Jack Grealish n'est plus un loser lorsqu'il joue pour les outsiders
Aston Villa avait cédé Jack Grealish à Manchester City contre un chèque de 117 millions d'euros, en 2021. L'ailier changeait de dimension et enfilait le tricot des Skyblues sous le joug de Pep Guardiola.
Après un premier exercice 21/22 plutôt moyen, la saison suivante l'envoie dans le onze dessiné par le coach catalan. La suite est un empilement de titres; il va activement participer au triplé (championnat, FA Cup, Ligue des Champions) et se goinfrer de gloire.
Le bonhomme confirmait la grosse somme investie sur lui et taclait les critiques qui qualifiaient son transfert de l'un des «plus gros craquages de l'histoire», selon les esprits les plus affutés de la statistique.
C'est à ce moment que le gaillard né à Birmingham allait démontrer de grandes qualités de fêtard après le titre en Ligue des champions. Des clichés qui feront le tour du web. Une dégaine has-been (un brin nineties) et son hygiène de vie à la Paul Gascoigne n'ont pas aidé à sa récupération physique. La gueule de bois a même duré et débordé sur la nouvelle saison.
Il s'était perdu, loin des accélérations furieuses en 2023/2024, et même très loin de sa forme affichée entre 2019 et 2021 sous les couleurs d'Aston Villa. L’ailier anglais avait alors éclaboussé toute l’Angleterre avec les Villains, son club formateur.
Mais ses gros mollets, aussi iconiques que le pied droit de David Beckham au Royaume-Uni, ont déchanté. Les mauvaises langues diront qu'après ce triplé, il aura mis un an à décuver. Les regards obliques et hautains vont se peser sur le joueur pour mieux le descendre.
En 2025, désormais sobre et la tête à l'endroit, l'Anglais s'est attaché les cheveux et a remis le bleu de chauffe pour lever les foules au premier crochet. Il lui fallait s'arracher de la discipline de fer instaurée par Guardiola, chez les Citizens, pour retrouver de son punch. Grealish a retrouvé la pêche sur la pelouse des Toffees. Titularisé contre Brighton, pour le deuxième match de la saison d'Everton, l'ailier a montré la voie: deux passes décisives et un succès dans la besace.
Le livreur de caviars lâchait lors de son arrivée au club: «Je voulais un nouveau départ, essayer quelque chose de nouveau». Une entame canon qui s'est ensuite prolongée, avec quatre passes décisives en trois parties jouées. Mieux, il a été élu meilleur joueur du mois d'août en Premier League.
Ce début de saison démontre une chose implaccable: Jack Grealish s'exprime mieux quand il est dans la peau du underdog, dans un club outsider. Cette sensation de (re)devenir important dans une formation compétitive en Premier League et débarrassé d'un effectif pléthorique, lui procure une réelle liberté.
Il confiait après la partie contre Brighton:
Percutant sur son flanc gauche, les derniers relents d'alcool évaporés, les supporters des Toffees lui adressent des louanges. Ça tombe bien: se sentir aimé, se sentir en confiance et apprécié est important pour Grealish.
Un discours partagé par son manager David Moyes, lui-même sous le charme du joueur:
Flanqué du numéro 18, Grealish tord le cou à ces détracteurs qui le qualifient de «Beckham de Wish». Aimé et dorloté, il se presse pour taper dans l'œil de Thomas Tuchel pour troquer le bleu contre le blanc des Three Lions qui joueront le Mondial 2026 – les rumeurs disent que Grealish a mal vécu la non-convocation de Gareth Southgate pour l'Euro 2024. A 30 ans, si l'Anglais est revanchard, une chose est sûre, il a besoin d'amour et de liberté de jeu.
