En tant que président du FC Sion, Christian Constantin se présente depuis des années comme ce qu'il voit manifestement en lui: Dieu, le tout-puissant et l'infaillible. Mais il suffit de jeter un coup d'œil à la liste des entraîneurs du club valaisan pour se rendre compte que même les personnes infaillibles commettent parfois de petites erreurs.
La veille de Noël 2008, «CC» se sent obligé de tirer le frein d'urgence. Une fois de plus, un entraîneur doit partir. Mais cette fois, le coach n'est pas n'importe qui: c'est lui-même, Christian Constantin. Après avoir assuré l'intérim pendant une courte période, le président confie le poste au duo Umberto Barberis et Christian Zermatten.
Lorsque le FC Sion entame cette fameuse saison 2008/09, il le fait avec Uli Stielike comme entraîneur. L'Allemand est une sommité en tant que joueur: champion d'Europe, triple champion d'Allemagne (Mönchengladbach) et d'Espagne (Real Madrid), vainqueur de deux titres de champion suisse avec Xamax. C'est lui aussi qui, en tant que sélectionneur de la Nati, a posé les bases qui permettront à la Suisse, sous la direction de son successeur Roy Hodgson, de participer pour la première fois depuis 28 ans à une Coupe du monde de football (1994).
Mais la suite ne s'est pas passée comme prévu et lorsque Stielike s'engage en Valais, sa réputation n'est plus aussi bonne qu'autrefois. Les objectifs du FC Sion sont pourtant grands. Lors de la présentation de son nouveau coach, Constantin parle même de la Ligue des champions.
Si Stielike se retrouve en Valais, c'est surtout grâce à Marco Schällibaum. Le technicien allemand révèle qu'il a longuement discuté avec lui et que son confrère entraîneur lui a conseillé de s'engager. Pour rappel, ce même Schällibaum avait entraîné le FC Sion du 6 octobre au 21 novembre 2006.
Le 3 novembre 2008, l'engagement de Stielike en Valais prend fin plus tôt que prévu – après 13 matchs de championnat déjà. Sion s'est incliné 3-0 à Bâle et n'occupe que la 7e place du classement. Le successeur du coach allemand est tout trouvé: il s'agit de...Christian Constantin lui-même. Le président se nomme sur le banc. «Nous n'avons pris que deux points sur les quatre derniers matchs et marqué un seul but. Ce sont des résultats dont je ne peux pas être satisfait», justifie-t-il.
Quelques jours plus tard, le premier match sous «CC» a lieu - justement contre Marco Schällibaum. Avant la partie, l'entraîneur de l'AC Bellinzone annonce vouloir envoyer un signal fort. Schällibaum parle d'un affront envers tous les entraîneurs, qui doit être puni. «Constantin ne peut tout de même pas constamment ridiculiser les entraîneurs comme s'ils n'avaient aucune idée du football», tacle-t-il, en référence au prestigieux passé d'Uli Stielike.
La revanche du «Robin des Bois» de Bellinzone est réussie, puisque les Tessinois s'imposent 2-1 grâce à un penalty transformé par Mauro Lustrinelli à la 90e minute. «La satisfaction est grande, admet Schällibaum. Cette victoire en est une pour tous les entraîneurs diplômés.»
Constantin reste en place malgré la défaite et bien qu'il ne dispose pas des diplômes nécessaires. Mais sous la houlette de l'entraîneur «CC», peu de choses changent en Valais et à la fin du premier tour, Sion n'est classé qu'au 7e rang.
C'est alors que survient la veille de Noël, lorsque Constantin décide de quitter son poste d'entraîneur. Il n'a pas fait mieux, mais pas non plus pire que d'autres. Umberto Barberis et Christian Zermatten sont désignés pour le remplacer.
«Le Totomat vaut aussi pour moi», sait Barberis, qui a déjà été entraîneur sous Constantin en 1993/94 et qui a été licencié à l'époque. Rappelons que «CC» a l'habitude de dire que ce n'est pas lui qui décide du sort de ses hommes de banc, mais le tableau d'affichage.
Le deuxième mandat de Barberis à Sion est plus court : il ne dure que jusqu'au 9 avril. A cette date, «CC» tire une nouvelle fois le frein d'urgence – et se retrouve à nouveau sur la ligne de touche pour la demi-finale de la Coupe contre Lucerne. Sion gagne le match et se qualifie pour la finale. C'est Didier Tholot qui la vivra sur le banc valaisan, avec une victoire 3-2 contre les Young Boys après avoir été mené 2-0.
Finalement, 2008/09 restera dans l'histoire du FC Sion comme une saison tout à fait normale.