En novembre 2020, Ben Rothenberg signait un article dans le magazine spécialisé Racquet qui secouait le milieu du tennis. Le journaliste américain y relatait le témoignage d'Olga Sharipova, ex-petite amie d'Alexander Zverev, qui racontait les violences physiques du tennisman-star à son encontre.
En août 2021, celui qui a aussi travaillé pour le New York Times et le Washington Post publiait le deuxième volet de ce récit dans Slate.
Trois ans plus tard, Rothenberg (37 ans) n'écrit plus dans un seul média.
Selon lui, ses investigations dérangent le milieu. C'est ce qu'il a expliqué début septembre, pendant le dernier US Open (qu'il n'a couvert qu'à distance, sur ses propres canaux), au Tages Anzeiger:
Comme les autres sports, le tennis fait tout pour soigner son image. Alors, forcément, un cas de violences conjugales ou tout autre scandale (dopage, matchs truqués, etc.) concernant ses protagonistes ne fait pas ses affaires.
Avant les révélations sur Zverev, Ben Rothenberg avait notamment fait tomber un journaliste du prestigieux Times, qui plagiait ses confrères à Wimbledon, dénoncé une mafia estonienne active dans les paris ou encore mis la lumière sur des rencontres truquées.
En plus de se sentir exclu du monde de la balle jaune, le journaliste américain se coltine un procès en Allemagne contre Alexander Zverev, qui a porté plainte pour «atteinte à la personnalité» suite aux articles de novembre 2020 et août 2021.
Le tennisman (actuel deuxième au classement mondial) l'a remporté en première instance, le juge estimant que les preuves sur les prétendues violences conjugales subies par Olga Sharipova étaient insuffisantes pour publier un article. Rothenberg a fait appel, la suite du procès se tiendra en décembre.
Dans son contentieux avec Alexander Zverev, Ben Rothenberg a été totalement lâché par le magazine Racquet, qui avait publié le premier article.
Du coup, le journaliste – qui compte 158'000 followers sur X – a lancé un crowdfunding, grâce auquel il a déjà récolté 36'000 dollars, provenant de 600 donateurs. Le plus généreux d'entre eux? L'ex-star du tennis sud africaine Kevin Anderson (finaliste de Wimbledon en 2018), qui a versé 1'000 dollars.
Malgré les ennuis que ses articles contre Zverev lui ont créés, Ben Rothenberg affirme, toujours dans le Tages Anzeiger, qu'il les réécrirait à l'identique aujourd'hui. Car, selon lui, ne pas traiter ce cas aurait été «une faute professionnelle».
L'Américain en profite encore une fois pour tacler les médias spécialisés, surtout les chaînes TV, qui ont «omis d'informer sur cette histoire». Il dénonce leur manque de distance critique (et donc, d'une certaine manière, leur manque de professionnalisme) pour garder leurs privilèges.
Rothenberg met également en garde contre «l'aversion croissante» du tennis envers la presse indépendante.
La récente affaire des deux contrôles antidopage positifs en mars du numéro 1 mondial Jannik Sinner (blanchi), cachée pendant plusieurs mois par l'ATP, a de quoi donner raison à Ben Rothenberg.