Aryna Sabalenka a remporté l'US Open samedi dernier, en battant en finale l'Américaine Amanda Anisimova. La Biélorusse a été sacrée notamment grâce à la solidité de son service: dans cette finale, elle a inscrit un ace et commis seulement deux doubles fautes. Mais ça n'a de loin pas toujours été ainsi.
En août 2022, à Toronto, Sabalenka perdait un match contre Coco Gauff, en trois sets, après avoir commis... 18 doubles fautes. «La Biélorusse, en larmes, n'en peut plus», rappelle Eurosport. La veille, elle en avait déjà fait 16. Et même plus de 20 dans une rencontre à San Jose, une semaine plus tôt.
Dans un podcast publié ce mercredi, où elle a été invitée après son titre à New York, la numéro 1 mondiale est revenue sur cette période très compliquée. Elle a confié que ses galères au service l'ont presque poussée à ranger définitivement sa raquette, et ce même si elle était déjà dans le top 10 mondial:
Même un travail psychologique en profondeur n'a pas permis à Sabalenka de retrouver confiance en son service. Un geste très complexe techniquement et qui demande de la décontraction pour être réussi. Dès que des pensées parasites (la peur de faire une double faute, par exemple) surgissent pendant l'exécution du mouvement, le risque de mal lancer sa balle et de voir son bras ou ses jambes se crisper augmente drastiquement. Et avec, celui de faire une double faute.
Alors pour régler une bonne fois pour toute ce problème au service (important, car commettre beaucoup de doubles fautes a de quoi faire perdre un match), la Biélorusse a mandaté l'aide d'un biomécanicien. En l'occurence, l'Américain Gavin MacMillan. Et ce dernier n'y est pas allé de main morte lors de sa première discussion avec Sabalenka:
L'expert avait alors détecté un souci de lancer de balle chez la lauréate de l'US Open 2025. «Son bras de lancer s’effondrait après le lancer», analysait-il. De quoi déséquilibrer le corps, ce qui n'est pas idéal en servant.
Sabalenka a eu le courage de faire ces changements, en utilisant donc la biomécanique. Mais quésaco, en fait? Pour faire bref, il s'agit de l'étude scientifique des mouvements du corps humain. Le tennis en est devenu un objet dès la fin des années 1990, et c'est tout sauf un hasard tant les coups requièrent une mécanique gestuelle précise. Notamment le service.
Aujourd'hui, la technologie (informatique, capteurs, caméras) facilite grandement l'utilisation de cette méthode et l'a démocratisée. Conséquence: désormais, de nombreux joueurs pros s'en servent pour optimiser leurs gestes techniques. Soit parce qu'ils veulent rendre leurs coups plus efficaces, soit pour éviter les blessures.
Dernière utilisatrice en date: Coco Gauff, sacrée à Roland-Garros en juin, qui a également fait appel à Gavin MacMillan. Comme Sabalenka il y a trois ans, l'Américaine est exaspérée par son nombre de doubles fautes.
Concrètement, les joueurs se rendent sur un court indoor, autour duquel plusieurs caméras décortiquent leurs mouvements. Pour que l'ordinateur puisse reproduire sur l'écran les mouvements des joueurs en 3D, des capteurs sont placés sur le corps des athlètes.
En 2023, le magazine spécialisé Courts a réalisé un reportage dans le laboratoire de Rennes, qui a accueilli en 2018 un certain Daniil Medvedev venu corriger son service. Sa responsable, Caroline Martin, détaille le processus:
Pour Aryna Sabalenka, la biomécanique a visiblement parfaitement fonctionné. La Biélorusse «a divisé par deux son nombre de doubles fautes sur la saison entre 2022 et 2024», fait savoir Eurosport. Surtout, après sa collaboration avec Gavin MacMillan, elle a remporté quatre titres du Grand Chelem et est montée sur le trône du tennis mondial.
Son utilisation de cette technologie prouve aussi sa mentalité de championne, qui a cherché à progresser alors qu'elle faisait déjà partie des toutes meilleures tenniswomen. Le fameux sens du détail. Les puristes le savent: pour améliorer son service, il ne faut pas y aller avec le dos de la cuillère!