Arrivé l'été dernier après avoir quitté l'équipe de Suisse au terme d'un brillant Euro, Petkovic n'a jamais réussi à trouver la bonne formule avec une équipe profondément remaniée à l'entre-saison. Les Girondins n'ont jamais quitté le bas du classement, jusqu'à se retrouver 19es et avant-derniers après 23 journées de Championnat. Petkovic n'a remporté que quatre matches de Ligue 1, soit le plus faible ratio pour un entraîneur girondin depuis 52 ans.
Antonio Manicone, son assistant, a lui aussi été écarté par les dirigeants bordelais.
Ce lundi, l'entraînement de l'équipe professionnelle a été dirigé par le reste du staff technique, composé notamment de l'ancien capitaine bordelais Jaroslav Plasil et de Grégory Coupet, arrivé récemment comme entraîneur des gardiens. La nomination d'un nouveau technicien devrait intervenir dans les prochaines heures. Le nom de Rudi Garcia circule depuis plusieurs heures.
On jouait la 82e minute de jeu, Bordeaux était mené 5-0 par Reims lorsque les envoyés spéciaux de France Bleu Gironde ont décidé que c'en était trop. «Petkovic, stop, stop. Il n'y a rien qui se passe!» Le consultant a poursuivi: «Je ne vois pas comment il peut rester le coach de cette équipe, à moins que le licencier ne soit trop onéreux». C'est précisément toute la question: Bordeaux devrait débourser un peu moins de six millions d’euros pour se séparer de celui qui a encore deux années et demie de contrat.
Ça fait beaucoup d'argent, mais quand Yvan (le commentateur) demande à Yon (son acolyte) s'il n'y a pas d'autre solution, ce dernier insiste:
Yvan et Yon ont déjà tout prévu, puisqu'ils ont passé à la fin de match à dresser la liste des potentiels successeurs à ce coach tessinois qui, sur la touche, aurait de quoi «s'arracher sa belle chevelure cristalline» (Yvan).
Bordeaux n'a pas les finances du PSG. S'il décide de se séparer de son technicien actuel, il devra privilégier une solution interne. «Jaroslav Plasil ou Mathieu Chalmé», anticipe Yvan. «De toute façon, ça ne sera pas pire que Petkovic», grince le consultant, avant d'opter pour Plasil, entraîneur adjoint des Girondins. «Il a les compétences pour faire passer des messages forts rien que par son expérience, même s'il n'a jamais entraîné.» Une manière de souligner en creux deux compétences qui manqueraient à Vladimir Petkovic: un passé de joueur au plus haut niveau et un sens de la communication.
Yon se demande d'ailleurs ce que Petko a dit à ses hommes pour qu'ils soient aussi mauvais sur le terrain contre Reims. «Quand je vois l'investissement des joueurs dès le coup d'envoi, je me demande quel message on leur a passé dans le vestiaire. Ils ont compris que s'ils perdent ce dimanche, ils risquent de prendre aucun point en trois matchs? (ndlr: Bordeaux va ensuite à Lens et reçoit Monaco).»
Yvan est obligé de le souligner: «Les onze joueurs n'ont rien proposé dans cette débâcle». Bordeaux a même terminé la partie à dix après l'expulsion d'Ignatenko (rouge direct). Petkovic n'y est pour rien. A moins que les Girondins aient décidé de jouer contre leur entraîneur. Une hypothèse émise par Yon à l'entame du dernier quart d'heure.
Yvan n'est pas d'accord. Son collègue le relance: «C'est quand même à se poser la question. On n'y est pas depuis le début. On n'a aucune réaction. Et si c'est Petkovic qui s'est saboté, tu ne le licencies pas. Tu le mets au placard et tu mets Plasil».
L'adjoint venait de se prendre un jaune pour une manifestation d'humeur. «Quand je vois sa réaction, que c'est lui qui se prend le jaune parce qu'il est en colère. Ce n'est pas à lui de prendre le jaune. C'est à Petkovic. Ça me rend fou de voir qu'il n'y a pas de réaction.»
Ce Bordeaux sans réaction, ni de la part de son entraîneur ni de celle de ses joueurs, est 19e de Ligue 1.
On ne voit plus très bien ce qui retient Vladimir Petkovic. Le matin même, L'Equipe expliquait d'ailleurs que le coach, sauvé par la victoire contre Strasbourg deux semaines plus tôt, n'avait désormais plus d'excuse après les grandes manœuvres effectuées durant le mercato.
Dimanche après-midi, les envoyés spéciaux de France Bleu Gironde ont eu une pensée émue pour les recrues hivernales: «Ils se demandent sans doute ce qu'ils sont venus faire dans cette galère». Ils ne doivent pas être les seuls.