Ce Suisse a une idée pour révolutionner l'arbitrage en foot
Lorsque Brent Reiber (58 ans) a repris en août son bureau de chef des arbitres suisses de hockey sur glace, il retrouvait un terrain familier. Pendant dix-sept ans (1997-2014), il a officié comme arbitre professionnel sur la glace, puis dirigé les arbitres durant six ans (2014-2020), avant de passer au football.
Durant quatre ans (2021-2025), il a été responsable des arbitres de Super League et Challenge League. Du coup, peu de personnes sont mieux placées que lui pour expliquer pourquoi les cultures du hockey et du football sont plus éloignées qu’on ne le pense, et ce que les deux disciplines peuvent s’apprendre mutuellement.
«Dans le hockey, je me rends à la vidéo pour disposer d’une meilleure base décisionnelle», explique Brent Reiber.
Cette phrase concentre le cœur du problème: au hockey, la vérification vidéo est donc un outil d’appui; au football, une sorte d’aveu de faiblesse, et lorsque l’arbitre traverse le terrain pour rejoindre l’écran, cela ressemble parfois à un chemin de pénitence. Deux philosophies différentes, qui influencent à la fois la manière de travailler des arbitres et la perception qu’on en a. Au hockey, le public se dit: «Bon, il vérifie». Au football: «Ah, encore une fois, il n’a rien vu».
La VAR est un dispositif du football qui, d’un côté, apporte davantage de justice, mais, de l’autre, nourrit l’attente de perfection et accroît la pression. «Le système VAR fait en sorte que presque tout soit vu. Mais l’interprétation des images reste humaine. La perfection n’existe pas. Or, lors de son introduction, la VAR a suscité précisément cette attente auprès du public, et elle perdure encore aujourd’hui», souligne Reiber.
Quiconque s’imagine que l’assistant vidéo bénéficie d’un travail détendu, assis devant ses moniteurs, se trompe lourdement. Brent Reiber compare sa tâche à celle d’un contrôleur aérien.
Une seule erreur, et ce sont des débats interminables dans les médias et au café du commerce.
La comédie des footeux complique la tâche
Brent Reiber dégage encore un autre aspect qui complique la tâche des arbitres de football par rapport au hockey:
A cela s’ajoute une différence décisive. «Au hockey, on évalue l’action – correcte ou non, point final. Au football aussi, mais celui qui crie fort, qui se roule de manière spectaculaire, qui met en scène sa douleur peut, par cette réaction, influencer la décision de l’arbitre», analyse le Canado-Suisse. Un hockeyeur, au contraire, réprime la douleur, se relève sans un mot et continue.
Des exigences athlétiques plus fortes en foot
Pour un arbitre, les exigences athlétiques sont plus élevées en football, en raison des nombreuses courses sur un terrain plus vaste. Un arbitre de football ne peut diriger au niveau professionnel que deux rencontres par semaine au maximum. En hockey, trois à quatre.
Reste cette question: que peut apprendre le football du hockey? Selon Brent Reiber, le football devrait franchir le pas et passer d’un à deux arbitres principaux. Mais l'Argovien prévient que ce n’est pas si simple, la faute à l'ego:
Chez Reiber, s’habituer au fait qu’il n’était plus le seul maître de l’aire de jeu et que la responsabilité était désormais partagée lui a pris une saison.
Pour le Canado-Suisse, une bonne idée serait aussi d'explorer les «Coaches Challenges» en football, comme cela existe en hockey.
Et que peut apprendre le hockey du football? Reiber réfléchit longuement, puis répond: «Peut-être le professionnalisme athlétique sans compromis des arbitres». Malgré toutes leurs différences, au bout du compte, les deux sports visent toujours la justice.
C’est peut-être là l’affirmation la plus honnête que l’on puisse formuler sur l’arbitrage, malgré l'intégration de la technologie.
Adaptation en français: Yoann Graber
