Tadej Pogacar (26 ans) effectue actuellement un camp d'entraînement dans le sud de l'Espagne. Lors d'une rencontre avec les médias, le Slovène – vainqueur en 2024 notamment du Giro, du Tour de France et des Mondiaux – a fait le point sur sa fantastique saison écoulée et parle de ses objectifs pour 2025.
Vous sortez d'une superbe année 2024. Vous portez quel regard sur ces douze derniers mois?
TADEJ POGACAR: C'était certainement ma meilleure saison, une grande année. J'ai tout simplement passé un bon moment. J'en garde de beaux souvenirs.
Pourquoi tout s'est si bien passé?
Dans le cyclisme, il faut parfois avoir la chance de son côté. Et cette année, c'était le cas pour moi. Je dois dire que je suis vraiment reconnaissant que tout se soit plus ou moins super bien passé, que j'ai pu être en bonne forme du début à la fin de chaque course. Beaucoup de petits éléments s'assemblent: l'entraînement, l'alimentation, l'environnement et le sentiment général. C'est comme ça que la saison a été tout simplement parfaite.
Après une saison aussi parfaite, quels sont vos projets pour 2025?
Mon programme n'a rien de fou. Je recommence simplement avec le Tour des Emirats arabes unis, puis quelques Classiques en Italie, quelques-unes en Belgique et ensuite la préparation pour le Tour de France.
Et puis, il y a Milan-Sanremo. C'est la course la moins prévisible du calendrier et l'une de celles où je veux toujours faire mes preuves. Je me rapproche de plus en plus de la première place. Et c'est définitivement l'un des objectifs de la saison.
Et Paris-Roubaix, c'est aussi un objectif?
Non, pas encore. Ce n'est pas vraiment mon truc. J'ai encore le temps de tenter Paris-Roubaix une autre année, mais pas déjà en 2025.
Après une si excellente année, votre but, c'est de vous améliorer encore ou d'arriver à garder le même niveau
On cherche toujours à s'améliorer. L'expérience est aussi un plus. Mais je ne me considère toujours pas comme un vieux coureur. J'ai donc encore une marge de progression.
Dans quels domaines voyez-vous une marge de progression?
Il ne s'agit que de petits détails, mais dans tous les domaines: sur le vélo, en dehors du vélo, l'entraînement, l'alimentation, le sommeil, peu importe. Nous, les humains, nous nous améliorons constamment, et pas seulement dans le sport. On essaie de s'améliorer jusqu'à la fin de sa carrière. Et quand on ne peut plus s'améliorer autant, il est peut-être temps de mettre un terme à sa carrière.
Comment vivez-vous l'après-saison? Les courses vous manquent-elles ou vous sentez-vous libéré?
J'ai passé une excellente intersaison. J'ai eu quelques obligations, mais ensuite j'ai pris des vacances avec Urska (réd: Urska Zigart, sa compagne, qui est également une cycliste slovène professionnelle). Ensuite, il y a eu d'autres obligations auxquelles je ne pouvais pas dire non. Mais je ne peux pas non plus rester tout le temps à la maison à ne rien faire. Il faut rencontrer des gens, des amis, de la famille, des sponsors.
Vous avez signé un nouveau contrat à long terme avec votre équipe, UAE Emirates, jusqu'en 2030. Ça aide à être serein sur le vélo?
Oui, quand vous signez un contrat à long terme, vous pouvez vous concentrer davantage sur le cyclisme et sur le fait d'être bon dans ce domaine. Et je me sens tout simplement très bien dans cette équipe. Je sais que tout le monde est très bon et je me suis fait de supers amis.
Les cyclistes vont de plus en plus vite, et ça augmente les risques. Selon vous, les courses sont-elles déjà trop rapides?
Tout le monde veut aller plus vite, tout le temps. Tout le monde du cyclisme évolue, comme n'importe quel autre sport. Chaque année, il y a de nouveaux records et la technologie progresse. Et oui, quand on va plus vite, le risque est peut-être aussi plus grand. Mais il y a 100 ans, il y avait déjà des accidents et des risques.
L'année dernière, vous avez fêté le doublé Giro et Tour de France. Ajouter la Vuelta et faire les trois grands tours en une seule année, c'est une option?
Je ne pense pas. Mon équipe compte 30 coureurs, alors je n'ai pas besoin de participer à toutes les courses.
Peut-être pas l'année prochaine, mais plus tard? Ça vous tenterait?
J'aimerais bien essayer, c'est vrai. Mais ce n'est pas une priorité. Cette année, j'ai découvert que je pouvais faire deux grands tours en une saison, que cela pouvait être vraiment sympa quand on est en bonne forme.
Vos longues échappées en solo donnent l'impression que le cyclisme jouit encore d'une liberté tactique. Elle est importante pour vous?
Je pense que le cyclisme est l'un des sports les plus libres lorsqu'il s'agit de tactique. Il faut aussi beaucoup improviser, car il y a tellement d'options. On peut parler pendant dix heures lors du briefing d'équipe et ne pas réussir à prévoir toutes les options. Et c'est ce qui fait du cyclisme un sport de course vraiment ouvert. J'aime vraiment cette partie du sport qui est si imprévisible.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber