Voilà presque onze ans que la Suisse n’a plus manqué son entrée en lice lors d’une phase de qualification. Le 8 septembre 2014, à Bâle, la Nati s’était inclinée 0-2 face à l’Angleterre. Depuis, elle a toujours su lancer ses campagnes par une victoire: 2-0 contre le Portugal (qualifs pour le Mondial 2016), 2-0 face à la Géorgie (qualifs pour l’Euro 2019), 3-1 contre la Bulgarie (qualifs pour le Mondial 2021), 5-0 face au Bélarus (qualifs pour l’Euro 2023), et désormais ce 4-0 sans appel contre le Kosovo, vendredi dernier au Parc Saint-Jacques.
La Nati réussit donc toujours son entame. Mais cette fois, le premier match valait bien plus que d’habitude. Car cette campagne qualificative pour la Coupe du monde s'apparente à un sprint: six matchs seulement, disputés en 74 jours. Dans un peu plus de deux mois, on saura déjà si la Suisse a obtenu son billet direct. Pour cela, il faudra terminer première du groupe. Le nul 2-2 entre la Slovénie et la Suède, marqué par des erreurs défensives en série, n’a fait que renforcer les chances suisses.
Contre le Kosovo, la Suisse a brillé par sa vitesse et sa volonté constante de jouer vers l’avant. Sur les ailes, Ndoye et Vargas ont sans cesse débordé leurs adversaires. Rieder et Embolo n’ont eu de cesse de prendre la profondeur. Akanji, Xhaka et Freuler, eux, ont multiplié les passes millimétrées vers l’attaque. Et à plusieurs reprises, la Nati a su attirer ses rivaux pour mieux les étouffer par un pressing intense.
La tendance est claire: la vitesse sur les côtés promet encore bien des réjouissances aux supporters suisses. En plus de Ndoye et Vargas, le remplaçant Manzambi a lui aussi confirmé ses atouts. Si la Suisse n’avait pas levé le pied après la pause vendredi, le score aurait pu grimper à sept ou huit buts. Les joueurs eux-mêmes l’ont reconnu avec lucidité après la rencontre. Un signe encourageant.
Manuel Akanji et Breel Embolo sortent d’une période agitée: tous deux ont changé de club (Akanji a quitté Manchester City pour l’Inter Milan, Embolo est passé de Monaco à Rennes), et aucun n’avait encore disputé la moindre minute officielle cette saison. Mais contre le Kosovo, cela ne s’est pas vu: Akanji a marqué un but et Embolo deux.
Réduire leur prestation à cela serait toutefois injuste. Akanji, en véritable patron, dégage une présence et une influence que nul autre défenseur de ce groupe de qualification ne peut égaler. Quant à Embolo, lorsqu’il est en pleine possession de ses moyens, il allie puissance et percussion. On le sait capable de marquer à tout moment, même si sa maîtrise technique laisse parfois à désirer.
Quand Fabian Rieder quitte les Young Boys à l’été 2023, les observateurs en sont convaincus: il fera sensation à l’étranger. Mais deux ans plus tard, il n’a toujours pas trouvé son bonheur après ses passages à Rennes puis à Stuttgart. C’est désormais à Augsbourg qu’il relance sa carrière.
En sélection, en revanche, Rieder est depuis un certain temps déjà une véritable plus-value. Durant l’Euro 2024, Murat Yakin a réellement pris goût à son jeu. Et en juin encore, malgré un temps de jeu réduit en club, l’entraîneur lui a renouvelé sa confiance. Désormais, les choses sont claires: à 23 ans, il devient de plus en plus indispensable à l’équipe nationale. Rieder commence peu à peu à s’installer dans l’ancien rôle de Shaqiri. Face au Kosovo, il a convaincu en meneur de jeu, alliant créativité et puissance physique. Il était partout sur le terrain, toujours animé par le désir d’accélérer le jeu.
L’efficacité est un sujet éternel autour de la Nati. Et puisque la campagne de qualification pour la Coupe du monde ne fait que commencer, il serait prématuré d’enterrer trop vite ce vieux problème. Reste que les feuilles de match des derniers mois ont de quoi réjouir: 4-2 contre le Mexique, 4-0 face aux États-Unis et 4-0 contre le Kosovo.
Trois fois de suite, la Suisse a donc inscrit quatre buts en un match – une première en 120 ans d’histoire. Un record qui fait du bien au moral, et que les Suisses emportent volontiers avec eux. Mais la vraie question demeure: ce lundi contre la Slovénie, la Nati saura-t-elle conserver l’efficacité démontrée en première période face au Kosovo? Réponse dans quelques heures pour cette équipe en grande confiance.