Aujourd'hui encore, lorsque l'on parle de Didier Cuche, c'est à son célèbre «ski-flip» auquel tout le monde pense. A chaque fois qu'il réussissait une bonne prestation, le Neuchâtelois montrait sa joie selon un rituel immuable: il desserrait la fixation du ski droit, puis expédiait sa spatule dans les airs en la faisant tournoyer, avant de la récupérer de la main droite.
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— Balázs Boldizsár (@bbozsi) January 21, 2021
Ce geste est né en 2002 à Adelboden. Par hasard. Au fil de la saison, Cuche s'était rapproché de la victoire en géant. Après une 17e place à Sölden, il avait progressé en se classant 7e (Val d'Isère) puis 4e et 3e (deux fois à Kranjska Gora), mais c'est en Suisse qu'il allait atteindre le point culminant de sa jeune carrière.
Ce jour-là, 17'000 fans sont massés au pied de la légendaire pente d'arrivée. Lors de la première manche, Cuche devance le Français Frédéric Covili de 1 seconde 10. Mais peu après s'être élancé sur le second tracé, il glisse à la quatrième porte, se rattrape de façon acrobatique et parvient à sauvegarder son avance jusqu'en bas, décrochant ainsi sa deuxième victoire en Coupe du monde depuis son triomphe en descente à Kitzbühel en 1998.
Cuche veut fêter comme il se doit la première victoire suisse de la saison. «J'ai donné un coup de pied au ski en le déchaussant, car je voulais qu'il s'envole horizontalement vers l'avant», racontera-t-il des années plus tard. Mais sa manoeuvre échoue:
Le mythique «ski-flip» est né, sous les vivats de la foule. «Les fans pensaient que je l'avais planifié ainsi. En fait, c'était le hasard», admettra Didier Cuche. Le Neuchâtelois décide ensuite donc de peaufiner son nouveau trick, qu'il appelle «lancer de ski», à l'entraînement. Il le fera désormais à chaque fois qu'il sera particulièrement satisfait de sa course.
Didier Cuche décrochera encore 19 victoires. A chaque fois, les fans guetteront avec impatience sa figure, que le skieur réussira toujours...sauf une fois, après sa descente de 2003 à Bormio. «Le ski s'est écrasé sur mon casque», dira Cuche en riant. La scène aura les honneurs de la fameuse émission «Watts Zap» sur Eurosport.
Lors des adieux de Cuche en mars 2012 à Schladming, pratiquement tous les skieurs tenteront le «lancer de ski» à l'arrivée. Personne n'y parviendra aussi bien que le champion lui-même. Celui-ci fera la course dans une tenue du passé avec de vieilles lattes de bois. À l'arrivée, il ne se privera pas de montrer une dernière fois son trick avec son équipement d'antan:
Enfin, presque une dernière fois... Car en 2013, une vidéo apparaîtra sur Facebook, où l'on verra Cuche tenter une nouvelle fois son «lancer de ski», expédiant sa spatule dans la vitre du bus de l'équipe autrichienne!
Une mise en scène en forme d'hommage au skieur neuchâtelois, et ce ne sera pas le seul clin d'oeil qui lui sera adressé cette année-là. Car lors du Super-G des Championnats du monde 2013 à Schladming, le dernier skieur à franchir la ligne d'arrivée avec le numéro 82 (le Hongrois Marton Kekesi) tentera lui aussi le fameux «ski-flip», qu'il réussira d'ailleurs presque à la perfection.