Les amoureux de la course «Tro Bro Leon» ont chaque année deux raisons de se réjouir: quand la course a lieu, et quand l'affiche de la manifestation est dévoilée. «Chaque année, elle est attendue comme le cru du beaujolais nouveau», exagère à peine Ouest-France. La classique bretonne a en effet pris l'habitude de surprendre le public par le visuel très original de sa publicité.
C'est encore le cas cette saison, où c'est un cycliste-corsaire, drapeau breton dans une main et épée dans l'autre, qui annonce la tenue de la manifestation estampillée 1.Pro (2e division du vélo).
Mоmméе «l'Enfеr dе l'Ouеst», en référence à «l'Enfer du Nord» (le surnom de Paris-Roubaix), la course passe par des chemins de pierre et des champs d’échalotes. Elle célèbre les marins et les paysans et remet au vainqueur un porcelet, d'où sa présence sur chaque visuel.
«Que faire avec le cochon? Chaque année, c'est la même question», relevait Libération en 2018, avant d'esquisser les deux possibilités qui s'offrent au vainqueur: «S'il n'habite pas trop loin, le coureur embarque l'animal et le confie aux bons soins d'un copain éleveur. Les autres abandonnent sur place leur trophée, qui termine sans suspense en ragoût (le kig ha farz), repas de fête pour les organisateurs bénévoles.»
Les affiches sont réalisées depuis 2004 par le «Druide» Jean-Paul Mellouët, créateur de l'épreuve, graphiste en retraite et dessinateur depuis l'enfance.
Chaque hiver, Mellouët s’enferme dans son bureau et reprend les photos de la dernière édition en quête d'un visage ou d'une scène qu'il pourrait reproduire. Dès qu'il l'a trouvé, il en fait un dessin. Cela lui prend deux jours de travail et le résultat est toujours spectaculaire, souvent surprenant.
Mais il arrive parfois au dessinateur de manquer un peu d'inspiration. Comme pour l'affiche 2020, dédiée à l’Italien Andrea Vendrame (Androni). «Un Italien? Qu’est-ce que tu voulais que je fasse avec ça?, s'est marré Mellouët dans Ouest-France. Alors, je l’ai dessiné en gladiateur. Et quand le Covid est arrivé, on a remplacé le cochon par le virus et on a mis un masque au coureur.»
L'organisateur a aussi ajouté une petite inscription au pied du dessin, un mot en breton («kenavo») qui veut dire «au revoir». Cette affiche appartient désormais à l'histoire. Elle est le marqueur d'une époque, d'un épisode de l'histoire (petit ou grande), comme beaucoup d'autres de cette classique à part dans le calendrier.