C'est un détail que les spectateurs et téléspectateurs du prochain US Open (du 29 août au 11 septembre 2022) ne remarqueront certainement pas, mais qui a des conséquences importantes: les femmes et les hommes ne joueront pas avec le même modèle de balles.
Le tournoi new-yorkais est le seul parmi les quatre du Grand Chelem a faire cette distinction. Les balles des joueuses – des «Wilson Regular Duty» – seront rendues plus légères par une couche de feutre plus fine. Les raisons? Accélérer le jeu et éviter des blessures au bras.
Mais ce choix et ses justifications ont fait réagir violemment certaines joueuses, apparemment pas du tout contentes d'être considérées comme des êtres plus faibles. Parmi elles, Iga Swiatek, numéro une mondiale. «Je ne comprends pas pourquoi nos balles sont différentes de celles des hommes», s'est insurgée la Polonaise. Elle ne voit plus aucune raison de faire une distinction:
Au-delà de sa considération sexiste, ce choix pose problème à certaines joueuses également en termes de confort de jeu. «Ces balles sont horribles», a dégoupillé Iga Swiatek. «Le problème, c'est qu'elles sont plus légères (réd: que les autres sur le circuit) et qu'elles deviennent de plus en plus légères au fil des jeux. Elles volent énormément. Nous faisons plus d'erreurs, c'est vraiment difficile de les contrôler.»
La Polonaise a été soutenue notamment par Paula Badosa, numéro quatre mondiale. «Je suis totalement d'accord. Les conditions ne sont pas favorables pour les joueuses et le spectacle», a écrit l'Espagnole sur Instagram.
Elle a aussi publié une story où elle tourne en dérision le choix des organisateurs. On y voit deux paquets de balles, celui des hommes et celui des femmes. La joueuse a ajouté des flèches et du texte: «Les balles avec lesquelles nous jouons (idéales pour terre battue et surface indoor, selon l'étiquette), celles avec lesquelles les hommes jouent (idéales pour un jeu prolongé sur surface dure). PS: Nous jouons sur du dur».
Les récents résultats de Swiatek et Badosa expliquent sans doute aussi leur coup de gueule. Tant la Polonaise que l'Espagnole ont raté leur tournoi de Cincinnati (élimination en huitième de finale), où les fameuses balles étaient déjà utilisées. Au contraire de Madison Keys et Petra Kvitova, qui ont atteint les demi-finales et qui... adorent ces balles. «C'est ma balle préférée», s'enthousiasmait Keys.
N'en déplaise à l'Américaine, Iga Swiatek et Paula Badosa ont déjà demandé à la Women's tennis association (WTA) et son boss, Steve Simon, que les femmes jouent toujours à l'avenir avec le même modèle que les hommes. «C'est un sujet que nous continuerons à surveiller et dont nous discuterons avec les joueuses et nos équipes techniques», a fait savoir sur ESPN Amy Binder, directrice de la communication de la WTA.
Pour Swiatek, Badosa et toutes les autres détractrices de la fameuse «Wilson Regular Duty», il s'agira de ne pas trop se focaliser sur le matériel lors du prochain US Open. Ce n'est un secret pour personne, un tournoi du Grand Chelem ne se gagne qu'avec un état d'esprit positif.