Carlos Sainz a inscrit un peu plus son nom dans la légende du Dakar vendredi, remportant l'épreuve la plus dure du monde avec quatre constructeurs différents (un exploit inédit) et devenant le vainqueur le plus âgé de la célèbre course auto. Une longévité exceptionnelle que le pilote de 61 ans doit en partie à un certain Rafael Nadal.
En réalité, c'est d'abord la prise de conscience de Carlos Sainz qui a tout déclenché. C'était il y a cinq ans. Le Madrilène en avait 56 et il cherchait à être encore meilleur. Il s'astreignait déjà à une préparation physique dingue, travaillant spécifiquement les muscles du cou, des épaules, des jambes et des mains (toute la mécanique dont un pilote a besoin pour remporter le Dakar). Il soulevait déjà quotidiennement des poids pendant 1h30 et pédalait 4h. Certains l'avaient même vu installer son vélo d'appartement dans le sauna de sa maison à 7h du matin pour suer sous 45 degrés.
Carlos Sainz avait été le premier pilote de rallye-raid à prendre la préparation physique au sérieux (certains fumaient encore dans les années nonante). Mais il savait qu'avec l'âge, il devait trouver des ressources dans d'autres domaines pour rester compétitif, et il s'est donc intéressé à la nutrition.
C'est sur les conseils de Rafael Nadal, un ami, supporter du Real Madrid comme lui (ça crée des liens), que le pilote s'est tourné vers Gemma Bes, une nutritionniste réputée que connaissait déjà le tennisman espagnol puisqu'il l'avait engagée au sein de son académie.
Depuis 5 ans maintenant, c'est donc elle qui planifie pour chaque saison le régime alimentaire de Carlos Sainz, et qui est donc à la base de ses deux derniers titres au Paris-Dakar.
Dans un entretien accordé à Marca, la nutritionniste révèle le régime du champion. «Des noix, de l'huile d'olive, des poissons gras, de l'avocat, des graines», liste-t-elle de façon non-exhaustive. La prise de glucides et de protéines est mesurée de janvier à décembre et s'inscrit toujours dans un menu savamment étudié.
Grâce à Gemma Bes, Carlos Sainz a également introduit des aliments qu'il ne connaissait pas auparavant et qui font des miracles dans le corps d'un athlète.
Ce régime, associé à un entraînement physique parfaitement calibré et à l'expérience du Madrilène, qui «connaît parfaitement son corps» selon sa nutritionniste, permet à Carlos Sainz d'être aussi solide et endurant qu'un chameau dans les dunes du Dakar. Bien sûr, on aurait pu s'attendre à ce que l'Ibère mette un terme à sa carrière sur un titre, qu'il parte en seigneur. «Ça aurait fière allure pour bon nombre de pilotes, même les plus chevronnés, écrivait L'Equipe samedi. Mais en glouton rassasié, Carlos Sainz n'a pas l'intention de raccrocher de sitôt.»
Sous ses mèches grises, celui que le monde du rallye surnomme «El Matador» (un autre point commun avec Rafael Nadal) n'a pas fini d'étendre son aura naturelle sur le bivouac du désert saoudien. Il devrait rester encore un an ou deux, peut-être chez Ford dès la saison prochaine. «On sent bien que les années passent, ça ne va pas dans le bon sens, mais lui, il reste en super forme, glisse avec admiration Stéphane Peterhansel, un autre cador de la discipline. C'est un guerrier, un combattant. Il ne lâche jamais rien. Il s'entraîne dur, c'est un acharné du boulot, et ça paie.»