Peng Yujiang, un parapentiste chinois, ne s’attendait sûrement pas à une telle expédition. Selon des médias chinois, il avait décollé samedi dernier dans le massif de Qilian, dans le nord-ouest de la Chine, à plus de 3 000 mètres d'altitude. Mais au lieu de planer paisiblement vers le sol, le malheureux a été aspiré par un nuage – à une vitesse de 35 km/h – et propulsé plus haut. Très haut.
Peng Yujiang a alors atteint une altitude de... 8 598 mètres. À titre de comparaison, c’est à peu près la hauteur du mont Everest (8 848 mètres) – plus haut sommet du monde – et à peine en dessous de l’altitude de croisière des avions de ligne.
À cette hauteur, l’oxygène est si rare qu’il devient difficile de respirer. Sans compter que le froid est extrême: selon les données météorologiques, la température sur la trajectoire de Yujiang se situait entre -35 et -40 degrés.
«D’arriver à une telle altitude sans acclimatation, le corps n’est vraiment pas fait pour supporter cela», prévient Bertrand Roche, spécialiste du vol en haute montagne, dans Le Parisien. L'expert dresse une liste de «très gros risques pour la santé»: gelures, notamment de la cornée; œdèmes; évanouissement ou encore mort par manque d'oxygène. «Il est miraculé, on peut le dire!», conclut Bertrand Roche, qui estime que Peng Yujiang a fait «une erreur de débutant»:
Des images vidéo, captées par une caméra fixée au parapente, rendent compte de l’épreuve traversée par Peng Yujiang: il semble par moments lutter pour rester conscient et son corps entier – non protégé par un équipement adéquat – est couvert de glace.
Finalement, Yujiang a réussi à atterrir et se mettre en sécurité. Au sol, il a déclaré:
Selon Le Parisien, le Chinois – qui n'avait pas demandé d'autorisation pour utiliser l'espace aérien ni donné son plan de vol – a réalisé un «record du monde de parapente sans oxygène». Mais il s'en serait sans doute bien passé, et ce record n'a rien de louable.
Ce vol chaotique rappelle l’expérience vécue en 2007 par la parapentiste allemande Ewa Wisnierska lors d’un entraînement en Australie: une tempête l’avait alors portée jusqu’à 9 940 mètres d’altitude. Elle avait perdu connaissance pendant plus d’une demi-heure, avant de reprendre ses esprits et d’atterrir, le visage gelé et de la glace dans sa combinaison de vol.
Par la suite, elle avait expliqué que ses chances de survie avaient frôlé le zéro. Elle s’était sentie, disait-elle, comme une astronaute en train de revenir sur Terre.
Contribution: Yoann Graber