Il y aura un match dans le match, samedi soir en finale de Ligue des champions. Un duel à distance, entre les deux hommes les plus éloignés sur le terrain: le gardien de l’Inter Milan, Yann Sommer, et son homologue du Paris Saint-Germain, Gianluigi Donnarumma.
Cette confrontation entre ces deux cracks sera forcément scrutée de très près en Suisse, où Sommer, ex-portier de la Nati, est le chouchou national. Mais c’est le monde entier qui est tombé amoureux du Bâlois après ses deux formidables prestations contre Barcelone en demi-finale, lors desquelles il a multiplié les arrêts miraculeux.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes l’ont alors présenté comme le meilleur dernier rempart de la planète. «Sommer et Donnarumma font partie des cinq meilleurs gardiens actuels du monde», valide Thierry Barnerat, analyste vidéo personnel de Thibaut Courtois (Real Madrid).
L’expert genevois ne décèle aucun véritable point faible chez les deux hommes quand il s’agit de défendre leur cage. «Donnarumma est meilleur dans les duels en un contre un, car il maîtrise mieux que Sommer la technique de la croix (écarter les bras et jambes en faisant face à l'adversaire pour lui opposer le corps au maximum). Et grâce à sa plus grande taille (196 cm), il peut sortir des ballons que Sommer (183 cm) n’arrive même pas à toucher», détaille-t-il.
Thierry Barnerat donne un exemple: la frappe du Barcelonais Raphinha, que Sommer dévie du bout des doigts sur la transversale, mais qui tape ensuite son dos et finit dans la cage.
Mais l’Helvète possède, lui aussi, un avantage sur le Transalpin: son jeu aux pieds.
Et sous la pression des attaquants adverses, le gardien du PSG n’est pas infaillible. «Il n'est pas toujours stable émotionnellement dans ce genre de situations», observe Thierry Barnerat. Un manque de sérénité qui peut le pousser à la faute. Beaucoup se souviennent, par exemple, de sa perte de ballon face à Karim Benzema contre le Real Madrid en 8e de finale de la Champions League il y a trois ans, qui avait coûté un goal aux Parisiens.
Mais Thierry Barnerat n’accable pas l’Italien. Au contraire! Pour lui, si Donnarumma s’est parfois mis dans des situations périlleuses ballon aux pieds, «c’est pour éviter de mettre en danger ses défenseurs» en leur refilant la patate chaude. «Gigio», comme l’appelle affectueusement le Genevois, «est très altruiste et cherche toujours à aider ses coéquipiers». Mais parfois, il aurait intérêt à jouer plus simple, quitte à faire perdre à son équipe la possession du ballon en dégageant celui-ci loin ou en touche.
Lors de la demi-finale du PSG contre Arsenal, Thierry Barnerat a fait une observation sur ce genre de phase de jeu, qui l’a beaucoup interpellé. «J’ai remarqué que dès que les Parisiens étaient sous pression, ils évitaient systématiquement de donner un ballon en retrait à Donnarumma et préféraient écarter sur les ailes en sollicitant les défenseurs latéraux, placés à une quinzaine de mètres de leur cage».
L’expert applaudit la tactique:
Thierry Barnerat ne serait donc pas du tout étonné si le PSG applique à nouveau ce schéma de jeu samedi face à l’Inter Milan.
S’il était dans le staff parisien, le Genevois donnerait aussi un conseil à Gianluigi Donnarumma: ne pas rester trop haut dans le terrain quand son équipe perd le ballon. «Il s’aventure particulièrement loin de sa cage. Ça peut être dangereux s’il faut tout à coup sprinter vers son but dos au jeu, au risque de ne plus voir le ballon et d'être désorienté. D’autant plus que l’Inter excelle dans les contre-attaques, en se propulsant très vite vers l’avant.»
Une chose est certaine: samedi, Sommer ou Donnarumma, deux des plus brillants gardiens du monde, soulèvera sa première Ligue des champions. Et elle sera entièrement méritée au vu de leurs prestations cette saison.