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Tennis: la carrière du journaliste Ben Rothenberg en péril

Ben Rothenberg (médaillon) est en procès avec Alexander Zverev.
Ben Rothenberg (médaillon) est en procès avec Alexander Zverev. image: keystone/shutterstock/x

Ce journaliste est empêtré dans une sale affaire avec une star du tennis

Le célèbre journaliste américain spécialisé Ben Rothenberg voit sa carrière mise en péril à cause des investigations qu'il a faites sur Alexander Zverev. Il dénonce un milieu de plus en plus fermé à la presse indépendante.
16.09.2024, 16:3016.09.2024, 22:02
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En novembre 2020, Ben Rothenberg signait un article dans le magazine spécialisé Racquet qui secouait le milieu du tennis. Le journaliste américain y relatait le témoignage d'Olga Sharipova, ex-petite amie d'Alexander Zverev, qui racontait les violences physiques du tennisman-star à son encontre.

En août 2021, celui qui a aussi travaillé pour le New York Times et le Washington Post publiait le deuxième volet de ce récit dans Slate.

Trois ans plus tard, Rothenberg (37 ans) n'écrit plus dans un seul média.

Il se plaint d'être devenu persona non grata dans la presse traditionnelle et le monde du tennis.

Selon lui, ses investigations dérangent le milieu. C'est ce qu'il a expliqué début septembre, pendant le dernier US Open (qu'il n'a couvert qu'à distance, sur ses propres canaux), au Tages Anzeiger:

«Les articles d'investigation ne sont pas bien accueillis par l'establishment du tennis, ni par les agents, les joueurs ou les entraîneurs. L'investigation est considérée comme une menace déstabilisante pour le business. Ce qui, à mon avis, n'est pas une attitude saine pour un écosystème.»

Comme les autres sports, le tennis fait tout pour soigner son image. Alors, forcément, un cas de violences conjugales ou tout autre scandale (dopage, matchs truqués, etc.) concernant ses protagonistes ne fait pas ses affaires.

Alexander Zverev, of Germany, returns a shot to Taylor Fritz, of the United States, during the quarterfinals of the U.S. Open tennis championships, Tuesday, Sept. 3, 2024, in New York. (AP Photo/Kirst ...
Alexander Zverev a été accusé de violences conjugales par deux femmes. Image: keystone

Avant les révélations sur Zverev, Ben Rothenberg avait notamment fait tomber un journaliste du prestigieux Times, qui plagiait ses confrères à Wimbledon, dénoncé une mafia estonienne active dans les paris ou encore mis la lumière sur des rencontres truquées.

Lâché par son magazine

En plus de se sentir exclu du monde de la balle jaune, le journaliste américain se coltine un procès en Allemagne contre Alexander Zverev, qui a porté plainte pour «atteinte à la personnalité» suite aux articles de novembre 2020 et août 2021.

Le tennisman (actuel deuxième au classement mondial) l'a remporté en première instance, le juge estimant que les preuves sur les prétendues violences conjugales subies par Olga Sharipova étaient insuffisantes pour publier un article. Rothenberg a fait appel, la suite du procès se tiendra en décembre.

Zverev a été condamné dans une autre affaire
Sharipova n'a jamais poursuivi Alexander Zverev en justice, contrairement à une autre femme, Brenda Patea. Cette autre ex-petite amie du tennisman a porté plainte contre lui pour violences domestiques. Elle a obtenu gain de cause en mai: après des négociations au tribunal, le conflit s'est réglé à l'amiable. Brenda Patea a reçu un montant à six chiffres de la part de Zverev (avec qui elle a une fille de trois ans). En échange, elle ne doit plus accuser l'Allemand de violences conjugales.

Dans son contentieux avec Alexander Zverev, Ben Rothenberg a été totalement lâché par le magazine Racquet, qui avait publié le premier article.

Le média a retiré la publication et refuse de payer les frais de justice de Rothenberg.

Du coup, le journaliste – qui compte 158'000 followers sur X – a lancé un crowdfunding, grâce auquel il a déjà récolté 36'000 dollars, provenant de 600 donateurs. Le plus généreux d'entre eux? L'ex-star du tennis sud africaine Kevin Anderson (finaliste de Wimbledon en 2018), qui a versé 1'000 dollars.

Kevin Anderson of South Africa celebrates winning his men's quarterfinals match against Switzerland's Roger Federer, at the Wimbledon Tennis Championships, in London, Wednesday July 11, 2018 ...
Kevin Anderson soutient Ben Rothenberg. Image: keystone

Malgré les ennuis que ses articles contre Zverev lui ont créés, Ben Rothenberg affirme, toujours dans le Tages Anzeiger, qu'il les réécrirait à l'identique aujourd'hui. Car, selon lui, ne pas traiter ce cas aurait été «une faute professionnelle».

L'Américain en profite encore une fois pour tacler les médias spécialisés, surtout les chaînes TV, qui ont «omis d'informer sur cette histoire». Il dénonce leur manque de distance critique (et donc, d'une certaine manière, leur manque de professionnalisme) pour garder leurs privilèges.

«Les médias qui couvrent le tennis ne cherchent pas à informer sur ce qui pourrait compromettre leur accès»
Ben Rothenberg

Rothenberg met également en garde contre «l'aversion croissante» du tennis envers la presse indépendante.

«Le circuit masculin produit son propre contenu, les joueurs vedettes réalisent leurs propres documentaires. Le désir de contrôler leurs images est compréhensible. Mais je pense que cela conduit à un contenu beaucoup moins intéressant.»

La récente affaire des deux contrôles antidopage positifs en mars du numéro 1 mondial Jannik Sinner (blanchi), cachée pendant plusieurs mois par l'ATP, a de quoi donner raison à Ben Rothenberg.

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