Sport
Super League

Sion et Servette doivent-ils se méfier des deux bêtes blessées?

Image
Image: Keystone

Sion et Servette doivent-ils se méfier des deux bêtes blessées?

Les Romands ont bien démarré leur saison avec une victoire chacun. Pour leur deuxième match de l'exercice ce dimanche, ils sont opposés à deux équipes énervées: Bâle et Young Boys.
24.07.2022, 10:0026.07.2022, 10:46
Jonathan Amorim
Plus de «Sport»

Dimanche, Servette se déplace à Bâle à 14h15 alors qu'à 16h30 Sion recevra YB. Une double confrontation compliquée pour les deux clubs romands qui ont démarré parfaitement leur saison le week-end passé, les Valaisans s'imposant 3-2 à Lugano et les Servettiens battant 1-0 Saint-Gall à la maison.

Le classement dimanche matin

Image
Image: TXT

Face à eux ce week-end, deux bêtes blessées, deux clubs qui ont régné sur le football suisse avant de se voir déloger la saison passée par un surprenant FC Zurich. Aujourd'hui, Bâlois et Bernois veulent reconquérir leur statut de meilleur club du pays. Avec des stratégies bien différentes. Analyse avec l'expertise de l'ancien des deux clubs, Carlos Varela.

A YB, la stabilité

Du côté de Berne, l'été a été mouvementé. Première gros changement cet été: l'arrivée de Steve von Bergen comme directeur sportif et le transfert de Christoph Spycher au conseil d'administration. Ce dernier explique cette rocade de la manière suivante:

«Nous voulions et devions renforcer l'aspect sportif. Avec Steve von Bergen, nous avons désormais une personne qui peut s'occuper de la première équipe 24 heures sur 24. Ces dernières années, le carrousel des transferts s'est accéléré.»
Christoph Spycher pour watson.ch
Image
keystone

Un renforcement pensé qui a permis à YB d'effectuer un mercato très costaud et surtout, bien pensé. C'est en tout cas l'avis de l'ancien de la maison, Carlos Varela: «L'arrivée de Steve von Bergen permet à Christoph Spycher de prendre de la hauteur dans le club. C'est un signe de continuité, de stabilité qui se lit également dans le mercato. YB aurait pu vendre mais ils ont su garder leurs joueurs tout en apportant quelques retouches nécessaires dans le contingent. À Berne, tout est pensé à moyen-long terme, avec des projets individuels pour chaque joueur sur 2-3 ans. Quand un mec arrive à YB, il sait où il sera dans trois ans, et c'est important, ça lui permet de s'intégrer pleinement dans le projet collectif.»

Cet été, YB a recruté cinq joueurs pouvant potentiellement intégrer son onze :

  • Loris Benito, venu renforcer le côté gauche de la défense et qui connaissait déjà la maison
  • Cedric Itten, un buteur confirmé qui connait très bien le championnat suisse
  • Kevin Ruëgg, venu lui renforcer le couloir droite bernois avec son expérience également du championnat et son profil très physique, rare à ce poste
  • Filip Ugrinic, révélation du dernier exercice à Lucerne
  • Donat Rrudhani, un des meilleurs joueurs de Challenge League la saison passée
Cedric Itten, une des recrues apportant la deuxième retouche estivale apportée par YB
Cedric Itten, une des recrues apportant la deuxième retouche estivale apportée par YB keystone

A ces arrivées, on peut encore ajouter les retours de prêt d'Nsame et de Jankewitz. Le cas de figure d'Alexandre Jankewitz est par ailleurs assez symbolique de la bonne gestion individuelle à YB. Carlos Varela:

«A YB, quand tu es jeune, tu as le droit à l'erreur, ce qui n'est pas le cas partout, notamment en Romandie. Alexandre, c'est la preuve qu'à YB, il y a un projet derrière chaque joueur. Après son prêt à Saint-Gall, il a été titulaire lors de la première rencontre contre Zurich. Son évolution est suivie. D'autres clubs devraient s'en inspirer. »

Ce mercato transmet une certaine stabilité, une certaine confiance qui règne à YB malgré un exercice difficile la saison passé: «Bien sûr, c'est toujours plus agréable d'être du bon côté de la barrière. Mais nous savions qu'un jour ou l'autre, ce mauvais moment arriverait. Tout simplement parce que cela fait partie du business. Mais cette dernière saison ne m'a pas complètement déstabilisé», expliquait Christoph Spycher récemment à nos collègues alémaniques.

C'est également l'expertise que dresse Carlos Varela : «YB travaille bien et même la saison passée, on avait l'impression qu'ils savaient où ils allaient. Ils ont eu un passage à vide notamment à cause de quelques blessures. Cet été, ils ont travaillé à corriger les erreurs de la saison passée en apportant quelques retouches au club.»

La riche carrière de Carlos Varela

L'actuel consultant pour blue Sports Romandie laisse derrière lui un immense carrière de joueur de football dans notre pays. Il a représenté Bâle entre 1999 et 2004 et YB de 2005 à 2009. Il est d'ailleurs l'un des rares joueurs à avoir évolué dans les deux clubs. Au total, il a joué plus de 360 matchs de Super League (49 buts) et remporté deux championnats (1999 avec Servette et 2004 avec Bâle) et deux Coupes (2002 et 2003 avec Bâle). Costaud.

La dernière retouche n'est pas des moindres avec l'arrivée sur le banc de Raphaël Wicky, arrivé à Berne pour redresser le navire et remettre YB à sa juste place. Le profil du Haut-Valaisan colle parfaitement à la vision du club bernois : «Raphaël, c'est un profil à la Gerardo Seoane. Un jeune entraineur avec un style de jeu clair et une belle expérience. On a l'impression que Wicky vient pour s'imposer dans la durée. Bien évidemment, quelques points d'interrogations accompagnent cette arrivée. Seul les résultats pourront apporter les premières réponses.»

Image
Image: Keystone

Le nouvel homme d'YB semble en tout cas conscient de sa tâche. Pour Le Nouvelliste, il s'est montré extrêmement clair sur ses ambitions : «Nous voulons devenir champions. Ce ne sera pas simple. Deux équipes nous ont précédés, elles partagent le même objectif que nous (...) Le troisième rang n’a satisfait personne la saison dernière. Cela ne fait pas de nous le grand favori aujourd’hui.»

Le premier élément de réponse a en tout cas été envoyé le week-end dernier avec un sec 4-0 infligé au champion en titre, Zurich. Ce match a également apporté quelques premiers éléments sur lesquels on peut se reposer pour imaginer la suite de la saison à Berne:

  • Il faudra suivre Fabian Rieder cette saison. A 20 ans, cette saison pourrait être celle de l'explosion pour le jeune joueur formé au club. Contre Zurich, il a inscrit son premier but de la saison. En Conference League jeudi soir, il a offert le but de la victoire à Fassnacht.
  • Le peuple bernois est toujours derrière son équipe. Malgré le dernier exercice décevant, le match contre Zurich a été joué à guichet fermé (31'120 spectateurs). A titre de comparaison, Servette a joué contre Saint-Gall devant un peu plus de 5'000 spectateurs. Un monde sépare la passion qui habite les clubs alémaniques des clubs romands. Un élément qui pourrait à nouveau faire la différence cette saison.
  • YB possède une profondeur de banc stratosphérique! Contre Zurich, on retrouvait notamment Benito, Nsame, Ugrinic ou encore Itten sur le banc. Un dernier élément que Carlos Varela vient nuancer : «Attention, le banc était impressionnant car il y avait pas mal de jeunes sur le terrain. L'effectif va se rééquilibrer ces prochaines semaines même si, en effet, avec ce contingent, YB part clairement favori.»

Sion est averti. Il affrontera un YB retouché et revanchard, qui ne se gênera pas pour continuer à envoyer des signaux clairs à la Super League du côté de Tourbillon.

A Bâle, le business et la popularité

Avant YB, le FC Bâle a régné sur le football suisse pendant de longues années, remportant 8 titres consécutifs entre 2010 et 2017. Une domination qui fait partie du passé, le club bâlois se contentant des places d'honneur en championnat et de quelques jolis parcours européens. Pour renouer avec son glorieux passé, le FCB est dirigé depuis l'année passée par David Degen.

The new (et controversé) boss
The new (et controversé) boss

L'ancien latéral dirige son club d'une manière bien particulière depuis son arrivée, plaçant le business au centre de ses priorités. Il y a déjà eu passablement de mouvements en interne la saison passée. Niveau mercato, l'ancien latéral du FC Bâle a apporté son réseau et son expertise d'ancien agent. Le projet est clair: recruter, recruter et encore recruter pour mettre en avant des jeunes pépites et réaliser des plus-values. Un pari risqué comme nous l'explique Carlos Varela:

«On est sur du football-business. Et c'est risqué. Quand les joueurs sont là pour se mettre en avant, ils vont avoir tendance à faire de leurs objectifs personnels une priorité, au détriment des objectifs collectifs. A mon époque à Bâle, ce qui avait fait notre réussite, c'était notre état d'esprit, on était tous concentrés sur nos objectifs communs. Le cas Esposito la saison passée est symptomatique des problèmes que peuvent amener une gestion comme celle-ci. Après quelques belles performances, le joueur a disparu des radars.»

Cet été, Bâle a enregistré 14 arrivées et 12 départs. Presque 50% du cadre bâlois a été renouvelé. Beaucoup trop selon Varela: «J'ai l'impression qu'YB fait actuellement ce que Bâle faisait à mon époque (quelques retouches par mercato). Et que Bâle fait ce qu'YB a fait pendant de longues années (de nombreux changements à chaque mercato). Aujourd'hui, au FC Bâle, on modifie le cadre chaque saison. C'est difficile de construire un groupe de cette manière. J'ai comparé le onze bâlois contre Winthertur avec l'effectif de 2020, il n'y avait que deux joueurs déjà présents il y a deux ans!»

Parmi eux: Fabian Frei.
Parmi eux: Fabian Frei.

L'effectif bâlois reste toutefois très qualitatif avec de nombreux joueurs confirmés de Super League mais également un grand nombre de jeunes talents. Les recrues arrivent de marchés bien différents :

  • De France, avec Andy Diouf (Stade Rennais), Jean-Kévin Augustin (Nantes) et Hugo Vogel (Olympique Lyonnais B)
  • D'Allemagne avec Kasim Adams (Hoffenheim), Marwin Hitz (Borussia Dortmund) et Anton Kade (Hertha Berlin)
  • D'Espagne avec Arnau Comas (Barcelona B)
  • De Suisse avec Zeki Amdouni (Lausanne), Sayfallah Ltaief (Winterthur), Yannick Marchand (NE Xamax), Mirko Salvi (Yverdon), Kaly Sène (GC) et Tician Tushi (Winterthur)

Au final, l'effectif bâlois est à nouveau l'un des meilleurs du pays, faisant du FCB l'un des favoris logique au titre de champion. C'est également l'avis de l'ancien ailier de la maison:

«Contre Winthertour, le FC Bâle a manqué d'automatismes, ce qui est normal au vu des nombreux mouvements dans l'équipe. Toutefois, qualitativement et individuellement, l'effectif bâlois reste l'un des meilleurs du pays.»
Carlos Varela

Le FC Bâle pourra compter sur un autre élément important: sa côte de popularité. La ville de Bâle respire pour son club: «Même le boulanger du coin aura une écharpe du club dans sa boutique», appuie Carlos Varela.

Le magnifique tifo de la Muttenzerkurve la saison dernière.
Le magnifique tifo de la Muttenzerkurve la saison dernière.

Une ferveur «à l'allemande», incomparable en Suisse et qui se nourrit encore des années glorieuses du FCB lors du début du 21ème siècle. Cette popularité s'additionne à une autre caractéristique propre au club bâlois: l'égo. «Il faudra également se méfier de l'orgueil bâlois, prévient Carlos Varela. Les Rhénans vont vraiment vouloir regagner le championnat. Ça peut marcher.»

Plus d'articles sur le sport

Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Le basket suisse fait tout pour draguer les Alémaniques
La fédération (Swiss Basketball) part à la conquête des territoires d'outre-Sarine, indispensables pour réussir ses grandes réformes.

«C'est triste, parce que dès que les médias parlent du basket suisse, c'est pour en dire des choses négatives», nous confiait au tournant des années 2020 un cadre de Swiss Basketball, dépité.

L’article