L'homme d'affaires américain John Textor, à la tête d'une petite galaxie de clubs, vient de subir un revers majeur avec la rétrogradation de Lyon en deuxième division (L2) en raison de comptes déséquilibrés.
Accusé de fraude aux Etats-Unis, adulé comme le «sauveur» du club de Botafogo au Brésil, conspué comme le destructeur de «l'identité» de ses clubs de l'Olympique Lyonnais et de Molenbeek en Europe, Textor est un homme complexe, inclassable, qui semble avoir insufflé dans ses entreprises plus d'espoir que de confiance.
Ces deux banderoles, déployées dans le stade par le plus important groupe d'ultras de l'OL, résument leurs griefs contre l'homme d'affaire:
Pour ces ultras, l'identité historique du club sept fois champion de France d'affilée entre 2002 et 2008 n'a pas été respectée et la gestion est chaotique. Au départ, l'objectif était de revenir en Ligue des champions. Le club a pris exactement le chemin inverse, avec un effectif – et donc des résultats – indignes de cette ambition.
Certes Textor a cherché à redynamiser les finances et l'organisation du club. Il s'est séparé d'actifs non essentiel comme l’Arena de Décines ou la section féminine. Il a réduit la masse salariale des joueurs et du personnel.
Mais localement, selon la presse lyonnaise, les prestataires courent après leurs factures et leur règlement est reporté chaque fois que c’est possible...
A Molenbeek (Belgique), l'ambiance n'est pas meilleure. L'Américain a récemment débaptisé le RWDM (Racing White Daring Molenbeek) en Daring Brussels et modifié le logo du club.
Un groupe de fans, le BB85, a écrit en s'indignant:
Via Eagle Football Holdings, dont il est actionnaire majoritaire, John Textor possède Botafogo depuis 2022. Et il a ramené ce club historique du Brésil sur le devant de la scène, avec le gain d'une première Copa Libertadores, s'ajoutant au titre de champion national en 2024.
🚨🚨 Les Bad Gones ont DEPLOYÉ plusieurs BANDEROLES "TEXTOR DEHORS !" à Lyon ! 😡❤️💙
— Actu Ligue 1 (@ActuL1_) June 25, 2025
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«Aussi longtemps que cet homme existera, je le remercierai», s'extasie Francisco Correia, un supporter de Botafogo, toujours en course dans la Coupe du monde des clubs qui se déroule aux Etats-Unis.
Avant le football, John Textor avait connu des débuts mouvementés d'investisseur en capital-risque aux Etats-Unis. Après un premier joli coup dans l'internet grandissant des années 1990, le Floridien a connu pas mal d'échecs avec sa marque de snowboard Sims, sa société de réalité virtuelle Jester ou encore avec son site de vente de produits pour nourrissons (Baby Universe).
Sa chute la plus spectaculaire a été la banqueroute de Digital Domain, société productrice d'effets spéciaux (récompensée pour le vieillissement de Brad Pitt dans L'Etrange Histoire de Benjamin Button), malgré 135 millions de dollars d'argent public reçus en Floride pour monter un studio de 280 employés, fermé brutalement, et une école de cinéma, jamais lancée.
L'Etat de Floride attaquera ensuite Textor pour «fraude», l'accusant d'avoir masqué les dettes de sa société et d'avoir usé de méthodes de lobbying illégal. Un «procès politique», rétorqua l'Américain, dont le management fut finalement mis hors de cause par la justice.
Des investisseurs accusent par ailleurs Textor, qui avait lancé l'entreprise en Bourse dix mois avant la banqueroute, d'en avoir manipulé le cours et de les avoir trompés avec des comptes frauduleux.
«John est un chat, il retombe toujours sur ses pattes», se désole le créateur de Digital Domain Scott Ross, qui mène bataille depuis des années contre Textor, l'accusant sur ses réseaux sociaux de «s'y connaître en corruption».