La dépression, une profonde tristesse dans la foulée des Jeux olympiques, ce sujet a souvent été traité et relaté dans les médias. De nombreux athlètes expriment une sensation de solitude, un moral au fond des chaussettes. C'est comme revenir sur terre et expérimenter un gros «down» qui enlèverait la moindre motivation à se lever.
Les athlètes s'effondrent mentalement une fois les Jeux terminés. Ce phénomène est connu sous le nom de «blues post-olympique».
Si cette sensation est connue après les JO, qu'en est-il après des Mondiaux? Les skieurs traînent-ils leur spleen pour poursuivre cette fin de saison?
Retrouver la routine du circuit, repartir à la chasse aux points et se donner corps et âme alors que le tourbillon des médias a pris fin une fois le baisser de rideau, ces détails pourraient bousculer la santé mentale de certains funambules du Cirque blanc.
«Pas pour ma part», tranche d'emblée Nils Allègre (12e de la descente de samedi), avant de préciser:
Cette tension nerveuse qui tombe à plat, le descendeur tricolore la sent comme une énergie manquante pour les échéances qui s'annoncent pour la fin de saison. «Mais on a de la chance en descente, on peut profiter des entraînements pour nous remettre rapidement dans le bain», rapporte le Français, en ajoutant que dans la discipline reine, «on n'a pas le droit de trop se relâcher».
Stefan Rogentin (11e de la descente de samedi) est lui aussi prêt à repartir à la bataille pour la suite de la saison. Même si le Grison concède que «mentalement, la transition peut être difficile», que cela coûte de l'énergie, mais il faut partir de l'avant. «On s'entraîne toute l'année pour ça», conclut Rogentin.
Si la tête peut parfois jouer des tours aux as du ski, l'expérience est précieuse dans ce genre de cas. Ryan Cochran-Siegle (13e, samedi) assure que ce n'était pas trop difficile à passer à autre chose après Saalbach. «Il faut rester concentré, il nous reste plusieurs courses de vitesse», complète l'Américain, signe que les skieurs n'ont pas le temps de trop tergiverser ou s'apitoyer sur leur sort.
Le Français Matthieu Bailet (28e de la descente de samedi) avance d'autres arguments:
Motivé «à 200%» pour cette fin de saison, le Français (28e de la descente de samedi), parle d'une saison compliquée à titre personnel. Mais pas le temps d'une redescente émotionnelle, les prochaines échéances n'attendent pas.
A force d'interroger des skieurs dans la raquette d'arrivée de Crans-Montana, cet état de tristesse très prégnant après les JO n'est pas tout à fait comparable avec les Mondiaux. «C'est juste que les JO sont plus importants, parce que c'est tous les quatre ans. Socialement, financièrement, personnellement, les Jeux sont plus importants», cadre Bailet.
Or, les Mondiaux restent une vraie épreuve à digérer, dans la tête. «On vit des émotions tellement puissantes. Derrière, ça se joue avec l'encadrement et la gestion de l'après», analyse Matthieu Bailet.
Cette gestion, Miha Hrobat (9e sur la Nationale), dans les favoris pour conquérir un métal mondial, la maîtrise. «J'étais triste quelques instants après, mais heureux de ne pas m'être blessé», nous adresse le sympathique Slovène. Sa déconvenue des Mondiaux a été rapidement digérée, en voyant le bon côté des choses: «Je fais ma meilleure saison, je ne peux pas me montrer triste».
En fin de compte, le «blues post-olympique» a sa place, moins le «blues post-Mondiaux». Le prestige de l'événement explique peut-être cela, le long laps de temps entre les éditions olympiques aussi.