Depuis le confinement et les «joies» de la réclusion familiale, une rivalité glacée oppose Roger Prévost, 85 ans, à Nicolas Bodereau, 23 ans. Pas n'importe quelle rivalité de préau: les deux hommes se disputent le record du monde des abdominaux.
Après moult tentatives avortées, converties et contestées, Nicolas Bordereau, en présence de quatre huissiers assermentés, a remporté l'adhésion des juges dans la salle en quasi liesse de Nazelles-Négron, en Indre-et-Loire. Verdict après une heure:
L’objectif pour Roger et Nicolas, dépasser les 7.000 abdos en une heure 🕐 pic.twitter.com/OCETK9LaV9
— France Bleu Touraine (@FBTouraine) October 16, 2021
Pour prendre la mesure de cet exploit authentique (désormais authentifié), nous avons contacté Fabian Zavattini, ancien boxeur de niveau international, coach sportif de solide renommée (un mot: un dur). Et là, surprise:
Fabian Zavattini relève tout d'abord que les abdos susmentionnés sont des crunchs, l'équivalent du pas chassé en danse acrobatique (en gros): «Seules les omoplates quittent le sol.»
Geste minimaliste et néanmoins masochiste: l'ancien boxeur met immédiatement en garde contre toute pratique excessive. «Si tu veux savoir où ça fait mal, fixe un point au plafond en soulevant uniquement ta nuque. Après une minute, tu sauras.»
Pendant sa carrière, Zavattini alternait des séries de corde à saurer (3') et d'abdominaux (8') pour préparer son corps à l'adversité: «J'étais un boxeur stylé qui ne reculait jamais. J'étais hyper gainé, je pouvais tout encaisser.» Auprès des hockeyeurs de Forward Morges, il prescrit 300 abdos à l'échauffement. Quand il a envie de rigoler avec les potes, il s'enquille 5000 abdos en une heure, ce qui lui arrache cet aveu pénible: «Le lendemain, t'es pas bien.»
Les deux champions français du crunch, selon Fabian Zavattini, ont «forcément développé une endurance au dessus de la moyenne. Ils ont bossé, c'est sûr. Ils ont de supers trapèzes et ont renforcé les muscles profonds au niveau de la nuque».
L'expert préconise de solliciter les obliques, les croisés, et par effet de propagation, les lombaires et la nuque.
Dans les années 80, le gainage était encore l'affaire des électriciens. Il est désormais l'intérêt de tous (ou presque). «Aucun athlète au monde, quel que soit sa discipline, n'a pas des abdos solides, C'est tout aussi important pour M. Tout le monde, tellement important pour éviter le mal de dos... Le gainage, c'est l'équilibre, la stabilité, la robustesse et la souplesse. C'est tout», s'emporte Fabian Zavattini.
Un rien contemplatif (mais n'exagérons rien), Fabian Zavattini reconnaît que pour tourner à 6700 abdos/heure, «le mec de 85 ans a dû s'entraîner toute sa vie, avec, en plus, une bonne diététique, de la course et des longues marches». Même respect sincère pour son jeune successeur: «Y a du job.»
@nicosportime a passé la barre des 7.000 abdos en un peu plus de 52min 👏🏻 pic.twitter.com/vowPbHYvrw
— France Bleu Touraine (@FBTouraine) October 16, 2021
A l'heure d'abdiquer et alors que ses fans proches l'admiraient, Roger Prévost a déclaré au micro de Radio France, un rien de mauvais poil:
De son côté, Nicolas Bodereau pense que la barre des 10 000 abdos est atteignable, LA barre de chocolat. Il a remercié ses parents de l'avoir soutenu dans cette pénible épreuve, tout au long d'un confinement passé à lever les yeux au plafond.