Ils étaient trois motards suisses au départ du mythique rallye-raid – chacun concourant au Dakar pour la toute première fois. Un joli contingent, étant donné qu'il n'y avait plus eu de pilote helvétique dans la catégorie depuis la participation de Nicolas Monnin en 2022. Or l'aventure s'est déjà terminée pour deux d'entre eux: le Vaudois Yann Di Mauro et le Valaisan Alexandre Vaudan.
Le premier cité, concessionnaire Triumph à Crissier (VD), avait pour unique but de rallier l'arrivée. Après tout, il ne devait pas être aligné sur ce Dakar, sauf qu'une place s'est libérée à la dernière minute au sein de son équipe RS Moto. «Je ne pensais pas y aller cette année, mais j’ai finalement reçu la bonne nouvelle le jour de mes 40 ans. Mon objectif est de me faire plaisir et de franchir la ligne d’arrivée», soufflait-il aux organisateurs il y a encore quelques semaines, avant de mettre le cap sur le désert au guidon de sa Honda.
Mais voilà: celui qui roule sur les traces de son père, Paolo, ancien mécanicien pour la célèbre équipe Gauloises et 46e du Dakar 1989, s'est fait piéger jeudi par l’affleurement d’un bloc rocheux lors de la cinquième étape, «dans un terrain à la fois sableux et rocailleux», note son partenaire actumoto.ch. Passé par-dessus sa machine à son contact, Di Mauro s'est cassé deux métatarses en retombant, et n'avait pas d'autre choix que de quitter la course.
Cette journée galère, par ailleurs deuxième partie de l'étape marathon, Alexandre Vaudan, 4e de l'Africa Eco Race l'hiver dernier, n'y a pas goûté. Victime d'une chute la veille, après s'être écarté de la piste pour laisser passer une voiture et deux motards perdus, il a certes rejoint le bivouac, mais ne s'est pas présenté sur la ligne au petit matin.
Il faut dire que sa tête a tapé fort contre le sol, au point d'altérer sa vision. «Ça a été une décision très difficile à prendre. Continuer n’aurait pas été raisonnable pour ma sécurité», a partagé celui qui, au départ de l'épreuve, rêvait lui aussi de terminer le Dakar, conscient néanmoins du défi que cela représentait. Alexandre Vaudan, assisté par le Casteu Trophy, avait déjà rencontré des problèmes plus tôt dans la course. Lâché par sa batterie lors de l'étape 2, la «48 heures chrono», il n'avait dû son salut qu'à la rencontre fortuite d'un concurrent blessé.
Il n'y a donc plus qu'un Suisse engagé dans le désert saoudien: Dennis Mildenberger, soutenu sur place par «Nomadas Adventure», entreprise basée à Sins dans le canton d'Argovie, et spécialisée dans l'assistance aux pilotes ainsi que l'organisation de rallye-raids. Or son expérience n'est pas moins mouvementée.
Dans l'impossibilité de rallier à temps la première zone de repos durant cette fameuse étape de 48 heures, ou encore le groupe de 24 pilotes stoppé devant lui à un ravitaillement, l'homme originaire d'Allemagne, aujourd'hui établi à Lausanne, a dormi au pied de sa KTM. L'organisation précise être allée à sa rencontre pour lui remettre «une tente et un duvet».
Cependant, son important retard n'a pas eu pour unique conséquence un bivouac seul dans le désert. Mildenberger a en effet été reversé dans la catégorie «Dakar Experience», ce qui signifie qu'il peut poursuivre sa route, mais qu'il ne sera pas comptabilisé comme un «finisher» s'il parvient à terminer l'épreuve. Or à 47 ans, et alors qu'il a accompli par le passé un autre rêve personnel, celui de gravir l'Everest, l'important est sans doute ailleurs pour le motard. Car médaille ou non, venir à bout de toutes les étapes du Dakar, traumatisantes aussi bien pour les organismes que les machines, reste un accomplissement de taille.