Il voit le jour le 24 novembre 1989 à Lugano, au Tessin, de parents issus de la communauté croate de Bosnie-Herzégovine. Mario Gavranović débute le football à l’AS Vezio, avant de rejoindre rapidement le Team Ticino, puis la première équipe du FC Lugano à 17 ans. Au Cornaredo, il marque 8 buts en 24 rencontres de Challenge League. Il préfère ne pas brûler les étapes et rejoint Yverdon-Sport en 2008, avant de faire le grand saut en Super League à Neuchâtel Xamax. A la Maladière, il inscrit 10 buts en 20 matchs lors de la saison 2009-2010.
Il s’envole par la suite pour l’Allemagne et Schalke 04, où la concurrence l’empêche de se faire une place dans le onze. Il est prêté à Mayence avant de revenir en Suisse, au FC Zurich, en 2012. Mario Gavranović restera quatre ans au FCZ pour un bilan de 37 buts en 110 rencontres.
En 2016, à l’âge de 27 ans, il prend la décision de poursuivre sa carrière en Croatie, au HNK Rijeka, qu’il aide à obtenir un titre de champion en 2017. C'est le premier sacre de l’histoire du club. En 2018, il rejoint le tout puissant Dynamo Zagreb. Depuis son arrivée, Mario a inscrit 47 goals en 127 matchs, un bilan impressionnant comme celui qu'il a laissé à Rijeka: 40 buts en 80 parties.
En France, Didier Deschamps a fait de la notion de groupe son élément principal dans sa façon de gérer son équipe. Un management qui l’a conduit au sommet du football mondial en 2018, après des années difficiles entachées de problèmes internes. En 1998, Aimé Jacquet n’avait pas hésité à affirmer que les joueurs les plus difficiles et importants à gérer dans un groupe, lors d’une compétition internationale, sont les remplaçants. Il leur accordait une attention toute particulière pour les garder concernés, histoire d’éviter de faire exploser le groupe.
La Suisse est relativement épargnée par les problèmes internes depuis de nombreuses années. La gestion humaine du groupe par Vladimir Petkovic semble être la bonne, les joueurs sont derrière lui (la célébration du capitaine Granit Xhaka après la qualification face à la France en témoigne). Mario Gavranović fait partie de ces joueurs, toujours appelés, mais avec un rôle de remplaçant, de joker. Un rôle qui peut paraître ingrat et que certains joueurs refuseraient d’endosser. Pas Mario Gavranović, qui s’est toujours mis au service du collectif, se définissant lui-même comme un joueur d'équipe et répondant toujours présent lorsque la patrie a eu besoin de lui. La preuve encore ces dernières semaines.
Un vieux match amical contre le Liechtenstein pour l’équipe B, après une saison éprouvante? Mario en plante trois. On galère contre le Pays de Galles? Mario rentre dans les dernières minutes, marque, mais est signalé hors-jeu. On mène contre la Turquie? Pas de souci, Mario se contente du dernier quart d'heure en attendant son moment de gloire, quelques jours plus tard.
Casse la démarche comme Mario Mario Gavranovic pic.twitter.com/Bsf0zPLXuA
— Fédé 🇫🇷 de la Lose (@FFLose) June 29, 2021
Contre la France, il saute du banc, marque une première fois, hors-jeu à nouveau, puis égalise à la 89ème minute d’une frappe croisée magistrale, après avoir envoyé au tapis Kimpembe d’un crochet d’une propreté déconcertante. Sa réaction d’après-match au micro de la RTS est par ailleurs très représentative de ce joueur qui préfère mettre en avant la performance collective:
En plus de ce rôle de joker sur le terrain, Gavranović est un parfait polyglotte grâce à ses diverses expériences en Suisse et à l'étranger. Il parle l’italien, le français, l’allemand, l’anglais et le croate. Des langues forcément importantes dans un vestiaire comme celui de l’équipe de Suisse et qui permettent au Tessinois de communiquer avec l’ensemble de ses coéquipiers, mais également avec toute la presse du pays. De quoi encore améliorer son image et renforcer son statut de cadre et d’élément important du vestiaire de la Nati.
Mario Gavranović pourrait être décrit comme un numéro 9 à l’ancienne, à la Michael Owen. Petit, remuant, il prend les espaces, décroche et, surtout, marque beaucoup de buts: 15 en 34 sélections. Remarquable, d'autant plus que la plupart de ses sélections ne sont que des bouts de match. En comparaison, Breel Embolo a inscrit 6 buts en 44 matchs, Haris Seferovic 21 en 75 parties.
Des bilans différents pour des joueurs au profil différent. Embolo joue de sa puissance, peut prendre l’aile, alors que Seferovic est un joueur de surface qui a besoin de bons ballons pour conclure, comme il en a eu lundi soir contre la France. Symboliquement, c'est face à la Croatie que Mario Gavranović s'est montré le plus efficace lors de sa carrière en équipe nationale.
Les victimes de Mario Gavranović en sélection: