Malgré l’essor du padel, dont la quatrième édition du Paris Major Premier – l'un des quatre tournois les plus prestigieux, l'équivalent des Grand Chelem en tennis – se déroule cette semaine à Roland-Garros, peu de joueurs professionnels parviennent à vivre de ce sport, leurs revenus reposant majoritairement sur leurs sponsors.
La numéro 1 française Alix Collombon (25e mondiale) est en territoire connu. La joueuse a foulé la terre battue de Roland-Garros en 2013 lorsqu'elle jouait au tennis, avant d'embrasser une carrière sur les pistes synthétiques du padel.
A l’époque, son élimination au premier tour du double dames du Grand Chelem parisien – sur invitation – lui avait rapporté 17 500 euros. Pour repartir avec une somme aussi coquette lors du Paris Major Premier, la joueuse de 32 ans devra cette fois rallier la finale, puisque 24 000 euros sont promis aux finalistes et 48 000 aux vainqueurs. Loin des 2,550 millions d'euros empochés par Carlos Alcaraz et Coco Gauff en juin dernier porte d'Auteuil.
«On ne sera pas milliardaires au padel, c’est sûr. Les prize-money sont bien plus faibles qu’au tennis», acquiesce Alix Collombon, tout en assurant vivre «confortablement» de son sport depuis cinq ans.
«La première année, j’avais mis 20 000 euros de côté pour tenter ma chance en Espagne. J’avais de quoi tenir un an», évoque la Lyonnaise, installée depuis huit ans à Barcelone. Elle poursuit:
Racheté par Qatar Sports Investments (QSI) en 2022, le circuit de padel s’est étendu aux quatre coins du monde, avec des Majeurs à Doha, Rome, Mexico et Paris.
Entre les frais de déplacement, d’entraînement et d’équipement, la saison pèse désormais lourd dans les bourses des sportifs. Et malgré les dotations en hausse des tournois, les récompenses sont loin de couvrir les frais réels d'une saison.
«Pour me financer, je dépends à 95% de mes sponsors. Les 5% restants découlent des prize-money», abonde Bastien Blanqué, 3e joueur français et 107e joueur mondial, qui estime ses gains sportifs à 10 000 euros. Pour s'en sortir, le Toulousain a créé un club de partenaires qu'il reçoit une fois, quitte à rogner sur son entraînement.
Sur le circuit, les situations sont variées. En Espagne et en Argentine, où la discipline jouit d’une grande popularité, les joueurs qui composent l'essentiel du top 40 mondial vivent du padel.
Le numéro 1 mondial Agustin Tapia a encaissé 492 375 euros en 2024 et dispose de contrats de sponsoring juteux.
Les numéros 1 nationaux s’en sortent également, comme le relève Alix Collombon:
Au-delà de ces quelques joueurs, beaucoup ne parviennent pas à joindre les deux bouts. A peine sorti du court central, Maxime Forcin, bénéficiaire d’une invitation, enfile un t-shirt bariolé de sponsors. «Ce sont eux qui me permettent de faire du padel», affirme le Caennais de 33 ans, 550e mondial.
«Mon partenaire et moi donnons des cours à côté, donc ça reste compliqué pour nous de partir toutes les semaines à l’étranger. On n’a pas réussi à trouver le temps de jouer en compétition pendant un mois et demi avant ce Major», poursuit cet ancien joueur de tennis de bon niveau (700e mondial), qui a connu «la galère» des circuits secondaires. Il ajoute:
Un mode de vie éloigné des cadors hispaniques, à la professionnalisation plus avancée. (afp/yog)