Après vingt-deux journées, Lausanne pointe au dernier rang du classement avec douze petits points, dont zéro depuis la reprise fin janvier. Les Vaudois sont à trois unités du FC Lucerne, actuellement barragiste, qui a, lui, récolté quatre points depuis le retour de la Super League.
Les deux clubs vont vraisemblablement se tirer la bourre jusqu'à la fin de saison pour éviter la culbute directe en Challenge League. Le FC Sion et le FC Saint-Gall semblent déjà difficilement rejoignables, avec onze points d'avance sur le duo du fond de classement.
Alors, la grande question est simple (et redoutée par les fans du LS): le FC Lucerne est-il meilleur que le club de la Tuilière?
Le Lausanne-Sport traverse actuellement une période plus que compliquée, avec six défaites d'affilée en championnat. Il a d'ailleurs changé de coach juste après la reprise, suite à la claque 1-5 à la maison contre Saint-Gall. Exit Ilija Borenovic, bonjour Alain Casanova. Un timing discutable, qui n'apporte pour l'instant pas le déclic attendu.
Du côté de Lucerne, on a décidé de changer d'entraîneur bien avant, à la fin du premier tour. Les dirigeants lucernois se sont attachés les services d'un homme qui connaît les missions de sauvetage, à savoir l'ancien coach du FC Vaduz, Mario Frick. Le Liechtensteinois avait, la saison passée, presque réussi l'exploit de sauver son ancienne équipe de la relégation après une remarquable remontada.
Son intronisation en décembre lui donne un avantage sur le Français Casanova, néophyte dans le foot suisse, puisqu'il a pu travailler sereinement pendant la trêve et apprendre à connaître son groupe, pour mettre en place son projet.
Et depuis l'arrivée de Frick, Lucerne marque des points. Contrairement à ce qu'il se passe à Lausanne. Malgré deux défaites d'entrée, les footballeurs de Suisse centrale se sont ensuite imposés largement 5-0 à Bienne en Coupe (Lausanne a, lui, été battu à Yverdon) avant de dominer Sion (1-0), puis de récolter dimanche un précieux point sur la pelouse de Servette (1-1).
Der FCL schafft es durch den späten Ausgleich von Kvasina, doch noch einen Punkt mit nach Hause zu nehmen. #SFCFCL #FCL #nomeLozärn #seit1901fürimmer pic.twitter.com/VrVI8Na6em
— FC Luzern (@FCL_1901) February 20, 2022
Le FC Lucerne semble donc avoir réussi à briser la spirale négative dans laquelle il s'était embarqué au premier tour, pour se mettre en mode «sauvetage». A l'image du Vaduz de Frick au printemps 2021.
Un état d'esprit confirmé par le Valaisan Daniel Follonier, ancien joueur du club, toujours en contact avec certains éléments du groupe lucernois:
Au niveau des dynamiques, avantage Lucerne donc. Mais la tendance pourrait s'inverser rapidement puisque, le week-end prochain, les deux équipes s'affronteront à la Tuilière.
«Cissé, casse-toi!». La phrase qui résume, malheureusement, la situation du LS ces dernières semaines. Trois mots souvent tapés sur les réseaux sociaux et peints sur une banderole par les fans lausannois, qui témoignent de la cassure entre ceux-ci et les dirigeants. Et elle ne pourra être réparée que grâce à une série de résultats positifs. Et rapidement.
En Suisse centrale, l'ambiance est bien différente, comme nous l'ont confirmé des supporters du club. A Lucerne, les supporters sont derrière leurs dirigeants, ces derniers étant incarnés par le nouveau président du club, Stefan Wolf, intronisé en février de l'année dernière. L'ancien défenseur du FC Sion et de Servette est également une légende du club lucernois, où il a joué de 1990 à 1997, remportant le titre de champion suisse en 1992.
Stefan Wolf est Lucernois, son cœur est bleu et blanc, alors les supporters peuvent s'identifier à leur président. Il profite de son statut pour mener à bien son projet, de manière sereine. Une sérénité qui tranche avec l'atmosphère électrique de Lausanne. Ce calme se lit également dans les discours de Mario Frick, comme avant la rencontre contre Servette:
A Lucerne, le calme règne, et la confiance est de mise. Une confiance gagnée en partie grâce au charisme et au statut de Stefan Wolf, mais aussi à une gestion transparente. Des dialogues avec les supporters sont régulièrement organisés. D'autres initiatives, comme l'engagement du Lucernois Stefan Marini comme nouveau responsable du département technique et développement du club pousse les supporters à soutenir leurs dirigeants, malgré les mauvais résultats.
Côté ambiance dans les coulisses, nouvel avantage Lucerne.
Presque 9'000 spectateurs contre Sion, 11'000 contre Bâle. La «swissporarena» ne connaît pas la crise. Emmené par son kop, le public lucernois semble être resté derrière son équipe, malgré un premier tour compliqué. A titre de comparaison, ils étaient moins de 4'000 à Lausanne pour la réception de Saint-Gall.
Le @FCL_1901 cède la 10e place de #SuperLeague au #fclausannesport . Devant son incroyable public, l’équipe de Mario Frick a battu le FC Sion 1-0. #FCL pic.twitter.com/SXFOMWCI98
— DANIEL ROMANO (@Daniel_R0man0) February 13, 2022
Daniel Follonier, qui a porté la tunique lucernoise lors de la saison 2017-2018, se souvient de ce public:
Ce soutien populaire avait notamment été souligné dans la Luzerner Zeitung par le coach Mario Frick, après la victoire à Bienne en Coupe: «Au FC Lucerne, nous avons la chance d'avoir un formidable public derrière nous. C'est un élément énorme, surtout quand je vois la communion d'après-match avec nos 500 fans.» Dans l'enchaînement, et dans l'optique du match contre Sion, il avait également affirmé vouloir battre les Valaisans pour «remercier les nombreux supporters et leur fidélité».
Die FCL-Fans sind für Trainer Mario Frick ein wichtiger Faktor – mit seinem Team will er ihnen am Sonntag gegen Sion einen Sieg schenken. Hinsichtlich personeller Besetzung muss Frick sich besonders Gedanken machen.#FCL #seit1901fürimmer #nomeLozärnhttps://t.co/4brz5KSU0Y
— Luzerner Zeitung (@LuzernerZeitung) February 12, 2022
Ce soutien, allié à la confiance qui règne entre supporters et dirigeants, donne un nouvel avantage aux Lucernois. Mais là encore, les choses pourraient changer après le match de la peur dimanche à la Tuilière.
Pour terminer cette analyse des forces, un élément pourrait apporter un dernier avantage à l'un ou l'autre des clubs en question: le mercato hivernal, avec les dernières arrivées.
Le FC Lucerne s'est passablement renforcé cet hiver en rapatriant notamment Asumah Abubakar de Lugano. L'attaquant ghanéen avait brillé du côté de Kriens avant de signer au Tessin.
Mario Frick a également amené dans ses valises l'un de ses soldats, le défenseur Denis Simani, de Vaduz. Enfin, le latéral Mohamed Dräger a débarqué en prêt de Nottingham Forest. Formé à Freiburg, l'Allemand s'est déjà distingué avec deux buts, un en championnat à Lugano et un en Coupe à Bienne. Marko Kvasina est, quant à lui, arrivé de Belgique, et il a lui aussi déjà marqué, égalisant contre Servette dimanche et offrant un point à son nouveau club.
Par contre, les Lucernois se sont séparés d'Holger Badstuber. L'ancien international allemand était le symbole du premier tour raté du FC Lucerne. Un mercato plutôt réussi, donc, qui a déjà apporté quatre points et une qualif' en Coupe au club.
Lausanne s'est aussi vigoureusement agité pour tenter de se sauver. Les Vaudois ont recruté un joueur confirmé de Super League, Marvin Spielmann (Young Boys), et un jeune talent de Promotion League, Nassim Zoukit (Etoile Carouge).
Les dirigeants du LS ont activé également leur réseau en France voisine pour faire venir des éléments expérimentés comme Maxime Poundjé (29 ans) et Lamine Koné (32). Des joueurs toutefois en manque de forme, comme le Belge Adrien Trebel, arrivé d'Anderlecht.
La venue de l'Uruguayen Rodrigo Pollero est également un pari intéressant du LS. Si les supporters ne semblent pas convaincus par ces arrivées, notamment celles des joueurs en méforme, ces nouvelles recrues auront assurément à cœur de leur donner tort.
Pourtant, ces transferts semblent prometteurs. Comme ceux du FC Lucerne. A ce niveau, c'est match nul. Mais la théorie est une chose, la réalité du terrain une autre. Et c'est bien sur le pré vert que toutes ces nouvelles têtes tenteront de faire pencher la balance en faveur de leur employeur. Comme souvent en Super League, la lutte contre la relégation s'annonce passionnante.