Roberto Mancini était très aimé en Italie, mais c'est peut-être de l'histoire ancienne. Car ce sélectionneur que les Transalpins surnommaient «le Mancio» avec affection, et qui avait transformé le jeu de l'équipe nationale jusqu'à la mener au titre lors de l'Euro 2021, a choqué beaucoup de monde ce week-end en annonçant son départ surprise de l'équipe à dix mois du championnat d'Europe en Allemagne (du 14 juin au 14 juillet 2024). Le technicien laisse ainsi la Nazionale dans l'embarras, mais ce n'est pas le principal reproche qui lui est fait ce lundi matin.
Ce qui a fortement déplu dans la Botte, c'est la façon dont Roberto Mancini, déjà imprévisible lorsqu'il était joueur, a quitté le poste qu'il occupait depuis mai 2018. Le natif des Marches a envoyé un simple mail à la Fédération tard samedi soir. Une méthode qui a choqué Stefano Barigelli. Le directeur de La Gazzetta dello Sport a ressorti sa plume pour dénoncer les manières cavalières du «Mister» de 58 ans.
Les tifosi ont attendu tout le week-end des explications de leur désormais ex-sélectionneur. Elles ne sont jamais venues. Mancini, qui venait d'être nommé coordinateur des sélections nationales (des M20 jusqu'à l'équipe A) et avait procédé à une refonte de son staff début août, a simplement évoqué «un choix personnel». Ceux qui connaissent «le Mancio» pensent que les cinq années de haut mais aussi de bas (non-qualification pour le Mondial 2022 au Qatar) ont durement affecté l'homme et le sélectionneur.
Mais en Italie, ils sont aussi nombreux à penser, et c'est encore plus douloureux pour eux, que Mancini a fait le choix de l'argent, et que s'il a démissionné, c'est pour s'asseoir sur le banc de l'équipe nationale d'Arabie Saoudite. «Le vent du cynisme, de l'argent pris comme seule valeur, absolu et destructeur, souffle fort sur le football», observe Stefano Barigelli, soulignant que «le respect des accords, des contrats, de la parole donnée n'existe pas. Pire, il est considéré comme l'attirail des imbéciles».
La Squadra Azzurra n'aura pas vraiment le temps de faire le deuil de Mancini. D'abord parce qu'elle doit préparer ses deux prochains matchs, les 9 et 12 septembre (en Macédoine du Nord puis contre l'Ukraine) lors des qualifications à l'Euro.
Ensuite, et surtout, parce qu'elle doit trouver un remplaçant à son technicien démissionnaire.
Les noms d'Antonio Conte et de Luciano Spalletti circulent. Le premier est libre, le second possède une clause libératoire de 3 millions d'euros avec son ancien club du Napoli (son ex-employeur voulait s'assurer qu'il ne signe pas dans un club rival pendant son année sabbatique). Une somme que la Fédération italienne de football, compte tenu des circonstances, ne devrait pas avoir trop de mal à payer.