Jusqu'à présent dans cet Euro, aucune équipe n'a été aussi convaincante que l'Espagne. Les Ibères sont les seuls à avoir remporté leurs cinq matchs. Dans leur groupe relevé, ils ont notamment dû affronter la Croatie et l'Italie (tenante du titre), et ils ont battu l'Allemagne, pays hôte, en quarts de finale.
Mais les résultats ne sont pas les seuls arguments en faveur des Espagnols. La manière dont les victoires ont été obtenues a également été convaincante. Le sélectionneur Luis de la Fuente fait évoluer son équipe dans son 4-3-3 classique, sans pour autant pratiquer le football de possession typiquement espagnol.
La Roja a ainsi déjà marqué dix buts, ce que seule l'Allemagne a également fait. Et avec près de deux expected goals toutes les 90 minutes, l'Espagne a eu de loin le plus grand nombre d'occasions de but de tous les demi-finalistes.
Alors que l'attaque espagnole a brillé, la défense autour d'Aymeric Laporte, qui joue désormais en Arabie saoudite, n'a pas toujours été solide. Après l'égalisation de Florian Wirtz pour l'Allemagne en quart de finale, les défenseurs espagnols se sont régulièrement retrouvés en difficulté et ont concédé quelques occasions dangereuses. Sans un peu de chance, la Roja aurait été menée. Son gardien Unai Simon, qui a déjà commis quelques bourdes par le passé, n'est pas non plus une assurance tous risques.
En plus, Luis de la Fuente devra se passer de trois titulaires contre la France en demi-finale: le prodige Pedri est blessé, tandis que les deux défenseurs Dani Carvajal et Robin Le Normand sont suspendus.
Sa défense a été, jusqu'à maintenant, exceptionnelle. Les Français n'ont encaissé qu'un seul but en cinq matchs, un penalty contre la Pologne. L'Autriche, la Belgique, les dangereux Néerlandais et les stars portugaises se sont tous cassés les dents sur le rempart tricolore. Aucune équipe n'a concédé aussi peu d'occasions que la France.
Il ne faut pas non plus sous-estimer l'expérience des Bleus, notamment celle de son sélectionneur Didier Deschamps, champion du monde en 2018. Il sait trouver l'équilibre entre les vétérans et les jeunes. D'un côté, il y a le noyau autour des routiniers N'Golo Kanté, Antoine Griezmann, Kylian Mbappé et Olivier Giroud, qui ont tous également été sacrés en 2018. De l'autre, on trouve la nouvelle génération affamée autour de William Saliba (23 ans), Eduardo Camavinga (21 ans) ou Bradley Barcola (21 ans).
Le nombre de buts marqués jusqu'à présent inquiète la France. Les Bleus n'en ont marqué que trois, dont deux autogoals et un penalty.
Pourtant, les occasions ne sont pas si rares: seule l'Espagne compte plus d'expected goals parmi les demi-finalistes. Mais l'efficacité n'est pas encore au rendez-vous.
Les problèmes offensifs des Tricolores sont fortement liés au tournoi de Kylian Mbappé jusqu'à présent. Après sa fracture du nez lors du premier match contre l'Autriche, la superstar ne semble plus être le même joueur. A cause de son masque, une certaine frustration se lit sur le visage du numéro 10. «Je déteste ce masque, il est vraiment très embêtant», a-t-il pesté. En cinq rencontres, Mbappé n'a marqué qu'un but, sur penalty face à la Pologne.
Aucun demi-finaliste ne peut jouer aussi libéré que les Néerlandais. Tous les parieurs considèrent l'équipe de Ronald Koeman comme le plus grand outsider des équipes restantes. Cela se répercute également sur l'ambiance chez les supporters.
Un autre argument en faveur des Pays-Bas? Ils peuvent compter – de manière assez surprenante – sur le meilleur joueur offensif de l'Euro jusqu'à présent. Son nom: Cody Gakpo. L'attaquant de Liverpool a déjà marqué trois buts (tous dans le jeu), ce qui lui permet de partager la tête du classement des buteurs avec le Géorgien Georges Mikautadze.
Sur le papier, les Néerlandais constituent l'équipe la plus faible des demi-finalistes. Les Oranje sont certes bien dotés à tous les postes, mais il leur manque une très grande star, contrairement aux Anglais avec Jude Bellingham ou aux Français avec Mbappé.
Les performances réalisées jusqu'à présent ne plaident pas non plus forcément en faveur des Bataves. Et pas seulement parce qu'ils sont les seuls demi-finalistes à avoir déjà perdu un match (2-3 contre l'Autriche). Ils ont certes réussi à convaincre sur le plan offensif, mais ils ont eu moins d'occasions que l'Espagne ou la France.
Et ce en ayant affronté la Roumanie et la Turquie, des adversaires plus abordables que ceux rencontrés par l'Espagne ou la France.
Si l'on regarde les noms des sélectionnés, l'Angleterre est le favori absolu pour le titre. La défense est déjà bien garnie, mais le milieu de terrain et l'attaque sont d'une qualité inégalée. Le surdoué Jude Bellingham, le buteur Harry Kane, la star de Manchester City Phil Foden, le tourbillon Bukayo Saka: autant de noms qui font battre le cœur des fans et trembler les défenseurs adverses. L'équipe a également une très grande profondeur de banc, avec par exemple Cole Palmer ou Trent Alexander-Arnold, deux joueurs qui seraient titulaires presque partout ailleurs.
Alors que sur le papier, c'est surtout l'attaque qui attire l'attention, les Anglais ont principalement brillé défensivement dans cet Euro. De toutes les équipes, seuls les Français, les Portugais et les Allemands ont concédé moins d'occasions par match. Le football de Gareth Southgate est certes critiqué, mais les résultats lui donnent raison.
Aussi forte que soit l'attaque anglaise sur le papier, elle s'est montrée très décevante sur le terrain jusqu'à présent. Les Three Lions sont si frileux qu'ils ne se créent que 0,7 expected goal par match, ce qui est nettement inférieur à leurs concurrents en demi-finale. Ces problèmes ont été compensés par du réalisme devant la cage adverse et le but miraculeux de Bellingham contre la Slovaquie. Reste à savoir si cela fonctionnera également contre les meilleures équipes du tournoi...
Un autre argument en défaveur des Anglais: ils sont nettement plus sous pression que les autres demi-finalistes. La mère patrie du football est la seule des quatre équipes à n'avoir jamais été championne d'Europe, son dernier grand titre remontant à 58 ans. L'attente a rendu les fans impatients.
Si une éventuelle finale devait être serrée, cette pression pourrait devenir un inconvénient. D'autant plus que les souvenirs de la finale d'il y a trois ans, perdue dramatiquement aux tirs au but contre l'Italie, pourraient alors ressurgir.
Adapation en français: Yoann Graber