Récemment, lorsqu'elle a été dominée par Coco Gauff en demi-finale à Madrid (6-1, 6-1), on a pu entrevoir un instant la pression à laquelle Iga Swiatek est actuellement soumise.
Pendant plusieurs minutes, elle a caché son visage derrière une serviette. Lorsqu'elle l'a retirée, il était évident qu'elle avait pleuré amèrement. Il a ensuite été révélé que son grand-père était décédé peu avant le début du tournoi.
Peut-être s'agissait-il aussi de larmes de déception, de colère, de désespoir, car la Polonaise – battue samedi à Rome dès les 16e de finale par Danielle Collins – n'arrive plus à retrouver son niveau sur le terrain. Depuis qu'elle a remporté pour la troisième fois consécutive Roland-Garros il y a un an, Iga Swiatek attend toujours une victoire en tournoi.
La crise de la lauréate de cinq titres du Grand Chelem a commencé à l'automne dernier. Le 12 septembre, elle a été informée par l'International Tennis Integrity Agency (ITIA) qu'elle avait été testée positive début août à une substance interdite, la trimétazidine. Il s'agit d'un médicament cardiaque qui améliore l'approvisionnement en oxygène des cellules musculaires.
Un choc pour l'égérie de la marque suisse de vêtements de sport On, dont Roger Federer est actionnaire depuis 2019, et qui s'était personnellement engagé pour que Swiatek, très sollicitée par les équipementiers, signe un contrat avec On il y a deux ans, sous une pression financière importante.
L'explication de l'actuelle numéro 2 mondiale pour son test antidopage positif? Une pilule de mélatonine qu'elle avait prise car elle n'arrivait pas à trouver le sommeil. Lorsque des contrôleurs sont venus frapper à sa porte le lendemain matin, elle a noté 14 substances, compléments alimentaires et médicaments qu'elle prenait régulièrement, à l'exception de la mélatonine, qui régule le rythme veille-sommeil.
La mélatonine n'est pas interdite. Mais la pilule de Swiatek était contaminée. Une explication confirmée par une analyse de laboratoire. Comme il n'y avait «pas de faute grave ni de négligence», la tenniswoman de 23 ans a été suspendue pour seulement un mois le 28 novembre, après la fin de la saison. La Polonaise avait confié avoir lutté avec «des peurs énormes». Pleine d'espoir, elle déclarait aussi:
La réalité a été bien différente. Après avoir remporté les tournois de Madrid, Rome et Paris l'an dernier, Swiatek n'a gagné que six de ses neuf matchs sur terre battue en 2025. Pas de titre, pas de finale, une aura perdue.
A la recherche de solutions, elle a mis fin à sa collaboration avec son entraîneur de longue date, Tomasz Wiktorowski, à l'automne, après trois ans de succès, et a fait appel aux services du Belge Wim Fissette. Avec Kim Clijsters, Angelique Kerber et Naomi Osaka, il a remporté six titres du Grand Chelem, avant de rester sans emploi pendant deux ans.
Bien qu'il soit considéré comme l'un des meilleurs de sa profession, il est un bouc émissaire en Pologne, accusé d'être le responsable de la chute de Swiatek sur le plan sportif. On lui reproche d'être désintéressé, distant, et de ne pas savoir comment communiquer avec la joueuse.
Le rôle de la psychologue d'Iga Swiatek, Daria Abramowicz, est également largement débattu. Depuis 2019, cette femme de 37 ans ne quitte pas la tenniswoman d'une semelle , étant présente à presque toutes les séances d'entraînement, surveillant chaque geste, contrôlant le niveau de stress de la joueuse à l'aide de dispositifs mesurant la fréquence cardiaque et l'activité cérébrale.
Même dans la gestion des moments de loisirs de Swiatek, elle intervient: elle envoie la discrète tenniswoman à la plage, au café, lui recommande des livres ou lui prépare des casse-têtes Sudoku avant les matchs.
Abramowicz, ancienne navigatrice de compétition, avait précédemment travaillé avec des athlètes dans le cyclisme, la natation et les échecs. Elle est désormais bien plus qu'une simple psychologue, à savoir accompagnatrice de voyage, amie et mentor. Avec Swiatek, elles sont ensemble 300 jours par an. La psy a décrit son rôle ainsi:
Son objectif est que sa protégée ne se sente jamais seule.
Mais dans les coulisses, de plus en plus d'observateurs parlent d'une relation de dépendance malsaine. Un entraîneur de cyclisme sur piste, avec qui Daria Abramowicz a travaillé auprès de jeunes athlètes, la décrit comme «calculatrice, froide et carriériste». Le fait qu'Abramowicz accompagne Swiatek au prochain Roland-Garros (25 mai au 8 juin) ne changera probablement rien à cette perception.
Des rumeurs ont circulé selon lesquelles la numéro 2 mondiale envisagerait de renoncer à Wimbledon et de prendre une pause, mais elle les a démenties. Après Paris, elle voyagera sans grandes attentes et avec beaucoup de poids à porter. Un poids qui réside aussi dans son environnement, peut-être trop contrôlant et trop peu soutenant.
Adaptation en français: Yoann Graber