C'est l'un des principaux problèmes des Jeux olympiques de Paris 2024: la Seine et ses taux élevés en entérocoques et Escherichia coli, rendant la baignade interdite depuis plus d'un siècle. Ces bactéries peuvent entraîner des diarrhées, des inflammations et, dans les cas les plus graves, un empoisonnement du sang. C'est dans cet eau que sont censées avoir lieu les épreuves de triathlon.
Les dernières mesures effectuées dans la Seine sont bonnes, grâce aux importants travaux réalisés ces derniers mois. Mais de fortes précipitations pourraient à nouveau contaminer le fleuve parisien. Si les valeurs limites sont dépassées, il n'y aura que deux scénarios possibles.
Comment les triathlètes suisses gèrent-ils cette situation? Max Studer vise à 28 ans une médaille olympique. «Parce que je suis bon coureur, ce ne serait pas un désavantage pour moi. Mais je crois qu’il serait dommage que le triathlon des Jeux Olympiques soit un duathlon», estime celui qui a subi une intoxication alimentaire em début d'année.
Cathia Schär (22 ans), Adrien Briffod (29 ans) et Julie Derron (27 ans) sont du même avis. «Nous sommes flexibles et préparés à tous les scénarios. En tant que professionnels, nous vivons selon la devise "L'inattendu est inévitable"», pointe de son côté l'entraîneur national Jordi Meulenberg. Cela tombe bien. Le passage du triathlon au duathlon pourrait se décider à la dernière minute. Jusqu'à une heure avant le départ des épreuves. Cela s'est produit à maintes reprises par le passé, affirme Pascal Salamin, président de Swiss Triathlon.
Pour sa part, Nicola Spirig craint surtout le relais mixte. «Si l'eau est sale, cela n'a aucun impact durant la compétition. Vous ne tomberez malade qu’après», estime la championne olympique.
Les triathlètes s'entraînent habituellement à la piscine et ne vont que rarement dans les milieux naturels. Max Studer et Julie Derron feront de même à Paris: ils ne plongeront pas dans la Seine avant les compétitions. «Il ne faudrait pas attraper quoi que ce soit à quelques jours du départ», martèlent les athlètes.
La qualité de l'eau est un thème récurrent dans le milieu du triathlon. Après une manche de Coupe du monde à Hong Kong fin mars, près de la moitié des participants sont tombés malades, raconte Julie Derron. «J'ai moi-même vomi», rappelle la Zurichoise. Sur recommandation de Swiss Triathlon, elle utilise désormais une poudre permettant de reconstituer et soutenir la flore intestinale. «J’ai l’impression que mon estomac est plus stable depuis», explique Derron.
Max Studer a lui aussi déjà eu des problèmes d'estomac et d'intestins après les compétitions. «Mais je ne suis pas en mesure de dire si cela est dû à l'épuisement, à l'eau, au voyage ou à la nourriture», tient à nuancer le Soleurois.
Cependant, ce n'est pas seulement l'eau qui inquiète, mais aussi la qualité de l'air de manière générale, quel que soit le lieu de compétition, affirme le président de Swiss Triathlon. «Si nous ne prenons pas soin de notre environnement, notre sport va mourir», lâche Pascal Salamin. C'est pourquoi il considère les discussions à l'approche des Jeux Olympiques de manière positive. Il l'affirme: «Paris sera plus propre après les compétitions». Merci le triathlon.
La ville lumière n'a pas lésiné sur les dépenses et a investi environ 1,4 milliard de francs dans un réservoir de 50'000 mètres cubes. Celui-ci est destiné à absorber les eaux de pluie afin qu'elles n'inondent plus les égouts, de manière à ce que les excréments ne soient pas rejetés dans la Seine. La baignade devrait être réautorisée à partir de 2025. Trois sites seront aménagés le long des quais.