanche à 14h.
21.09.2024, 18:5628.09.2024, 19:37
Plus de «Sport»

Quelle saison! Red Bull, Max Verstappen et Sergio Pérez ne tournent plus rond et sont dépassés depuis le week-end dernier au classement des constructeurs. Ce sont désormais les McLaren – quatre succès au compteur – qui trustent le haut du podium. Logique donc que les monoplaces de l'écurie de Woking soient surveillées de près.

Voire de très près. L'Australien Oscar Piastri a remporté il y a une semaine le Grand Prix d'Azerbaïdjan devant Charles Leclerc et George Russell. Et lorsqu'il était en tête sur un secteur du circuit, les yeux les plus avertis ont constaté une particularité sur son aileron arrière. Celui-ci a semblé présenter une légère déformation. Des images de télévision ont montré que le volet supérieur fléchissait à grande vitesse, avant que tout revienne à la normale au freinage.

C'est ainsi que ce phénomène a été comparé à un mini-DRS.

Des explications en vidéo

Vidéo: twitter

Une telle déflection réduit la traînée et pourrait offrir un gain de vitesse situé entre 3 et 5 km/h selon certains spécialistes. Un apport non négligeable en Formule 1, d'autant que le système s'active automatiquement à grande vitesse, sans qu'un dépassement soit préparé. On parle aussi d'une amélioration de deux dixièmes par tour du côté des ingénieurs de l'écurie Red Bull. A l'heure où ils peinent à maintenir un niveau de performance respectable, ils ne voient pas d'un bon œil la technologie développée par McLaren. Ils ne sont pas les seuls.

Devant les critiques émanant du paddock, la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a été contrainte de s'emparer du dossier. Elle a affirmé via un communiqué vouloir examiner de près les données recueillies à Bakou.

«La FIA surveille de près la flexibilité de la carrosserie de toutes les voitures et se réserve le droit de demander aux équipes d’apporter des modifications à tout moment de la saison. Toutefois, si une équipe réussit tous les tests de déflexion et adhère aux réglementations et aux directives techniques, elle est considérée comme étant en pleine conformité et aucune mesure ne sera prise. La FIA examine actuellement les données et toute preuve supplémentaire qui a émergé du GP de Bakou et envisage toute mesure d’atténuation pour une mise œuvre future.»
Communiqué de l'instance

Vue en course sur l'aileron arrière

Une grille a été ajoutée pour permettre de mieux identifier la déflection.Vidéo: twitter

Cette prise de parole n'a pas empêché les pilotes de partager leur frustration. Taquin, Max Verstappen a estimé que le mini-DRS de la McLaren se voyait «d'un seul œil». «Je veux dire qu'il est clair, bien sûr, que l'aileron se déforme à haute vitesse. C'est peut-être intelligent, peut-être pas, mais au final, c'est à la FIA de décider si c'est légal ou pas, n'est-ce pas? Je crois qu'il est important de clarifier les choses», a-t-il ajouté, de manière à ce que son équipe puisse travailler sur une évolution similaire, si une déformation aussi excessive venait à être autorisée. Son coéquipier Sergio Pérez s'est lui aussi exprimé face à la presse. Or il s'est montré davantage critique et s'est dit «surpris» de voir que l'aileron arrière à faible appui de la McLaren avait réussi les tests initiaux.

«Il est clair que ce n’est pas conforme au règlement si on considère que la carrosserie doit rester fixe. Mais c’est une voiture légale. Donc, oui, très surpris par cela. De plus, ils ont déjà fait quelques courses avec cet aileron arrière, mais il n'y a eu rien de mal du côté des tests. Donc il y a une faille. Mon opinion personnelle? Vous voyez clairement que l’aileron arrière se plie, mais évidemment, ils ont fait les vérifications, et il semble que ce soit une voiture légale. Le problème, ce sont les tests qui existent. Qui penserait à tenter de plier un aileron comme ça?»
Sergio Pérez

Si Charles Leclerc de l'écurie Ferrari comprend désormais mieux sa deuxième place en Azerbaïdjan, et a laissé son ingénieur évoquer cette controverse, le discours est évidemment tout autre du côté des pilotes McLaren. De manière calme et posée, Oscar Piastri a tenté d'éteindre la polémique. «Est-ce trop d’agitation pour quelques millimètres? Je veux dire, c’est légal», a-t-il répondu lorsque le sujet a été abordé en conférence de presse.

«Tant que l'aileron passe tous les tests… Nous en passons beaucoup et nous les réussissons. Ce n’est certainement pas la solution miracle pour expliquer notre compétitivité. Mais c’est légal. Il passe tous les tests. Je suis donc assez satisfait.»
Oscar Piastri

Son coéquipier Lando Norris a également rappelé qu'il courait dans la légalité et a partagé sa fierté de faire partie de l'équipe britannique. «Je suis fier, je suis heureux de ce que l'équipe réalise. Ils repoussent les limites et c'est ce qu'il faut faire si vous voulez vous battre au sommet et contre des gens qui sont aussi connus pour faire la même chose», a-t-il déclaré.

Mais en marge du Grand Prix de Singapour, dimanche à 14h, le verdict est tombé. L'équipe McLaren a été sommée par la FIA de procéder à des ajustements sur son aileron arrière. Si le système n'a pas été jugé illégal, l'instance a demandé à ce que la flexibilité excessive soit réduite. Or la directive technique n°34 précise bien que «les conceptions dont les caractéristiques structurelles sont modifiées par des paramètres secondaires (température, charge aérodynamique...) de manière à produire en course une caractéristique de déflexion différente de celle à l’arrêt pendant les contrôles FIA» ne sont pas considérées comme... légales.

Les tests de la FIA tolèrent une certaine déflection
L'instance veut éviter que des pièces changent de comportement en course. Une certaine déflection est néanmoins autorisée, puisqu'une monoplace peut générer sur la piste plus de 2'000 kg d'appui. Sans fléchissement, l'aileron arrière pourrait céder. Les conséquences seraient désastreuses.
McLaren driver Oscar Piastri of Australia in action during a Formula One Grand Prix practice in Baku, Azerbaijan, on Friday, Sept. 13, 2024. (AP Photo/Sergei Grits)
Oscar Piastri en course à Baku.image: Keystone

L'écurie de Woking doit donc «contrôler la quantité de mouvement de l’élément», au grand dam de son directeur général. «C’est de la Formule 1. C’est une ingénierie intelligente. La FIA est d’accord avec ça. Après, c’est comme d’habitude, les innovations doivent souvent être remisées au placard», a regretté Zak Brown. L'équipe est néanmoins prête à collaborer avec la FIA. Elle apportera des adaptations, a-t-elle précisé dans un communiqué.

«Bien que notre aileron arrière soit conforme à la réglementation et passe tous les tests de déflexion de la FIA, McLaren a proposé de manière proactive d’effectuer quelques ajustements mineurs sur l’aileron suite à nos conversations avec la FIA.»
Communiqué de McLaren

McLaren ne comptait pas tirer un quelconque avantage de sa technologie à Singapour. La course se dispute en ville, sur l'un des circuits les plus lents du calendrier. Or à Austin en octobre, il y aura une ligne droite parfaite de 1'200 mètres. Nul doute que les ailerons de McLaren seront scrutés à cette occasion.

Les Jeux olympiques de Paris 2024 en images
1 / 10
Les Jeux olympiques de Paris 2024 en images
Une fumée ressemblant au drapeau de l'équipe de France est montrée au-dessus du pont d'Austerlitz lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques Paris 2024, le 26 juillet 2024 à Paris, en France. (Photo par Lars Baron/Getty Images)
source: getty images europe / lintao zhang
partager sur Facebookpartager sur X
On a compilé nos arrêts préférés de Yann Sommer
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
Le tennis est le sport idéal pour produire des pères toxiques
Le papa et manager du Bernois Dominic Stricker, Stephan, est accusé d'être la cause du mal-être actuel de son fils. Le tennis, en particulier, regorge de paternels qui ont causé des ennuis, et ça s'explique.

Les révélations de la NZZ sur Dominic Stricker ont créé un tremblement de terre dans le tennis suisse, la semaine dernière. Le media affirme que le Bernois de 22 ans, ancien grand espoir, a récemment fait part – en privé – de son envie d'arrêter sa carrière, au plus tard à la fin de l'année. Le huitième de finaliste de l'US Open 2023 traverse une grosse crise de résultats: il a concédé six défaites en six matchs sur le circuit principal cette saison et est retombé à la 284e place mondiale.

L’article