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«Les ultras du FC Bâle m'ont viré du stade à cause d'une photo»

Die Basler Fans in der Muttenzerkurve begruessen die Mannschaften vor dem Fussball Meisterschaftsspiel der Super League zwischen dem FC Basel 1893 und dem FC St. Gallen 1879 im Stadion St. Jakob-Park  ...
Le Français Romain Guilbault a visité tous les stades de Super League. Au Parc Saint-Jacques de Bâle, il lui est arrivé une mésaventure avec les ultras. Image: KEYSTONE

«J'ai été viré d'un stade suisse à cause d'une photo dans les WC»

Romain Guilbault, groundhopper français, a vu des matchs dans tous les stades de Super League. Surprise: selon lui, notre championnat est l'un de ceux avec la plus grosse ferveur dans les tribunes. Interview.
27.08.2022, 08:4630.08.2022, 12:30
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Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne, Turquie ou encore Serbie: autant de pays où le football est une religion, visités par Romain Guilbault. Le co-fondateur du site au-stade.fr est ce qu'on appelle dans le jargon un groundhopper: il voyage dans le but de visiter le plus de stades possible à travers le monde, souvent vers des destinations exotiques et pas franchement réputées pour le bon niveau de football. Qu'importe: ce qui compte, c'est l'ambiance.

Et justement, le Français de 31 ans, qui vit dans la région lyonnaise, a bouclé son tour des enceintes de Super League le 30 juillet, lors de Sion-Servette à Tourbillon. Il nous raconte son périple helvète.

Qu'est-ce que les stades suisses ont de particulier par rapport au reste du monde?
ROMAIN GUILBAULT: Les ultras craquent des fumigènes sans arrêt. Les amendes sont peut-être beaucoup moins chères que dans les autres pays, parce que si c'est comme en France, où la ligue rackette les clubs, ce serait tout simplement impossible! Je me suis même demandé si les fumigènes étaient légaux en Suisse, tellement il y en a.

«Une autre spécificité, ce sont les vêtements des ultras: à Zurich, YB et Bâle, qui en comptent le plus, ils portent tous les mêmes vestes et jeans. On dirait qu'ils ont passé des commandes par milliers! C'est hyper impressionnant visuellement»

Et d'où vient l'idée de visiter tous les stades suisses?
J'habite près de la Suisse, alors ça a commencé un peu par hasard avec un match à Genève. Et je suis tombé amoureux du foot suisse. Je le répète souvent: niveau ambiance, c'est le meilleur championnat accessible, où tu n'as pas besoin de prendre l'avion depuis la France.

Servette's supporters light smoke flares, during the Super League soccer match of Swiss Championship between Servette FC and FC Sion, at the Stade de Geneve stadium, in Geneva, Switzerland, Sunda ...
Le Stade de Genève, première enceinte helvétique visitée par Romain Guilbault. Image: KEYSTONE

Vraiment?
Oui. J'entends tout le monde dire qu'il ne se passe rien dans les tribunes en Suisse, que les gens sont gentils, qu'il n'y a pas de supporters, etc. Et je réponds: «Oh non, ce n'est pas du tout comme ça!»

«De tous ceux que j'ai vus en Europe, le championnat suisse est l'un des plus chauds dans les tribunes»

On a le stéréotype du derby de Zurich: les mecs travaillent dans une banque en costard-cravate le lundi matin et, le dimanche, ils sont comme des fous furieux dans les tribunes!(rires)

Comment s'explique selon vous cette ferveur chez les ultras suisses?
D'abord, on les remarque plus qu'ailleurs. Sur l'ensemble du public, le taux d'ultras est beaucoup plus élevé que dans la majorité des pays. Quand on voit Bâle ou YB en Coupe d'Europe, la moitié de leurs fans dans le stade sont des ultras. C'est très différent en Allemagne, par exemple. Les stades sont grands et souvent pleins, avec de gros kops. Mais les ultras ne sont peut-être que 5000 sur 45 000 spectateurs. Ça veut dire qu'il y a 40 000 fans lambda, qui ne mettent pas d'ambiance.

The teams walk into the stadium, prior to the UEFA Europa Conference League third qualifying round, second leg soccer match between FC Basel and Brondby IF at the St. Jakob-Park stadium in Basel, Swit ...
Le tifo des fans bâlois cette saison face à Bröndby, en Conference League. Image: KEYSTONE

Et la Suisse est un petit pays, donc les ultras se déplacent autant à l'extérieur qu'à domicile. Les parcages visiteurs sont souvent pleins.

«J'ai aussi vu quelques matchs de hockey, du coup j'ai pu me rendre compte qu'il y a, dans votre pays, une bonne culture du supportérisme»

Vous suivez les matchs au milieu des ultras?
Non, surtout pas en Suisse! A Bâle, YB ou Zurich, c'est beaucoup trop risqué. Ils sont hyper carrés, beaucoup plus qu'en France. Je l'ai fait seulement deux fois. A Bâle, j'avais choisi une place dans le kop, pour une question d'argent. Et il m'est arrivé une mésaventure...

... on vous écoute!
J'ai pris une photo d'un petit dessin au mur des WC, un petit truc insignifiant. Un ultra bâlois m'a vu et m'a bien fait comprendre qu'il fallait que je dégage. Il a voulu voir toutes mes photos sur mon appareil.

Et ils vous ont viré du stade?
Oui. Sur le coup, tu stresses un peu! Mais comme j'aime la culture ultra, j'ai même réussi à apprécier ce geste, après coup. Je me suis dit: «Ah ouais! Les mecs savent bien préserver leur territoire.»

«Donc oui, le gars m'a fait dégager de la tribune avec l'approbation de la sécurité, qui se plie à la volonté des ultras. J'étais déjà content de pouvoir ressortir avec mon appareil photo. Et je suis retourné à la boutique pour acheter une autre place, ailleurs dans le stade»

Finalement, ce match contre Zurich a été annulé à cause d'un problème d'éclairage. Mais j'ai quand même eu du spectacle, parce que les ultras ont eu une heure pour faire de la pyrotechnie. J'étais refait!

Comment choisissez-vous les matchs?
C'est un choix assez simple, parce que niveau ambiance, il y a toujours au moins deux belles affiches par journée, grâce à la moitié des clubs qui ont une grosse base de supporters: le FC Zurich, Bâle, Young Boys, Saint-Gall et GC. Je cible aussi les duels où il y a une belle rivalité, parce que les parcages sont pleins et l'ambiance chaude. Dans cette optique, je suis par exemple allé voir Saint-Gall - Lucerne, dans chacune de ces villes.

FC Zuerich Fans in der Suedkurve begruessen ihr Team zum Super League Fussballspiel zwischen dem FC Zuerich und dem FC Sion am Sonntag 29. April 2018 in Zuerich. (KEYSTONE/Patrick B. Kraemer)
Pour Romain Guilbault, le meilleur public de Suisse est celui du FC Zurich. Image: KEYSTONE

J'évite absolument Lugano, parce que cette équipe n'a pratiquement pas de supporters. Et Sion ne m'intéresse pas non plus, à moins que ce soit le derby contre Servette.

Et alors, qui sont les meilleurs fans?
Ceux du FC Zurich. Leurs parcages sont complets, tout le monde chante avec la même motivation. Il n'y a presque que des ultras. Et les chants sont hyper entraînants, j'ai l'impression que c'est de la musique. Tu as envie de taper du pied, tu es à fond dedans. D'ailleurs, le meilleur match à voir en Suisse, c'est le derby zurichois FCZ - Grasshopper.

Et le plus beau stade?
Vous n'avez pas forcément les plus beaux stades, parce que beaucoup sont aussi des centres commerciaux. (rires) Je sais que je suis un peu le seul à le penser, mais j'aime franchement bien le Letzigrund de Zurich. Je trouve les matériaux utilisés assez stylés.

«On est loin du terrain, mais c'est justement grâce à ça, à mon avis, qu'il peut y avoir une grosse ambiance, de la fumée, un peu de bordel dans les tribunes, parce que tout ça gênera moins sur la pelouse»

Dans certains stades, il faut arrêter le match dès qu'un fumigène est allumé. Le Letzigrund me fait penser à ces enceintes d'Europe de l'Est, où il y a aussi souvent un espace de fou entre le terrain et les tribunes, mais avec une ambiance de feu, comme le derby de Belgrade.

Basels Liam Millar, links, spielt um den Ball mit Winterthurs Samir Ramizi, rechts, im Fussball Meisterschaftsspiel der Super League zwischen dem FC Winterthur und dem FC Basel im Stadion Schuetzenwie ...
Le stade de la Schützenwiese à Winterthour et sa fameuse tribune latérale, en arrière-plan. Image: KEYSTONE

Et puis une petite mention spéciale à Winterthour. Tu vois que ce stade n'est pas fait pour le foot pro actuel, mais j'apprécie ce côté vétuste. Dans la tribune latérale, c'est du placement libre sans siège, un truc que je n'avais jamais vu! Ça oblige les gens à venir tôt au stade, parce que même s'ils sont abonnés, ils n'ont pas la certitude d'avoir de bonnes places.

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source: @instagram laquequetterie
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