Scène surréaliste dimanche à la 81e minute du match entre Saint-Gall et Young Boys. Alors que les Bernois sont menés 4-0 et viennent de concéder une énorme occasion, leur gardien, David von Ballmoos, sprinte vers son défenseur Jaouen Hadjam et l'agrippe au col, tout en lui passant un savon.
Après la rencontre (perdue 4-0 par YB), le portier – qui s'est excusé envers son coéquipier, comme le fait savoir 20 Minuten – a expliqué son coup de sang au micro de blue Sport:
Pareille échauffourée entre deux membres d'une même équipe est très rare dans le football professionnel, y compris en Super League. On se souvient de celle, en 2009, entre le gardien du FC Bâle Franco Costanzo et son défenseur Beg Ferati. Reprochant à ce dernier d'être fautif sur le but du FC Zurich, le portier lui avait notamment tiré les cheveux à la fin du match. C'est l'attaquant zurichois Éric Hassli qui avait dû séparer les deux hommes.
Costanzo avait écopé d'une amende de la part de son club et de trois matchs de suspension de la part de la ligue.
C'est le point 12.3 des lois de l'International Football Association Board (IFAB), les «infractions passibles d’exclusion», qui régit ce genre de cas. Et comme son nom l'indique, il sanctionne un joueur qui «commet un acte de brutalité» d'un possible carton rouge.
Or, David von Ballmoos n'a rien reçu dimanche. Aucune suspension après coup de la ligue, ni même un carton jaune sur le moment. «Oui, le règlement prévoit des sanctions contre un joueur qui agresserait un coéquipier. Car il y a une atteinte au fair-play. Mais, dans ce genre de cas, il y a une différence entre la théorie et la pratique», éclaire Sébastien Pache, ancien arbitre de Super League.
Le degré de violence est également déterminant: si David von Ballmoos avait frappé Jaouen Hadjam, «dans ce cas, oui, le directeur de jeu aurait dû l'expulser», analyse Sébastien Pache. Mais l'incident n'a, heureusement, pas atteint ce stade.
Lors d'une altercation moindre, comme celle entre les deux Bernois, l'ex-sifflet préconise surtout la discussion avec les deux protagonistes. «Un arbitre n'a aucun intérêt à se mettre en avant dans pareille situation en sanctionnant le joueur», tranche-t-il. «En général, elle se règle entre les acteurs ou par l'intermédiaire de l'entraîneur ou du capitaine».
A Young Boys, c'est justement David von Ballmoos qui porte le brassard. En s'excusant dans les vestiaires, dès la fin du match, envers Jaouen Hadjam et en regrettant devant les caméras son geste, le gardien bernois a donc donné raison à l'homme en noir, Urs Schnyder, de ne pas intervenir sur cette action.
En espérant pour les pensionnaires du Wankdorf que ce rabibochage leur serve de déclic psychologique: champions en titre, ils sont derniers après trois défaites lors des trois premiers matchs de la saison. Ils recevront Zurich dimanche lors de la prochaine journée de Super League.