Eliminé samedi lors du slalom d'Adelboden, Loïc Meillard était pourtant très régulier cette saison dans cette discipline si incertaine (quatre podiums, une cinquième place à Gurgl comme moins bon résultat). Il a lâché la tête du classement de la spécialité, désormais devancé par Henrik Kristoffersen et Clément Noël, mais il reste en embuscade et peut lorgner sur le petit globe en fin de saison, compte tenu de ses récentes performances.
Marco Odermatt étant aux avant-postes sur tous les autres tableaux, avec toujours une avance conséquente (sauf en super-G, où il est actuellement talonné par le Norvégien Fredrik Møller), il se pourrait que les Suisses raflent tout cet hiver, du moins chez les hommes.
Un tel quintuplé serait un exploit sans précédent pour le ski suisse masculin, surtout quand on sait que le virage court résiste historiquement aux Helvètes. Un seul coureur local a en effet décroché le classement de la spécialité: Dumeng Giovanoli, à l'occasion de la deuxième édition de la Coupe du monde, disputée en 1968.
C'est à cause de cette faiblesse face à la forêt de piquets que les Suisses n'ont jamais réussi à mettre la main sur tous les globes lors d'un même hiver – même à leur meilleur niveau. La saison 1986/1987 était certes exceptionnelle à bien des égards, Pirmin Zurbriggen ayant remporté le classement général ainsi que ceux de la descente, du super-G, du géant et du combiné. Mais c'est bien le Yougoslave Bojan Krizaj qui avait dicté sa loi en slalom, devant le Suédois Ingemar Stenmark et l'Allemand Armin Bittner.
Cet hiver-là, le petit globe du slalom était le seul à résister aux Suisses, car les femmes, elles, avaient effectivement fait une razzia, dont voici le détail.
En outre, l'équipe de Suisse avait remporté cette année-là huit des dix médailles d'or attribuées du côté de Crans-Montana.
Il est bien sûr extrêmement rare de voir une nation rafler tous les classements d'une même catégorie de sexe. Outre les Suissesses en 1986/1987, cet exploit a été réalisé à quatre reprises, deux fois par les Français et deux autres fois par les Autrichiens.
Nous saurons fin mars si nous pourrons inclure l'équipe de Suisse masculine dans cette liste. Un pronostic, peut-être? Cela n'aurait guère de sens, puisque nous franchirons à peine la mi-saison à l'occasion des épreuves de Wengen. Nous avons en revanche le droit de rêver, grâce aux bonnes formes affichées par Marco Odermatt et Loïc Meillard, à l'approche du Lauberhorn et de Kitzbühel.
L'Autriche, grande rivale de la Suisse, n'a quant à elle pas ce plaisir. Seul Vincent Kriechmayr, 10e du général de la Coupe du monde, tient encore un peu la baraque. Il faut ensuite descendre à la 29e place du classement pour voir apparaître un autre coureur de l'ÖSV: Patrick Feurstein. Ca va mal pour le ski autrichien.