Dimanche, Servette se déplace à Bâle à 14h15 alors qu'à 16h30 Sion recevra YB. Une double confrontation compliquée pour les deux clubs romands qui ont démarré parfaitement leur saison le week-end passé, les Valaisans s'imposant 3-2 à Lugano et les Servettiens battant 1-0 Saint-Gall à la maison.
Face à eux ce week-end, deux bêtes blessées, deux clubs qui ont régné sur le football suisse avant de se voir déloger la saison passée par un surprenant FC Zurich. Aujourd'hui, Bâlois et Bernois veulent reconquérir leur statut de meilleur club du pays. Avec des stratégies bien différentes. Analyse avec l'expertise de l'ancien des deux clubs, Carlos Varela.
Du côté de Berne, l'été a été mouvementé. Première gros changement cet été: l'arrivée de Steve von Bergen comme directeur sportif et le transfert de Christoph Spycher au conseil d'administration. Ce dernier explique cette rocade de la manière suivante:
Un renforcement pensé qui a permis à YB d'effectuer un mercato très costaud et surtout, bien pensé. C'est en tout cas l'avis de l'ancien de la maison, Carlos Varela: «L'arrivée de Steve von Bergen permet à Christoph Spycher de prendre de la hauteur dans le club. C'est un signe de continuité, de stabilité qui se lit également dans le mercato. YB aurait pu vendre mais ils ont su garder leurs joueurs tout en apportant quelques retouches nécessaires dans le contingent. À Berne, tout est pensé à moyen-long terme, avec des projets individuels pour chaque joueur sur 2-3 ans. Quand un mec arrive à YB, il sait où il sera dans trois ans, et c'est important, ça lui permet de s'intégrer pleinement dans le projet collectif.»
Cet été, YB a recruté cinq joueurs pouvant potentiellement intégrer son onze :
A ces arrivées, on peut encore ajouter les retours de prêt d'Nsame et de Jankewitz. Le cas de figure d'Alexandre Jankewitz est par ailleurs assez symbolique de la bonne gestion individuelle à YB. Carlos Varela:
Ce mercato transmet une certaine stabilité, une certaine confiance qui règne à YB malgré un exercice difficile la saison passé: «Bien sûr, c'est toujours plus agréable d'être du bon côté de la barrière. Mais nous savions qu'un jour ou l'autre, ce mauvais moment arriverait. Tout simplement parce que cela fait partie du business. Mais cette dernière saison ne m'a pas complètement déstabilisé», expliquait Christoph Spycher récemment à nos collègues alémaniques.
C'est également l'expertise que dresse Carlos Varela : «YB travaille bien et même la saison passée, on avait l'impression qu'ils savaient où ils allaient. Ils ont eu un passage à vide notamment à cause de quelques blessures. Cet été, ils ont travaillé à corriger les erreurs de la saison passée en apportant quelques retouches au club.»
La dernière retouche n'est pas des moindres avec l'arrivée sur le banc de Raphaël Wicky, arrivé à Berne pour redresser le navire et remettre YB à sa juste place. Le profil du Haut-Valaisan colle parfaitement à la vision du club bernois : «Raphaël, c'est un profil à la Gerardo Seoane. Un jeune entraineur avec un style de jeu clair et une belle expérience. On a l'impression que Wicky vient pour s'imposer dans la durée. Bien évidemment, quelques points d'interrogations accompagnent cette arrivée. Seul les résultats pourront apporter les premières réponses.»
Le nouvel homme d'YB semble en tout cas conscient de sa tâche. Pour Le Nouvelliste, il s'est montré extrêmement clair sur ses ambitions : «Nous voulons devenir champions. Ce ne sera pas simple. Deux équipes nous ont précédés, elles partagent le même objectif que nous (...) Le troisième rang n’a satisfait personne la saison dernière. Cela ne fait pas de nous le grand favori aujourd’hui.»
Le premier élément de réponse a en tout cas été envoyé le week-end dernier avec un sec 4-0 infligé au champion en titre, Zurich. Ce match a également apporté quelques premiers éléments sur lesquels on peut se reposer pour imaginer la suite de la saison à Berne:
Sion est averti. Il affrontera un YB retouché et revanchard, qui ne se gênera pas pour continuer à envoyer des signaux clairs à la Super League du côté de Tourbillon.
Avant YB, le FC Bâle a régné sur le football suisse pendant de longues années, remportant 8 titres consécutifs entre 2010 et 2017. Une domination qui fait partie du passé, le club bâlois se contentant des places d'honneur en championnat et de quelques jolis parcours européens. Pour renouer avec son glorieux passé, le FCB est dirigé depuis l'année passée par David Degen.
L'ancien latéral dirige son club d'une manière bien particulière depuis son arrivée, plaçant le business au centre de ses priorités. Il y a déjà eu passablement de mouvements en interne la saison passée. Niveau mercato, l'ancien latéral du FC Bâle a apporté son réseau et son expertise d'ancien agent. Le projet est clair: recruter, recruter et encore recruter pour mettre en avant des jeunes pépites et réaliser des plus-values. Un pari risqué comme nous l'explique Carlos Varela:
Cet été, Bâle a enregistré 14 arrivées et 12 départs. Presque 50% du cadre bâlois a été renouvelé. Beaucoup trop selon Varela: «J'ai l'impression qu'YB fait actuellement ce que Bâle faisait à mon époque (quelques retouches par mercato). Et que Bâle fait ce qu'YB a fait pendant de longues années (de nombreux changements à chaque mercato). Aujourd'hui, au FC Bâle, on modifie le cadre chaque saison. C'est difficile de construire un groupe de cette manière. J'ai comparé le onze bâlois contre Winthertur avec l'effectif de 2020, il n'y avait que deux joueurs déjà présents il y a deux ans!»
L'effectif bâlois reste toutefois très qualitatif avec de nombreux joueurs confirmés de Super League mais également un grand nombre de jeunes talents. Les recrues arrivent de marchés bien différents :
Au final, l'effectif bâlois est à nouveau l'un des meilleurs du pays, faisant du FCB l'un des favoris logique au titre de champion. C'est également l'avis de l'ancien ailier de la maison:
Le FC Bâle pourra compter sur un autre élément important: sa côte de popularité. La ville de Bâle respire pour son club: «Même le boulanger du coin aura une écharpe du club dans sa boutique», appuie Carlos Varela.
Une ferveur «à l'allemande», incomparable en Suisse et qui se nourrit encore des années glorieuses du FCB lors du début du 21ème siècle. Cette popularité s'additionne à une autre caractéristique propre au club bâlois: l'égo. «Il faudra également se méfier de l'orgueil bâlois, prévient Carlos Varela. Les Rhénans vont vraiment vouloir regagner le championnat. Ça peut marcher.»