Ce grand pays européen vit très bien sans la VAR
Le week-end dernier encore, l’assistance vidéo à l’arbitrage a fait polémique sur plusieurs terrains. En Bundesliga, l'entraîneur de l’Union Berlin s’est emporté après le match nul 2-2 de son équipe face au Bayern Munich: la réussite rapide des Berlinois avait été annulée par la VAR pour un hors-jeu minime du buteur Ilyas Ansah. A l’œil nu, il était pratiquement impossible de voir que le joueur se trouvait en position illicite.
La preuve:
La semaine précédente déjà, l’Union Berlin avait pesté contre la VAR : un but d’Andrej Ilić lors du 0-0 face à Fribourg avait été annulé après un interminable examen des images par l’arbitre Sören Storks.
Une nation fait exception
Les cas du club de la capitale allemande ne sont pas isolés. Chaque semaine, les débats autour de l’arbitrage vidéo refont surface à la suite de décisions souvent sujettes à interprétation – et la controverse est très répandue, puisque 29 des 30 principales ligues européennes utilisent la VAR. Une seule nation fait exception: la Suède.
A l’été 2024, la Suède a tranché par un vote démocratique de principe: l’assistance vidéo ne fera pas son apparition dans le football professionnel du pays, ni maintenant ni à l’avenir. 18 des 32 meilleurs clubs suédois s’étaient prononcés contre l’introduction de la VAR lors d’un vote.
«Nous respectons cette position, c’est pourquoi nous n’avons pas soumis de nouvelle proposition concernant la VAR lors de la dernière assemblée des représentants», a déclaré l’ancien président de la Fédération suédoise, Fredrik Reinfeldt, peu après la décision des clubs. Celui-ci s’était pourtant prononcé auparavant en faveur de l’arbitrage vidéo. Il n’existe d’ailleurs apparemment aucune obligation de la part de l’UEFA d’imposer la VAR. «D’après ce que j’ai entendu, la décision nous appartient. Et elle est assez claire: les clubs ne veulent pas de l’introduction de cette technologie», a précisé Reinfeldt.
Si un tel scénario a été possible, c’est pour une raison bien précise. En Suède, les clubs sont largement dirigés par leurs supporters. En effet, 51 % des droits de vote doivent, dans le sport suédois, rester entre les mains des clubs eux-mêmes – et donc de leurs membres. Ce système empêche notamment qu’un propriétaire unique puisse racheter un club. La structure est proche du modèle allemand du « 50+1 », une règle du football qui stipule que le club d’origine d’une section professionnelle doit toujours conserver la majorité des voix (au moins 50% plus une voix).
Des fans de classe mondiale
La « 51-procentregeln » (règle des 51 %), en Suède, n’a pas seulement freiné les ambitions de potentiels investisseurs l’an dernier: elle a aussi barré la route à la VAR. Une évolution que l’ancien international suédois Bojan Djordjic a saluée en 2024 dans un entretien accordé à la Süddeutsche Zeitung (SZ). «Nous sommes un petit pays, mais avec des supporters de classe mondiale, donc nous devons les écouter», a-t-il expliqué à propos de l’influence des fans dans le football suédois. Selon lui, il n’y a «aucune raison d’inventer sans cesse de nouvelles choses qui détruisent le jeu que nous aimons». La majorité des Suédois partage cette opinion.
Mais alors, n’y a-t-il pas non plus de polémiques en Scandinavie à propos de penalties oubliés ou de hors-jeu mal signalés? Bien sûr que si, précise Djordjic. «Mais les erreurs d’arbitrage font aussi débat dans les ligues qui utilisent l’assistance vidéo», souligne-t-il. Et plus d’un an plus tard, les faits lui donnent toujours raison: la récente polémique en Bundesliga autour du but refusé d’Ilyas Ansah face au Bayern Munich en est la meilleure preuve.
(jcz/t-online)
