C'est une curiosité qui nous a interpellé cette semaine, à quelques jours de l'élection du nouveau président de World Curling: aucun Suisse ne se présente. Etonnant, quand on connaît l'importance de la discipline dans notre pays. Mais ce qui est plus étonnant encore, c'est que l'instance faîtière de ce sport de précision n'a jamais été présidée par un Helvète depuis sa création en 1966. Quatre Ecossais, Trois Canadiens, un Suédois, un Autrichien et un Américain se sont succédés.
Pourquoi n'avons-nous pas notre mot à dire? Cette question, nous l'avons posée à Patrick Hürlimann. Le Zougois connaît à la fois le curling pour avoir été champion olympique en 1998, et son instance dirigeante pour avoir été vice-président de la Fédération mondiale.
Patrick Hürlimann rappelle d'abord que «pour se porter candidat, il faut être délégué au sein de World Curling». Ce n'est pas un problème pour la Suisse, qui en possède quatre. L'ennui, selon le Zougois, c'est que ces quatre délégués sont choisis par le comité exécutif de Swiss Curling et que celui-ci «manque de stratégie».
Champion olympique avec M. Hürlimann en 1998, Patrik Lörtscher fait le même constat et pose une autre pierre dans la maison suisse. «Il y aurait chez nous des gens tout à fait compétents pour être candidats à la présidence de la Fédération mondiale. Le problème, c'est qu'ils ne sont pas au comité central de la Fédération suisse.»
Nous avons confronté le CEO de Swiss Curling, Tom Seger, au constat fait par nos anciens champions olympiques. Le dirigeant nous a très vite fait comprendre qu'il ne souhaitait pas leur répondre directement. Il a ajouté qu'il appellerait Patrick Hürlimann pour connaître son avis avec plus de précision. Il a accepté ensuite de commenter la stratégie de sa Fédération.
Six candidats se présentent cette année dans l'espoir de succéder à l'Ecossaise Kate Caithness: l'Australien Hugh Millikin, le Canadien Graham Prouse, le Norvégien Bent Ramsfjell, l'Américain Beau Welling, la Suédoise Helena Lingham et le Brésilien Sergio Mitsuo Vilela.
Le vainqueur de l'élection de dimanche occupera la fonction durant les quatre prochaines années. Il faudra du temps, donc, avant qu'un Helvète ne puisse briguer un poste qui changerait beaucoup de choses pour les curleurs de notre pays, et pas seulement.
«Swiss Olympic aurait aussi un intérêt à ce que le président de World Curling soit Suisse, car l'influence de notre pays au sein du Comité international olympique se réduit de plus en plus: Blatter et Fasel sont partis, Kasper et Baumann sont décédés, rappelle Patrick Hürlimann. Swiss Olympic devrait mener une stratégie commune avec les Fédérations olympiques afin de ne pas perdre le pouvoir que nous avions au CIO.»