Sport
Cyclisme

Race Across America 2023: Isa Pulver force le respect

La Bernoise Isa Pulver a pris mardi le départ de la Race Across America (5000 km) un an après avoir subi une hémorragie cérébrale. Elle témoigne de sa «deuxième vie».
Isa Pulver dans l'immensité du désert américain pour le Race Across America 2023.Image: martin kuhn

Cette Suissesse à vélo force le respect

La Bernoise Isa Pulver a pris mardi le départ de la Race Across America (5000 km) un an après avoir subi une hémorragie cérébrale. Elle témoigne de sa «deuxième vie».
15.06.2023, 11:4715.06.2023, 18:47
fabian geissberger
Plus de «Sport»

Près de 5000 kilomètres et plus de 53 000 mètres de dénivelé séparent la côte ouest de la côte est des Etats-Unis à vélo. C'est l'itinéraire de la Race Across America (RAAM), considérée comme la course cycliste la plus dure du monde.

Mardi, peu après 22 heures, heure suisse, la 41e édition de la prestigieuse épreuve a démarré sous le soleil californien. La Bernoise Isa Pulver était de la partie après quatre ans d'absence. Elle s'était imposée en 2015 et avait terminé 3e en 2019.

Isa Pulver, c'est elle👇

Image
Image: stephan roth

La simple présence au départ de la championne d'Europe, vice-championne du monde et détentrice du record du monde du format 24 heures, est un exploit. Car il y a un peu plus d'un an, cette femme de 52 ans a été victime d'une hémorragie cérébrale.

Ce jour-là, elle rentrait du travail à vélo lorsqu'elle a soudain ressenti un violent mal de tête. Grâce à l'intervention rapide de son mari et entraîneur Daniel, ainsi qu'à l'excellent suivi de ses médecins, l'hémorragie est restée sans conséquences. L'athlète a toutefois adapté sa préparation cette année et ses données sont évaluées après chaque entraînement.

Les médecins et les experts n'ont pas établi de lien entre l'hémorragie cérébrale et son activité d'ultracycliste, si bien qu'Isa est toujours une sportive de haut niveau, même si elle voit les choses différemment:

«J'ai reçu une deuxième vie en cadeau. J'apprécie davantage les choses aujourd'hui»

Sept semaines après ses graves ennuis de santé, elle était déjà de retour au départ d'une course (la Race Across Italy), sans savoir jusqu'où elle irait puisqu'elle aurait immédiatement stoppé sa progression si elle avait ressenti le moindre mal de tête. Elle s'est toutefois lancée dans l'exigeante course (754 km et 10 000m de dénivelé) avec l'esprit totalement libéré et a remporté la victoire chez les femmes avec un excellent chrono (31h16).

«Je me réjouissais simplement de pouvoir faire du vélo, parce que ça n'avait rien d'évident»

Grâce à son courage et son abnégation, la Bernoise a pu laisser son accident cérébral derrière elle et se concentrer ensuite entièrement à la course à travers l'Amérique (RAAM). Sa préparation a débuté en décembre 2022. La cycliste s'est d'abord concentrée sur le renforcement musculaire puis elle a travaillé sur le vélo jusqu'à fin mai. A peine deux semaines avant le début de la course, lancée mardi dans la ville californienne d'Oceanside, Pulver s'est rendue à Palm Springs pour s'habituer aux conditions, notamment à la chaleur.

La quinquagénaire lors d'un entraînement.
La quinquagénaire lors d'un entraînement.Image: Instagram

À Oceanside, les neuf membres de l'équipe qui la soutiennent pendant la course l'ont rejointe. Isa et sa team ont ainsi pu régler les derniers détails concernant la gestion du vélo, les déplacements des suiveurs en voiture et en camping-car ainsi que les turbo-siestes. En règle générale, les ultracyclistes ne dorment pas plus de deux heures par jour lors de la RAAM, afin de perdre le moins de temps possible.

Isa Pulver visera encore le titre cette année. Pourtant, le chemin qui l'a mené vers l'ultracyclisme n'a pas été tracé dès son plus jeune âge. Adolescente, l'Alémanique a participé à des compétitions de ski et s'est également essayée à l'athlétisme. Au milieu de la vingtaine, elle a découvert son amour pour le vélo en voyageant. Mais c'est par le biais de son travail que Pulver s'est découverte une passion pour les sports extrêmes.

Les courses de vélo extrêmes comme la RAAM ne sont pas retransmises en direct - pas au sens traditionnel du terme. Au lieu de voir des images, les fans du monde entier suivent les coureurs grâce au livetracking. Leurs points se déplacent lentement sur la carte: c'est ce qu'on appelle le «dot watching». Pour connaître l'emplacement exact de la Suissesse, dossard 529, vous pouvez suivre sa course en cliquant sur ce lien.

La Bernoise travaille comme physiothérapeute à la fondation Rossfeld à Berne, une institution pour personnes souffrant d'un handicap physique. Lorsqu'elle a commencé à prendre en charge des patients aux nombreuses limites, elle s'est demandée où étaient les siennes: «Qu'est-ce qui me permet d'atteindre mes limites? Et est-ce que je le connais, au moins?» C'est en cherchant des réponses qu'elle s'est intéressée à l'ultracyclisme, une discipline qu'elle pratique depuis dix ans maintenant.

Pulver peut compter sur de nombreux soutiens pour se dépasser pendant ses courses. Dans un groupe Whatsapp spécialement créé, ses supporters peuvent laisser des messages de motivation. Ces textes lui sont lus dans les phases difficiles et l'aident à reprendre le dessus. Pulver en redemande: «Le jour où le plaisir et la motivation disparaitront, j'arrêterai immédiatement. Mais pour l'instant, je continue à avoir ce frisson!»

0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
20 kilomètres de Lausanne: «Je cours pour démolir mes potes»
Ils sont de plus en plus nombreux, les «néos-runners», ces joyeux lurons à chausser les baskets pour mordre le pavé, le goudron, la pelouse ou le tartan depuis peu. De tout nouveaux coureurs qui s'élanceront en masse et avec entrain ce week-end, à Lausanne. Leurs motivations sont aussi bariolées qu'une paire d'Asics fluo.

Ces derniers jours, l'open space de watson a vibré d'une excitation tranquille mais constante. Entre mystérieuses livraisons de colis (tiens tiens, qui s'est commandé cette paire de semelles rose vif?), les conversations passionnées à la pause de midi, un échange de conseil derrière l'écran de son ordinateur et les soupirs exaspérés à la perspective de la météo maussade, ou du bazar logistique qui attend les utilisateurs des transports publics ce week-end. Bref, les 20 kilomètres de Lausanne sont sur presque toutes les lèvres.

L’article