Cet athlète controversé a réussi un exploit à couper le souffle
«Quand je plonge, je me déconnecte complètement. C'est comme si je n'étais plus là», raconte Vitomir Maricic, qui a repoussé les limites humaines du possible en restant en apnée durant 29 minutes et 3 secondes, un exploit gravé au livre Guinness des records.
La scène se déroule le samedi 14 juin 2025. Voilà presque une demi-heure que le plongeur croate est immergé à l'horizontale dans une piscine. Les douleurs le traversent, les spasmes le secouent sous les regards inquiets de son médecin, de ses amis et du jury invité à homologuer l'insensé chrono. Puis Vitomir Maricic émerge enfin, après avoir réussi ce que peu de gens pensaient possible, en ayant pulvérisé de près de 5 minutes le précédent record d'apnée statique avec inhalation préalable d'oxygène pure pendant 10 minutes, permettant une saturation avant de plonger - au prix d'un effort surhumain.
Séquelles physiques
«Je me suis déjà lancé un certain nombre de défis... mais celui-ci a été l'un des plus difficiles», dit-il depuis la piscine de Rijeka, sa ville natale sur la côte croate. «J'ai eu du mal mentalement... A peu près à mi-durée, j'ai envisagé de renoncer», ajoute l'athlète-instructeur de plongée âgé de 42 ans. Il a finalement continué, jusqu'à émerger au bout d'exactement 29 minutes et 3 secondes.
Présent, son ami et pneumologue Igor Barkovic n'était pas sûr qu'il soit humainement possible de tenir si longtemps et reste impressionné par la performance et ce qu'elle dit des capacités du corps humain.
L'auteur de l'exploit n'en est pas sorti indemne sur le plan physique, avec une brève hémorragie intestinale et un énorme mal de tête. Mais l'apnéiste, déterminé comme jamais, prépare déjà son prochain défi: plonger à plus de 160 mètres de profondeur, lesté. Le record est actuellement détenu par le Russe Alexey Molchanov, descendu à 156 m. «Chaque fois que je pense avoir poussé mon corps au-delà de ses limites, une opportunité apparaît», explique-t-il.
Alexey Molchanov aux Philippines
Dans la communauté des apnéistes, Maricic est une personnalité controversée. En 2024, la CMAS - l’une des deux principales fédérations d’apnée avec l'AIDA dont il dirige la branche croate - l'a banni de toutes compétitions pendant six mois après la découverte dans sa valise de produits connus pour leurs propriétés d'amélioration des performances lors de son séjour au Vertical Blue, l’un des rassemblements les plus célèbres de la discipline aux Bahamas.
Une zone mentale «particulière»
Le Croate, qui n'a jamais été contrôlé positif lors d'un test antidopage, a nié tout acte de tricherie.
Celui qui a grandi au bord de la mer, à Rijeka, n'a pas 4 ans quand il découvre le plaisir de nager sous l'eau pendant des heures. Mais il attendra sa trentaine avant de se lancer dans la compétition. Entre-temps, il fait de la gym, de l'alpinisme, est diplômé de science informatique... et passe quelques temps dans un cirque en Nouvelle-Zélande, où une grave blessure le pousse à se remettre à la plongée et à embrasser le calme.
Les heures qu'il passe au fond de la mer ont aussi fait de lui le témoin des changements «horribles» subis par l'Adriatique de son enfance. De quoi devenir un fervent défenseur de la protection des océans.
«Si nous ne protégeons pas la biodiversité et si nous ne sensibilisons pas à ce sujet (...) nous faisons face à un avenir bien sombre, s'inquiète le plongeur devenu ambassadeur de l'ONG Sea Shepherd. Et pas dans cinquante ou cent ans, mais dans les dix prochaines années.»
